Washington DC (Le Floridien) — Quelques instants après l’investiture du président Donald Trump ce lundi 20 janvier 2025, l’administration républicaine a immédiatement mis en application l’une de ses premières décisions en matière d’immigration : la désactivation de l’application mobile CBP One.
Déployée sous l’ère Biden, cette plateforme permettait aux migrants de planifier des rendez-vous pour le traitement de leurs demandes d’asile aux points d’entrée des États-Unis. Sa fermeture brutale a plongé des milliers de demandeurs d’asile, notamment haïtiens, dans l’incertitude et l’angoisse.
Un changement de cap radical
La suppression de CBP One s’inscrit dans la ligne directrice de la nouvelle administration, qui affiche sa volonté de renforcer la sécurité aux frontières et de restreindre l’immigration, qu’elle soit légale ou illégale.
Dans son discours inaugural, Donald Trump a réaffirmé sa promesse de campagne : « mettre fin à toute immigration clandestine » et restaurer une politique migratoire « ferme et sans compromis ». À peine installé officiellement en tant que 47ᵉ président des États-Unis, le nouveau locataire de la Maison-Blanche a signé plusieurs décrets en ce sens, incluant la déclaration d’une urgence nationale à la frontière sud, la reprise de la construction du mur frontalier et le rétablissement de la politique controversée “Remain in Mexico”, contraignant les demandeurs d’asile à attendre au Mexique pendant le traitement de leur dossier.
Des conséquences immédiates et dramatiques
La fermeture soudaine de CBP One a provoqué une onde de choc parmi les migrants en attente d’une procédure légale d’entrée sur le territoire américain.
Selon des témoignages recueillis aux postes-frontières, nombre de ceux qui avaient déjà sécurisé des rendez-vous via l’application ont appris avec stupeur leur annulation. À Tijuana, Reynosa et Matamoros, où se concentrent les demandeurs d’asile, la tension est montée d’un cran.
Des scènes poignantes ont été rapportées : des familles en détresse, des mères en larmes et des enfants livrés à une précarité accrue. Beaucoup avaient attendu des mois dans des conditions extrêmes, comptant sur CBP One comme leur unique espoir d’entrée légale.
Un impact majeur sur les migrants haïtiens
Bien qu’il soit difficile d’évaluer précisément le nombre de migrants haïtiens directement touchés, les données du Bureau des douanes et de la protection des frontières (CBP) indiquent que depuis la mise en place de l’application en janvier 2023, plus de 188 500 personnes ont pu obtenir un rendez-vous, les Haïtiens comptant parmi les nationalités les plus représentées.
L’exode haïtien vers les États-Unis s’est accéléré ces dernières années, motivé par l’insécurité, la crise politique et l’effondrement économique du pays. En 2023, des milliers d’Haïtiens ont fui vers le Mexique en espérant bénéficier des canaux migratoires légaux offerts par CBP One.
Une décision dénoncée par les défenseurs des migrants
L’annonce de la fermeture de CBP One a suscité un tollé parmi les organisations humanitaires et les défenseurs des droits des migrants.
Selon plusieurs experts, la décision risque d’encourager les tentatives d’entrée irrégulières et d’accroître la vulnérabilité des migrants, les exposant à des réseaux de passeurs, à la traite humaine et à des conditions de vie insoutenables aux frontières.
« Cette décision ne fait que compliquer une situation déjà critique. CBP One permettait d’assurer un minimum d’organisation dans la gestion des demandes d’asile. Son retrait soudain plonge des milliers de familles dans le chaos », s’indigne un avocat spécialisé en immigration.
Alors que l’administration Trump poursuit la mise en place de sa nouvelle doctrine migratoire, les migrants haïtiens et d’autres communautés vulnérables se retrouvent une fois de plus en première ligne d’une bataille politique qui, pour eux, se joue au prix de leur avenir et parfois de leur vie.
