Pont-Sondé, Haïti, 27 mars 2025 (Le Floridien) — La Mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS), dirigée par le Kenya et déployée en Haïti depuis juin 2024, a été frappée une nouvelle fois par la tragédie. Un deuxième officier kényan a perdu la vie le mardi 25 mars dans la localité de Pont-Sondé, département de l’Artibonite, après avoir été pris dans une embuscade tendue par des groupes armés lourdement équipés.
La victime, identifiée comme Bénédict Kabiru, avait été portée disparue après que deux véhicules blindés de type MRAP (Mine-Resistant Ambush Protected) ont été attaqués lors d’une mission de récupération. Selon un communiqué officiel de la MSS, les forces étaient mobilisées pour dégager un véhicule de la Police nationale d’Haïti (PNH) immobilisé dans un fossé, probablement creusé intentionnellement par des gangs locaux. Lors de cette opération, l’un des véhicules s’est embourbé, tandis que l’autre a subi une panne mécanique. C’est dans ce contexte de vulnérabilité opérationnelle que les agents ont été surpris par une attaque.
Une opération conjointe de recherche et de sauvetage, menée par les éléments de la MSS et de la PNH, a permis de retrouver l’officier, mais ce dernier était déjà décédé.
Dans une déclaration solennelle, le Conseil présidentiel de transition d’Haïti a salué la mémoire de l’agent kényan :
« Ce vaillant policier, engagé aux côtés des forces haïtiennes pour combattre l’insécurité, a fait le sacrifice ultime pour un avenir meilleur dans notre pays. Son courage et son engagement ne seront jamais oubliés. »
Ce décès porte à deux le nombre de policiers kényans tués en Haïti en l’espace de moins d’un mois, tous deux dans la région de l’Artibonite, devenue ces derniers mois un théâtre d’expansion territoriale des gangs armés. Cette tendance inquiétante reflète la complexité croissante du terrain dans lequel évolue la mission internationale.
La capitale, Port-au-Prince, reste largement paralysée, avec plus de 80 % de son territoire sous contrôle de gangs criminels. Face à l’intensification de la répression policière et l’arrivée de troupes étrangères, ces groupes ont élargi leur emprise vers les régions rurales, dont l’Artibonite, zone stratégique pour la production agricole nationale.
L’embuscade de Pont-Sondé s’inscrit dans un contexte de violence extrême. En octobre dernier, au moins 70 civils, dont des femmes et des enfants, ont été massacrés dans cette même localité par le gang Gran Grif, soulignant la brutalité du contrôle territorial exercé par les groupes criminels.
La persistance de la violence en Haïti a généré une crise humanitaire sans précédent. Lors d’un point de presse à New York, le porte-parole des Nations unies, Stéphane Dujarric, a indiqué que près de 23 000 personnes avaient été déplacées en une seule semaine au mois de mars. À l’échelle nationale, 5,5 millions d’Haïtiens, soit près de la moitié de la population, souffrent actuellement d’insécurité alimentaire aiguë — l’un des taux les plus élevés recensés dans le monde.
