NORTH MIAMI BEACH — L’ON s’y attendait. C’était une première édition de “Haitian Cultural MusicFest” vouée à l’échec en terme de popularité. Le coup d’essai de ce nouvel événement culturel haïtien à North Miami Beach a connu une très faible affluence du public, en dépit du beau temps qui y régnait la journée du samedi 5 novembre 2011. Très peu de personnes étaient présentes à l’ouverture de ces festi-vités.
Ce coup d’essai qui a attiré moins de 300 spectateurs, n’est pas un coup de maître, disons-le carrément. Le manque de nouveautés, la quasi absence depuis un certain temps des formations racines sur la scène musicale haïtienne en Floride, et les rumeurs incessantes qui faisaient croire bien avant que plusieurs formations compas affichées n’allaient pas être au rendez-vous, ont eu, il faut le dire, quelque effet.
Il est évident que certains groupes prévus dans le lineup et qui n’ont pu être présents ont forcé les spectateurs à ne pas se rendre au Gwen Margolis Park. Nu Look, comme à sa mauvaise habitude, était aux abonnés absents, en dépit de l’assurance donnée par son ” manager de doublure” Adolph Chancy (aka Dòf) présent à la table de la conférence tenue la veille le vendredi 4 novembre à Randy’s Lounge, North Miami. L’équipe enmenée par le maestro Arly Larivière – celui qui vraisemblablement a toujours le dernier mot concernant les affiches à honorer – avait préféré de mettre le cap sur New York pour aller animer la soirée d’anniversaire des dix ans du groupe Carimi. Un ènième “double booking” qui laisse apparaître clairement que Dòf Chancy n’a pas tous les pouvoirs de décision et son pouvoir de décision nécessite le plus souvent l’appui du maestro Larivière. Une nouvelle situation susceptible de ternir davantage la réputation de ce groupe qui vient de refaire surface sur la scène compas après une longue descente aux enfers, suite à la sortie de son nouvel album titré Confirmation.
À en croire le principal organisateur Watson, mieux connu sous le sobriquet de Bambòch, (du nom du restaurant dont il est le propriétaire à Miramar), l’absence de T-Vice est dûe à un manque de sérieux de la part d’un de ses collaborateurs immédiats, un certain “Bato” qui n’aurait pas versé la totalité de la somme de $2,000 (représentant le dépôt de garantie) au manager de ce groupe, qu’on lui aurait confié. Au dernier moment, avions-nous appris, le management de T-Vice avait réclamé l’intégralité de la balance dûe avant d’autoriser les musiciens du groupe à se rendre au Gwen Margolis Park. Comme un bateau à voiles, le nommé “Bato” avait disparu de l’horizon, abandonnant le parc depuis 5 heures de l’aprés-midi.
Mis à part ces deux groupes, les autres artistes et formations musicales affichés pour cette première édition ont tenu leur promesse face à ce maigre public. Si la maîtresse de cérémonie Georgy Metellus (ancienne princesse du défunt groupe ZIN) n’était pas tout à fait à la hauteur de sa tâche, par contre le blagueur impénitent André Aubry, alias Aubry Blague, a tout fait pour organiser la représentation du festival. L’animateur de l’émission ” Radio Compas ” sur la fréquence 1320 AM, a sû détendre l’atmosphère à grands coups de tentatives de blagues.
Pour ouvrir le festival, le groupe “Rara Rock” a livré une prestation à la dimension de son expérience scénique. Composée de cinq musiciens, dont un jeune batteur (14 ans) et un jeune bassiste (12 ans), mélageant roots et rock, cette formation enmenée par le guitariste Patrick Dorce, a laissé le large podium après une trentaine de minutes de prestation avec le sentiment d’un devoir accompli sous les applaudissements des spectateurs.
S’ensuit un show du chanteur ” Tchenchenn”, ainsi connu dans le milieu, présenté par le MC Aubry Blague comme un haitiano-chinois. Cet invité de dernière minute a plutôt joué à la comédie en tentant de faire revivre certains gestes obscénes de l’ancien chanteur controversé du “konpa dirèk” Sweet Micky, de son vrai nom Michel Joseph Martelly, devenu récemment Président d’Haïti.
Vient ensuite la formation racine CHANDEL qui est nettement passée à côté. Le chanteur principal Mario Morose, l’unique figure emblématique du groupe, a tenté (quasi vainement) de chauffer le public. Ce pour dire que ce groupe qui avait marqué dans le temps le carnaval haïtien à Port-au-Prince n’était pas au rendez-vous. Prestation râtée pour Mario Morose et ses musiciens invités qui n’ont pas arrivé à convaincre. Un duo de jeunes rappeurs a ensuite pris la relève pour apporter une petite animation dans le parc clairsemé à la grande satisfaction de quelques jeunes haitiano-américains présents à l’événement.
Bonne note pour le groupe Boukan Guinen du chanteur Eddy François qui a procuré beaucoup de joie aux festivaliers. Pour bon nombre de spectateurs, ce groupe a bel et bien été la révélation de la soirée. Plus actif dans les communautés étrangères que sur les scènes haïtiennes, Boukan Guinen a bel et bien animé l’assistance souvent plongée dans l’ambiance euphorique de sa musique.
C’est ensuite Koudjay qui fait le show. Cette formation n’est pas non plus passée inaperçue. Entouré de ses deux sœurs choristes, le Sanba Kessy, de son vrai nom Lubin Jean Samuel, a fait vribrer le parc avc sa palette vocale. Les anciennes meringues à succès bourrées de slogans faciles à retenir de ce groupe ont fait les délices du public.
C’est au groupe Disip de Gazman Couleur qu’il revient de clôturer l’ambiance musicale de la soirée. Difficile d’évaluer la prestation de cette formation. Le chanteur principal Gazman a, à la surprise de plus d’un, invité les quelques dizaines de festivaliers encore présents peu avant 10 heures dans le parc à rejoindre les musiciens sur le podium pour faire la fête. Pendant une dizaine de minutes, une bonne partie du public invité s’est mêlée avec les musiciens pour s’amuser et s’en donner à cœur joie.
Devons-nous noter que l’esprit du festival n’a pas été respecté. Si le MC Aubry Blague, les chanteurs Mario Morse, Kessy et Eddy François ont rappelé au passage que cette première édition est un hommage au disparu Lenord Fortune dit Azor, cependant aucun geste(acte) sérieux de la part des organisateurs n’a été remarqué au cours du déroulement de ce festival pour valoriser et perpétuer au mieux la mémoire de l’illustre défunt.
Cet échec tout à fait prévisible ne doit pas appeller à la tenue d’une seconde édition, à moins que le principal responsable souhaite redéfinir l’organisation de cet événement en plein air, et surtout se faire accompagner par des gens plus crédibles dans cette communauté de mafioso.
Dessalines Ferdinand
Mis à jour le 6 novembre 2011