(Le Floridien) — L’escalade du discours anti-immigration sous l’administration actuelle atteint un nouveau sommet, franchissant les frontières de l’acceptable. En témoigne l’initiative du représentant républicain Brandon Gill (Texas), qui pousse l’indécence à son paroxysme en lançant une pétition réclamant ni plus ni moins l’expulsion de sa collègue Ilhan Omar, représentante démocrate du Minnesota et citoyenne américaine depuis 2000.
Selon Gill, Omar ferait preuve d’une loyauté excessive envers les immigrants sans-papiers issus de son pays natal, la Somalie, au détriment des États-Unis. Un argument aussi fallacieux qu’alarmant, qui s’inscrit dans la lignée des attaques récurrentes de l’extrême droite contre la première femme voilée élue au Congrès.
Dans un courriel à ses partisans, accompagné d’une photo de lui aux côtés de Donald Trump, Gill n’a pas hésité à écrire : « Nous n’aurions jamais dû laisser Ilhan Omar entrer dans notre pays. Et franchement, l’Amérique s’en porterait bien mieux si elle était renvoyée en Somalie. » Une rhétorique aux relents trumpistes, qui rappelle tristement les injonctions passées de l’ancien président à l’encontre de parlementaires issues des minorités, les sommant de « retourner dans leur pays ».
L’attaque est d’autant plus virulente que Gill accuse Omar d’avoir organisé des ateliers pour aider les Somaliens sans-papiers à échapper aux agents de l’ICE, l’agence fédérale chargée de l’immigration. Une affirmation qui relève davantage de la propagande partisane que d’un fait avéré.
Face à cette surenchère, l’indignation n’a pas tardé à fuser dans les rangs démocrates. « @SpeakerJohnson, reprenez le contrôle de votre caucus avant que nous soyons contraints de prendre d’autres mesures. C’est humiliant et indigne », a dénoncé sur X (anciennement Twitter) le représentant Mark Pocan (Wisconsin).
Cette tentative de déportation symbolique, bien que juridiquement infondée, reflète une dérive inquiétante du débat politique américain. Alimentée par une politique migratoire agressive et une rhétorique populiste décomplexée, elle contribue à faire de l’exclusion un argument électoral et de la xénophobie une stratégie politique assumée. Une manœuvre indigne d’une démocratie qui, malgré ses imperfections, s’est toujours voulue terre d’accueil.