Washington D.C. (Le Floridien) – L’administration Trump a récemment annoncé le démantèlement de plusieurs médias publics américains opérant à l’étranger, notamment Voice of America (VOA), Radio Free Asia, et Radio Free Europe/Radio Liberty. Cette mesure radicale a conduit à la mise en congé administratif de l’ensemble du personnel de ces institutions, affectant des centaines de journalistes et de professionnels des médias à travers le monde.
Un Coup Dur pour la Section Créole de Voice of America
La section créole de VOA, connue sous le nom de “Vwa Lamerik”, figure parmi les victimes majeures de cette restructuration. Depuis 1986, cette section jouait un rôle essentiel en diffusant des programmes en créole haïtien, assurant une couverture médiatique cruciale pour la diaspora haïtienne et les auditeurs en Haïti. Avec neuf employés à temps plein et un contractuel, cette antenne constituait une source d’information fiable et un rempart contre la désinformation dans une région en proie à l’instabilité politique et sociale.
La fermeture de “Vwa Lamerik” représente une perte significative d’emplois pour les professionnels haïtiens du journalisme et fragilise davantage l’accès à une information impartiale pour la communauté haïtienne.
La décision frappe de plein fouet des journalistes engagés dans cette mission d’information. James Pierre, résident de Floride, avait récemment rejoint la section créole de VOA, renforçant une équipe déjà profondément ancrée dans la diaspora haïtienne. Son intégration témoignait de l’engagement continu de VOA à intégrer des talents issus des communautés qu’elle servait.
Avant lui, il y a près de deux ans, Valério Saint-Louis, journaliste basé à New York, avait également rejoint “Vwa Lamerik”, consolidant une rédaction qui s’efforçait d’apporter une couverture médiatique de qualité aux auditeurs haïtiens. Désormais, ces professionnels se retrouvent face à une incertitude professionnelle majeure, leur avenir suspendu à une décision politique dont les conséquences se révèlent dévastatrices pour la liberté de la presse et la diversité des voix médiatiques internationales.
Une Justification Officielle Controversée
L’administration Trump a justifié le démantèlement de Voice of America (VOA) en affirmant vouloir protéger les contribuables américains du financement de ce qu’elle qualifie de “propagande radicale”. Un communiqué de la Maison-Blanche a précisé que cette décision s’inscrivait dans une volonté de réduire l’influence d’un média jugé “gauchiste et partisan” par certains responsables politiques et médias conservateurs. Toutefois, cette justification a été vivement critiquée, notamment par des experts et défenseurs de la liberté de la presse qui dénoncent une attaque directe contre l’indépendance journalistique.
VOA, qui reste majoritairement un service radio, a été fondé pendant la Seconde Guerre mondiale pour contrer la propagande nazie et joue depuis un rôle clé en fournissant des informations indépendantes à des millions de personnes à travers le monde. Mike Abramowitz, directeur de VOA, a dénoncé cette décision qui, selon lui, empêche l’organisation de remplir sa mission essentielle à un moment où les adversaires des États-Unis, comme l’Iran, la Chine et la Russie, investissent massivement dans la désinformation. Il a également annoncé que lui-même et la quasi-totalité des 1 300 employés de VOA avaient été placés en congé payé, laissant l’agence dans un état de paralysie totale.
Un Impact Global sur les Médias Financé par l’État
Le décret présidentiel ne vise pas seulement VOA mais s’étend également à sa maison-mère, l’US Agency for Global Media (USAGM), qui finance également Radio Free Europe et Radio Free Asia. Ces entités, créées à l’origine pour contrer le communisme, sont désormais des sources vitales d’information dans plusieurs régions où la presse indépendante est censurée. La suppression de leurs financements et le démantèlement de leurs opérations suscitent de vives inquiétudes quant à l’avenir du journalisme libre et indépendant dans les zones de conflit et sous régimes autoritaires.
Indignation et Mobilisation des Défenseurs de la Presse
La suppression de VOA a provoqué une levée de boucliers parmi les défenseurs de la liberté de la presse. Reporters sans frontières (RSF) a fermement condamné cette initiative, estimant qu’elle constitue une rupture avec le rôle historique des États-Unis en tant que promoteurs de l’accès à une information libre et indépendante. L’organisation exhorte le Congrès américain et la communauté internationale à intervenir d’urgence afin de restaurer ces services cruciaux et de préserver l’intégrité des médias financés par les États-Unis.
Une Perte Inestimable pour les Communautés Servies
Le démantèlement de VOA et de ses services affiliés entraîne des répercussions bien au-delà du paysage médiatique. Ces plateformes représentaient des outils d’information essentiels, notamment dans des régions où la liberté de la presse est constamment menacée. Leur disparition risque de créer un vide informationnel et de priver des millions d’auditeurs d’une source fiable et impartiale.
En outre, cette décision engendre des pertes d’emploi massives, notamment parmi les journalistes issus de communautés spécifiques telles que la diaspora haïtienne. La fermeture de “Vwa Lamerik” réduit non seulement la diversité des voix dans les médias internationaux, mais met également en péril la carrière de nombreux professionnels haïtiens.
De nombreux observateurs estiment que le démantèlement de VOA s’inscrit dans une dynamique préoccupante de réduction des espaces d’information indépendante à travers le monde. Dans un contexte où les fake news et la propagande politique prennent de l’ampleur, cette mesure pourrait affaiblir encore davantage l’accès à une presse crédible et plurielle.