Les célébrations de fin d’année approchent à grandes enjambées et les préparatifs vont bon train depuis un bon moment déjà au sein des familles haïtiennes de Floride. Nous espérons tous pouvoir passer un Noël convivial et chaleureux entourés des êtres que nous aimons. Si beaucoup apprécient de donner et de recevoir des cadeaux, tout le monde n’a pas pour autant les moyens pour le faire. L’esprit de Noël, c’est aussi synonyme de partage, de pardon et d’amour. Aider son prochain est un devoir religieux, mais également sociétal. Comme on dit la bible, «Rendez justice au faible et à l’orphelin, faites droit au malheureux et au pauvre» (psaumes 82 : 3).
C’est donc l’occasion ou jamais de montrer notre solidarité avec nos proches et nos amis dans le besoin qui sont restés au pays. Nous savons tous que nos frères et sœurs en Haïti vivent des périodes difficiles avec des crises politiques et humanitaires à répétition. Nous avons les moyens, pour ne pas dire le devoir de leur offrir un cadeau qui se prolongera bien au-delà de Noël et qui donnera espoir et opportunités aux plus démunis. Avec des offrandes pratiques comme des chaussures, des vêtements, des jouets pour les petits, vous pourrez également égayer le quotidien de nombreuses personnes.
La vie aux États-Unis n’est pas aussi facile que nos compatriotes au pays pourraient le penser. Mais cela ne nous empêche pas de nous montrer généreux avec eux. Ceux qui n’ont plus de proches en Haïti peuvent toujours passer par des organisations caritatives locales, reconnues par leur sérieux et leur investissement total dans la philanthropie afin d’aider les personnes dans le besoin. Quel que soit le montant déboursé, c’est avant tout le geste qui compte. Disposer de moyens faibles n’empêche pas de célébrer Noël dans la joie et la dignité. Celui qui reçoit saura qu’on ne l’a pas oublié, et celui qui donne aura la satisfaction d’avoir accompli une bonne action.
L’année 2018 ne fut pas de tout repos pour les citoyens haïtiens, marquée notamment par les émeutes qui ont secoué le pays en juillet dernier après une augmentation inopinée du prix du carburant. Depuis, la situation reste particulièrement instable. Tout le monde est sur le qui-vive, et la moindre mesure impopulaire émanant du gouvernement peut avoir des répercussions que personne ne peut prédire. Nos compatriotes en Haïti doivent en plus de cela faire face à un quotidien ardu. Les familles qui ont du mal à boucler les fins de mois sont légion, puisque 60% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté avec moins de 2,41$ par jour. Autant dire que les imprévus comme les maladies ou les accidents sont vécus par certains comme une condamnation à mort. Cela à cause de l’état des hôpitaux qui laisse à désirer avec un système de soins plus que passif. Mais comment ne pas tomber malade lorsque la situation sanitaire est elle-même désastreuse et que les autorités ont toutes les peines du monde pour y remédier ? Le choléra par exemple continue de sévir, même si le nombre de cas a été nettement réduit.
C’est pourquoi à travers notre soutien, nous envoyons également un message fort au gouvernement pour lui signifier que son incompétence n’a pas entamé la solidarité des Haïtiens, qu’ils soient dans le pays ou en dehors. L’entraide doit plus que jamais devenir une constante dans nos vies. Elle seule permettra de solidifier la cohésion sociale et de maintenir un certain équilibre entre les différentes couches de la population. Nous aimerions nous attendre à une année 2019 meilleure que l’année 2018, mais les projections de croissance communiquées par les institutions financières internationales ne laissent pas beaucoup de place à l’optimisme. Déjà sur la période 2017-2018, les experts ont établi une croissance de 1.6%, ce qui est peu pour pouvoir espérer une quelconque amélioration. Avec les nombreux défis auxquels doit faire face l’État haïtien, on ne voit pas comment ce dernier peut encore trouver les ressources nécessaires pour mener à bien ses projets.
Même si le père Noël n’a plus la côte auprès d’une population résignée, cela ne veut pas dire forcément qu’on doit l’enterrer et cesser d’y croire. Le fait que nous vivions dans une société privilégiée nous fait sentir encore plus l’injustice et les conditions difficiles dans lesquelles évoluent nos compatriotes en Haïti. Il est temps que nous sortions de notre zone de confort et que nous prenions conscience de nos devoirs et de nos responsabilités. Tout le monde n’a pas la chance d’avoir de l’eau courante potable qui coule juste en ouvrant le robinet. Tout le monde n’a pas l’avantage d’avoir un frigo toujours bien garni. Tout le monde n’a pas les moyens de vêtir ses enfants ou de les nourrir à leur faim.
En apportant votre soutien matériel à une sœur ou à un frère haïtien, vous faites plus que simplement l’aider. Vous lui remontez également le moral et lui redonnez le sourire. Après tout, n’est-ce pas là l’essence même de la fête de la nativité ?
D. Ferdinand/LE FLORIDIEN
