Le Floridien – Miami, FL —Mia Love, figure politique pionnière et fille d’immigrants haïtiens, est décédée dimanche à l’âge de 49 ans à son domicile de Saratoga Springs, dans l’Utah. Première femme noire républicaine élue à la Chambre des représentants des États-Unis, et première personnalité d’origine haïtienne à siéger au Congrès américain, elle laisse derrière elle une carrière marquée par le courage, l’intégrité et un engagement indéfectible envers le service public. Véritable voix indépendante au sein du Parti républicain, elle s’était notamment illustrée par ses désaccords assumés avec l’ancien président Donald Trump, affirmant sa volonté de rester fidèle à ses principes plutôt qu’aux injonctions partisanes.
Sa famille a annoncé la nouvelle via un message publié sur le compte X (anciennement Twitter) de l’ancienne élue : « C’est le cœur plein de gratitude pour l’influence profonde de Mia sur nos vies que nous vous informons qu’elle est décédée paisiblement », ont-ils déclaré. L’ancienne représentante avait récemment suivi un traitement expérimental pour un cancer du cerveau à l’hôpital universitaire Duke, en Caroline du Nord.
Née Ludmya Bourdeau, Mia Love était la fille de réfugiés haïtiens venus s’installer aux États-Unis à la recherche de stabilité et d’un avenir meilleur. Elle s’était fait remarquer en 2014 en devenant la première femme noire du Parti républicain à siéger au Congrès américain, représentant le 4e district de l’Utah. Son élection avait été saluée comme une avancée historique au sein d’un parti souvent critiqué pour son manque de diversité.
Son parcours en politique débute en 2003 lorsqu’elle est élue au conseil municipal de Saratoga Springs, avant d’en devenir la maire. Ce profil atypique, alliant conservatisme fiscal, attachement à la famille, et enracinement dans la communauté haïtienne, lui avait valu un respect transversal, même au-delà des lignes partisanes.
Une voix critique au sein de son propre camp
Si Mia Love a défendu plusieurs des principes traditionnels du Parti républicain, elle ne s’est pas pour autant alignée aveuglément avec sa direction. Lors du premier mandat de Donald Trump, elle s’est distinguée par des prises de position critiques, notamment après les élections de mi-mandat de 2018, où elle a perdu son siège.
Dans un discours mémorable à l’époque, elle avait dénoncé ce qu’elle percevait comme un manque de respect de la part de Trump envers les communautés minoritaires. « Le président Trump et moi avons des différends importants sur le style et le respect des institutions démocratiques », avait-elle déclaré, ajoutant que son indépendance n’avait pas toujours été appréciée au sein de son parti.
Trump, de son côté, n’avait pas hésité à critiquer Mia Love après sa défaite électorale, affirmant qu’elle n’avait pas suffisamment soutenu sa campagne, ce à quoi elle avait répliqué avec fermeté, soulignant les dangers de la politique fondée sur la loyauté aveugle plutôt que sur les principes.
Une perte pour la communauté haïtienne et la politique américaine
Mia Love incarnait une voix rare et puissante dans le paysage politique américain : une femme noire, conservatrice, d’origine haïtienne, qui n’hésitait pas à remettre en question son propre parti. Elle laisse derrière elle une famille, une carrière politique marquante et un héritage qui dépasse les clivages.
Le gouverneur de l’Utah, Spencer Cox, lui a rendu hommage, la décrivant comme « une véritable amie » et saluant « son legs de service qui a inspiré tous ceux qui l’ont connue ».
Dans une époque où les tensions politiques et identitaires sont plus vives que jamais, Mia Love aura été, jusqu’à la fin, un symbole de complexité, de courage, et de fidélité à ses valeurs. Son décès est une perte immense non seulement pour la communauté haïtienne, mais pour toute l’Amérique.
