Par Dessalines Ferdinand
Dans une interview exclusive en début de semaine avec un reporter de NPR (National Public Radio) – un réseau de radiodiffusion et de service public aux États-Unis – Jimmy Chérizier, connu sous le nom de ‘Babekyou’, l’un des chefs de gang les plus puissants et dirigeant de la fédération G9, a laissé entendre que les membres de cette coalition criminelle sont prêts à affronter les forces de la mission de paix qui s’apprêtent à fouler le sol dessalinien.
Le week-end dernier, les gangs ont pris les rues de leurs quartiers pour montrer leur force. On a vu des dizaines d’hommes lourdement armés, certains portant des cagoules sous la chaleur brûlante de la capitale Port-au-Prince, avec des pistolets, des fusils d’assaut et des machettes.
Jimmy Chérizier, qui exerce un leadership incontesté sur ses troupes, a convaincu de nombreux gangs d’arrêter de se battre entre eux pour lutter contre le gouvernement. Leur alliance est connue sous le nom de ‘Viv Ansanm’.
Au cours des deux derniers mois, ils ont attaqué des installations gouvernementales, renversé l’ancien Premier ministre Ariel Henry et presque paralysé la capitale. Les Haïtiens ont été laissés à eux-mêmes.
Le Trésor américain l’a sanctionné en 2020, suivi par les Nations Unies en 2022, pour violations des droits de l’homme, notamment des massacres.
L’homme de 47 ans a rencontré le journaliste de NPR à Delmas, le quartier qu’il contrôle à Port-au-Prince, et a parlé de son passé de policier. Il est arrivé dans une Toyota Land Cruiser toute neuve et avait un garçon à ses genoux nettoyant ses sandales.
Au cours de cet entretien, il affirme que le système a fait de lui ce qu’il est, ayant appris que les politiciens utilisaient les gangs et la police pour leurs sales besognes. Il dit qu’il a eu un “éveil” et a commencé à lutter contre l’élite politique.
Concernant la violence, il soutient que les gangs se battent contre les riches, bien que le journaliste de NPR ait rapporté que les gangs extorquent plutôt les pauvres, violent des femmes et brûlent des maisons. Il n’a pas nié cela, affirmant que le gouvernement permet ces abus pour rester au pouvoir.
Barbecue a également blâmé le gouvernement américain pour la situation en Haïti, disant qu’il n’a pas laissé les Haïtiens décider de leur propre avenir. Il a critiqué le conseil de transition soutenu par les États-Unis, disant qu’il n’est pas la volonté du peuple haïtien.
Concernant l’arrivée imminente de la force multinationale dirigée par le Kenya, le puissant leader de la fédération G9 a déclaré que les gangs se préparent pour un long combat, s’attendant à beaucoup de sang versé avant que les forces internationales ne se fatiguent et partent. Interrogé sur ses chances de survie, il a dit : “Ma vie dépend de Dieu et de mes ancêtres. Si Jean-Jacques Dessalines s’était inquiété pour sa vie, Haïti ne serait pas libre aujourd’hui.”