Boston, Massachussetts (Le Floridien) – Jean-Max Choute, connu de toute une génération sous le nom de Frédéric, vient de tirer sa révérence. Le plus jeune membre du célèbre quatuor comique de la série culte « Lavi nan Bouk » est décédé à l’âge de 74 ans après avoir lutté pendant plusieurs années contre la maladie de Parkinson. Avec son personnage Tilèzanj, fils de Papa Pyè, il avait conquis le cœur du public haïtien par son humour tendre, sa fraîcheur, et sa capacité à faire rire en incarnant le quotidien du milieu rural avec une authenticité désarmante.
Sa disparition marque la fin d’un chapitre mémorable du théâtre télévisé haïtien. Le quatuor magique composé de Papa Pyè, Gracié, Boss Macèl et Frédéric a marqué au fer rouge l’imaginaire collectif des années 1980. Aujourd’hui, les quatre étoiles de cette constellation théâtrale se sont toutes éteintes.
Ils l’avaient précédé dans le grand voyage
Déjà en 2015, la communauté haïtienne avait été secouée par la mort de Jacques Edmond, alias Gracié, décédé tragiquement en Floride à l’âge de 70 ans après avoir été heurté par une voiture. Figure incontournable de « Lavi nan Bouk », Gracié restera dans les mémoires comme un comédien d’exception dont le rire résonnait dans toutes les couches de la société haïtienne.
Puis en 2017, c’est Jean-Claude Joseph, alias Papa Pyè, qui tirait sa révérence. Fondateur de la troupe Papa Pyè et créateur de séries emblématiques telles que « Les aventures de Papa Pyè », « Cric-Crac » et bien sûr « Lavi nan Bouk », il avait poursuivi sa carrière aux États-Unis, décrochant des rôles dans plusieurs films, dont Fly People et Djab Baba. Son décès avait été rapporté par les médias haïtiens comme une perte immense pour le théâtre et la culture populaire.
Hommages bien mérités pour une génération d’artistes
Heureusement, avant leur départ, ces pionniers avaient été honorés pour leur contribution. En 2014, lors de la 4e édition des Haïti Movie Awards à Boston, la Motion Picture Association of Haiti (MPAH) leur avait décerné un prix d’excellence pour l’ensemble de leur carrière. Le gouverneur du Massachusetts d’alors, Deval L. Patrick, leur avait également remis un certificat officiel en hommage à leur influence indélébile sur la culture haïtienne.
Une époque révolue, une mémoire éternelle
Avec le départ de Frédéric, une nouvelle page se tourne dans l’histoire du théâtre télévisé haïtien. Ce décès rappelle que les figures marquantes de « Lavi nan Bouk » nous quittent peu à peu, emportant avec elles une époque d’or du petit écran haïtien. Si l’on ne peut confirmer la situation actuelle de Bòs Macèl, interprété par Saurel Charles, il demeure l’un des derniers piliers encore silencieusement présents de cette génération d’acteurs inoubliables. « Lavi nan Bouk » n’était pas qu’un divertissement : c’était un miroir de la société, un mélange d’humour, de satire et de vérité, servi par des artistes profondément ancrés dans le vécu du peuple haïtien.
Jean-Max Choute nous laisse son rire, sa grâce, son authenticité. Son souvenir vivra à travers les rediffusions, les archives, mais surtout dans le cœur des Haïtiens qui, enfants ou adultes, ont grandi avec Lavi nan Bouk.
Reposez en paix, Frédéric. Vous êtes monté rejoindre vos compagnons de scène. Le rideau tombe, mais votre lumière reste.
