Salaires exorbitants, cartes de débit, résidences de luxe et primes en cascade : les dépenses du CPT scandalisent une population livrée à la misère.
MAIMI (Le Floridien) — Alors que la nation haïtienne vit l’une des périodes les plus sombres de son histoire moderne, écrasée par la violence des gangs, la faim, et l’effondrement des services publics, ses dirigeants de transition semblent vivre dans une opulence indécente. C’est ce que révèle un rapport explosif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), publié le 25 avril 2025, qui accuse le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) d’avoir dilapidé plus d’un milliard de gourdes des fonds publics en une seule année.
Un train de vie extravagant sur le dos du peuple
Le document du RNDDH détaille avec une précision glaçante la manière dont les membres du CPT auraient organisé leur propre enrichissement systématique, dans un pays où plus de 60 % de la population vit sous le seuil de la pauvreté, et où des familles entières fuient quotidiennement les exactions armées dans la capitale Port-au-Prince.
Chaque membre du Conseil coûterait à l’État haïtien en moyenne 10 millions de gourdes par mois, entre salaires, primes et avantages divers. Parmi les montants révélés :
– 4,5 millions de gourdes pour des “frais d’intelligence” — sans justification claire
– 2,5 millions déposés sur une carte de débit personnelle
– 925 000 gourdes pour la nourriture, sans compter 75 000 gourdes supplémentaires pour “remplir le réfrigérateur”
– 500 000 gourdes pour une carte téléphonique, et 300 000 gourdes pour le carburant
– Une prime mensuelle de 400 000 gourdes pour une deuxième résidence,
– Et même 500 000 gourdes pour le ou la conjointe.
À cela s’ajoute une dotation de 3,5 millions de gourdes par mois pour couvrir les petits-déjeuners et déjeuners des membres du CPT.
Des millions pour les fêtes, le chaos pour le peuple
Les excès ne s’arrêtent pas là. À l’occasion des fêtes pascales et d’autres célébrations, chaque conseiller aurait reçu entre 3 et 5 millions de gourdes supplémentaires. Sur douze mois, ces dépenses culmineraient à plus de 1,122 milliard de gourdes.
Ce train de vie fastueux contraste cruellement avec la réalité quotidienne des Haïtiens, livrés à eux-mêmes face à une insécurité endémique, un système de santé à l’agonie, des écoles fermées, et une inflation galopante. Pendant que le peuple meurt dans l’indifférence, ce que le RNDDH décrit comme une “gouvernance de prédation” se consolide au sommet de l’État.
Une gifle à la souffrance nationale
Le RNDDH dénonce un système où l’avidité des dirigeants a remplacé toute volonté de réforme ou de justice. Les promesses de transition, de rétablissement de la sécurité et d’organisation d’élections semblent désormais réduites à de simples slogans, sacrifiés sur l’autel des privilèges personnels.
« Les membres du CPT se sont accordés des avantages dignes de chefs d’État dans un pays en ruines. Ils n’ont pas seulement échoué — ils ont trahi. »
Cette accusation, lourde de conséquences, soulève une question fondamentale : jusqu’où les Haïtiens accepteront-ils d’être pillés au nom d’une transition qui, un an plus tard, n’a rien de démocratique ?
Vers un appel à la reddition de comptes populaire ?
Si les faits rapportés par le RNDDH sont avérés, alors les membres du CPT ne méritent pas seulement d’être blâmés — ils doivent rendre des comptes devant la nation. Dans un pays qui cherche désespérément à reconstruire l’État de droit, une telle gouvernance ne peut rester impunie.
Car pendant que les gangs prennent le contrôle de quartiers entiers, que les enfants n’ont plus accès à l’école et que les familles vivent sans électricité, le CPT s’accroche à ses privilèges avec une insouciance révoltante.
Loin d’être un organe de sortie de crise, le Conseil Présidentiel de Transition apparaît désormais, aux yeux de nombreux observateurs, comme un club fermé de privilégiés, déconnecté des réalités du peuple, et peu préoccupé par le sort de ceux qu’il prétend représenter.
Ce que révèle ce rapport, c’est bien plus qu’un scandale comptable : c’est un effondrement moral du leadership haïtien, qui ne pourra être surmonté sans vérité, justice, et une réponse populaire à la hauteur du mépris subi.