Saint-Domingue, République dominicaine (Le Floridien) — Le décès tragique de Catherine Marie Najri Nadal, survenu le 8 avril 2025 lors de l’effondrement partiel du plafond de la célèbre discothèque Jet Set, a déclenché une bataille judiciaire majeure entre sa famille et les propriétaires de l’établissement. Ce drame soulève des interrogations fondamentales sur les obligations de sécurité auxquelles sont tenus les exploitants de lieux publics.
La mère de la victime, Cynthia Mercedes Nadal Porro, a engagé des actions judiciaires au civil et au pénal. Elle réclame 300 millions de pesos dominicains en réparation des dommages, ainsi que le remboursement des frais judiciaires, des intérêts légaux et des honoraires professionnels.
La plainte pénale désigne plusieurs personnes physiques et morales : Antonio Espaillat López, Ana Grecia López, Maribel Espaillat de Beras, Evelyn Espaillat de Aybar, ainsi que la société Inversiones E y L, S.R.L., propriétaire du Jet Set. Ils sont accusés d’homicide involontaire, de complicité et d’autres délits liés à une prétendue négligence dans l’entretien et la surveillance des infrastructures de la discothèque.
Les plaignants demandent également que les mis en cause soient placés en détention préventive, invoquant des risques de fuite, de destruction de preuves et des menaces présumées contre l’intégrité physique de Mme Nadal Porro.
La dimension publique de l’affaire est renforcée par la notoriété de la famille Nadal Najri, propriétaire de Delta Comercial, distributeur officiel des marques Toyota et Lexus en République dominicaine. Cette tragédie, mêlant drame humain et enjeux de responsabilité civile, suscite une vive émotion dans l’opinion.
Antonio Espaillat se défend : “Aucune alerte préalable”
Face à la pression médiatique, Antonio Espaillat, propriétaire principal du Jet Set, a fermement nié avoir été informé d’un quelconque risque structurel avant la tragédie.
Lors d’une interview télévisée accordée à la journaliste Edith Febles, il a affirmé qu’aucune évaluation technique, inspection officielle ou expertise indépendante n’avait signalé de danger concernant la toiture du bâtiment, pourtant ancien — un ancien cinéma, El Portal, transformé en discothèque.
« Je n’ai jamais vu le plafond ; je ne voyais que les faux plafonds », a-t-il expliqué. Selon lui, ces éléments décoratifs, sujets à l’humidité en raison de fuites de climatisation et de canalisations obstruées, auraient parfois cédé, incidents qui étaient traités par des réparations localisées sans vérification structurelle approfondie.
Le soir du drame, Antonio Espaillat était absent des lieux. C’est sa sœur, présente dans la discothèque et légèrement blessée, qui l’a informé de l’accident.
« Je suis le premier à vouloir savoir ce qui s’est réellement passé », a-t-il déclaré avec insistance, soulignant son engagement personnel et familial à faire toute la lumière sur cette tragédie.
Un procès emblématique pour la sécurité et la responsabilité
Au-delà du cas particulier du Jet Set, cette affaire pose des questions cruciales sur la responsabilité des exploitants d’établissements publics, en particulier lorsqu’il s’agit de bâtiments anciens reconvertis. Elle ouvre également le débat sur l’efficacité des contrôles de sécurité en République dominicaine.
L’issue de cette procédure judiciaire pourrait non seulement rendre justice à la famille Nadal Najri, mais aussi fixer des précédents importants en matière de normes de sécurité et d’obligations légales pour les établissements recevant du public.
Alors que la confiance du public envers les institutions de régulation reste fragile, la tragédie du Jet Set rappelle que les conséquences de la négligence peuvent se mesurer non seulement en pertes financières, mais surtout en vies humaines.
