Port-au-Prince/Saint-Domingue (Le Floridien) -– Face à une insécurité galopante orchestrée par des gangs criminels, des milliers de Haïtiens, en quête de sécurité et d’un avenir plus stable, n’ont d’autre choix que l’exil. Parmi les destinations les plus prisées figure la République dominicaine, voisine immédiate d’Haïti. Pourtant, pour ces migrants, l’eldorado tant espéré se transforme bien souvent en une nouvelle épreuve. Arrivés en situation irrégulière, ils se heurtent à une politique migratoire dominicaine de plus en plus intransigeante, marquée par des contrôles renforcés et des expulsions systématiques.
Dans cette logique de fermeté, les autorités dominicaines ont intensifié leurs opérations au cours des six derniers mois, procédant à l’arrestation et à l’expulsion de 90 018 ressortissants haïtiens. Entre le 17 août 2024 et le 17 février 2025, ces interventions, menées par l’armée, illustrent un durcissement notable de la politique migratoire visant à endiguer l’afflux de migrants en provenance d’Haïti. Les contrôles aux frontières et les rafles dans plusieurs provinces dominicaines témoignent de la volonté du gouvernement de restreindre la présence des Haïtiens sur son territoire, malgré les préoccupations humanitaires soulevées par ces expulsions de masse.
Une politique répressive aux chiffres alarmants
Les arrestations ont été concentrées dans plusieurs provinces stratégiques proches de la frontière haïtienne. Les régions de Dajabón, Montecristi, Santiago Rodríguez et Valverde ont enregistré 30 587 interpellations, tandis que Azua, Elías Piña et San Juan de la Maguana comptabilisent 29 360 arrestations. Par ailleurs, plus de 23 500 migrants haïtiens ont été arrêtés dans les provinces de Barahona et Independencia.
Au-delà des expulsions massives, les autorités dominicaines ont également mis en lumière un vaste réseau de trafic de migrants. En l’espace de six mois, 275 individus, incluant des civils et des militaires, ont été référés au Parquet pour leur implication présumée dans des opérations de traite humaine. L’armée a également saisi 1 210 véhicules utilisés pour le transport clandestin de migrants haïtiens.
Une surveillance accrue des frontières
Le commandant de l’armée dominicaine, le Major Général Jorge Iván Camino Pérez, a réaffirmé la détermination des forces armées à lutter contre l’immigration irrégulière et le trafic humain. « Nous appliquons la loi avec fermeté et veillons à ce que les responsables soient traduits en justice », a-t-il déclaré, soulignant l’engagement de son institution à renforcer la sécurité aux frontières.
Ces mesures s’inscrivent dans un contexte de tensions croissantes entre Haïti et la République dominicaine, où la question migratoire alimente régulièrement des débats politiques et sociaux. Les organisations de défense des droits de l’homme dénoncent régulièrement la brutalité des expulsions et le traitement réservé aux migrants haïtiens, souvent soumis à des conditions de détention inhumaines avant leur rapatriement forcé.
Des expulsions qui s’accélèrent
Les chiffres publiés par les autorités dominicaines démontrent une augmentation significative des arrestations et des expulsions au cours des derniers mois. Ce durcissement des politiques migratoires intervient alors que la République dominicaine cherche à renforcer son contrôle sur ses frontières, notamment face à l’instabilité politique et économique persistante en Haïti, qui pousse de nombreux citoyens à fuir vers le pays voisin.
Alors que les opérations de déportation se poursuivent, la situation des migrants haïtiens en République dominicaine reste précaire. Le manque de solutions diplomatiques et la montée des tensions entre les deux pays compliquent davantage la gestion de cette crise migratoire, qui semble loin de trouver une issue favorable dans l’immédiat. Crédit photo: dominicantoday.com