Le 10 avril 2025, le Sénat français a adopté une résolution à la fois symbolique et déterminée, affirmant sa solidarité avec le peuple haïtien et appelant à un renforcement des efforts pour sortir le pays de l’impasse sécuritaire. Confronté à un climat d’incertitude et de violence extrême, Haïti voit sa situation se détériorer de jour en jour. Portée par le groupe d’amitié France-Caraïbes et cosignée par l’ensemble des groupes politiques de la Haute assemblée, la résolution soutient toute initiative visant à restaurer de toute urgence la sécurité dans le pays.
La séance s’est tenue en présence de plusieurs représentants de l’ambassade d’Haïti en France, dont la participation a souligné l’importance de cette initiative aux yeux des autorités haïtiennes. Dans un message publié sur les réseaux sociaux, l’ambassade d’Haïti à Paris a exprimé sa satisfaction d’avoir assisté à cette séance du Sénat français, salué l’adoption de la résolution et félicité la sénatrice Hélène Conway-Mouret pour son engagement constant en faveur de la solidarité franco-haïtienne.

Pour Hélène Conway-Mouret, présidente du groupe d’amitié, ce vote exprime clairement que « le Parlement et donc la France n’oublient pas Haïti, pays frère, meurtri et épuisé mais digne et résilient. » Ce message de solidarité survient dans un contexte particulièrement sombre pour Haïti : en 2024, plus de 5 600 personnes ont été tuées, et des milliers d’autres blessées ou enlevées par des gangs lourdement armés qui contrôlent aujourd’hui une large partie du territoire, notamment dans la capitale Port-au-Prince.
La sénatrice a appelé le gouvernement français à rester mobilisé, malgré le désengagement progressif des États-Unis, et à soutenir activement le projet du secrétaire général des Nations Unies visant à sécuriser le financement de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MSS), censée aider les forces haïtiennes à reprendre le contrôle du pays. Ce soutien logistique et politique est d’autant plus crucial que la mission internationale, pilotée par le Kenya, peine à se déployer efficacement face à la complexité du terrain et aux manques de moyens.
Micheline Jacques, vice-présidente du groupe d’amitié et déléguée aux relations avec les collectivités d’outre-mer, a quant à elle rappelé que la solidarité avec Haïti ne relève pas seulement d’un devoir moral, mais aussi d’un impératif sécuritaire : « Sans un sursaut international, c’est toute la région Caraïbe, y compris les territoires français d’outre-mer, qui se retrouverait menacée. »
Un appel à l’action face à une crise prolongée
Cette résolution sénatoriale survient à un moment où les institutions haïtiennes demeurent paralysées. Le pays reste sans gouvernement élu, tandis que les initiatives de transition politique peinent à avancer. Le chaos imposé par les gangs, amplifié par la faiblesse de l’État et l’exode massif de la population, continue de plonger les Haïtiens dans une spirale de violences quotidiennes d’une ampleur inédite.
En prenant clairement position, le Sénat français donne un signal fort, tout en soulignant l’urgence d’une réponse coordonnée à l’échelle internationale. Mais au-delà des mots, c’est désormais de moyens concrets, de solidarité financière, technique et politique, dont Haïti a désespérément besoin pour sortir du cauchemar dans lequel elle est plongée depuis trop longtemps.