Par Dessalines Ferdinand
Le monde de l’Entertainment haïtien est en deuil après la disparition de Jean-Ralph Delly, icône de la radiodiffusion et pilier du journalisme culturel. Cet homme passionné, dont la carrière a profondément marqué plusieurs générations, s’est éteint dans la soirée du mercredi 2 octobre dans un hôpital de Brooklyn, à New York, à l’âge de 61 ans. Son départ laisse un vide immense et un héritage inestimable dans le paysage médiatique haïtien.
Né pour les ondes, Ralph Delly a fait ses premiers pas dans le milieu radiophonique à l’âge de 14 ans à Radio Port-au-Prince, où il a côtoyé des personnalités de renom telles que feu MasterJ. Ce début précoce a ouvert la voie à une carrière impressionnante, jalonnée de passages dans des stations majeures telles que Radio Métropole en Haïti, Radio Soley à New York et Radio Carnivale à Miami. Doté d’une voix captivante et d’un sens aiguisé de l’analyse, il a rapidement su s’imposer comme un pilier du paysage médiatique haïtien, où son influence n’a cessé de croître.
Parallèlement à son travail radiophonique, Ralph Delly a largement contribué au journalisme culturel à travers des collaborations avec des publications de renom comme Boyo Magazine, Pyramide Magazine et Haitian Times. Ses analyses éclairées et ses reportages ont enrichi la couverture de la culture haïtienne, tant sur l’île qu’au sein de sa diaspora, consolidant sa réputation de fin connaisseur et défenseur de l’identité haïtienne. Mais son engagement ne s’arrêtait pas à la plume. Acteur clé dans l’industrie musicale, il a joué un rôle déterminant dans la gestion d’artistes et de groupes majeurs de la scène haïtienne, parmi lesquels Zin, Lakol, Phantoms, Zenglen, Sokute, Jam, See Well et 509. En véritable promoteur de la musique haïtienne, il a contribué à leur rayonnement, ajoutant une dimension supplémentaire à son impressionnant parcours.
Il est important de mentionner que Ralph Delly était également une voix emblématique en tant qu’annonceur de spots publicitaires pour des soirées dansantes et autres événements culturels majeurs. Parmi ceux-ci, il a particulièrement marqué les premières années du Haitian Compas Festival, en contribuant à promouvoir cet événement incontournable de la scène musicale haïtienne. Sa voix résonnait au-delà des ondes, attirant les foules et ajoutant une touche de prestige à ces rendez-vous culturels de grande envergure.
Ralph Delly s’est également distingué à la télévision, notamment grâce à sa collaboration avec Télé Image à New York, où il a poursuivi son engagement à promouvoir la culture haïtienne dans le paysage télévisuel. Ses nombreuses contributions au journalisme et à la gestion artistique ont fait de lui une icône respectée dans plusieurs sphères de la culture haïtienne. Toutefois, son parcours n’a pas été exempt de controverses. Sa voix forte et ses prises de position parfois tranchées ont suscité de vives réactions, allant même jusqu’à provoquer l’animosité de certains artistes et fans. Ses critiques, loin de passer inaperçues, ont parfois conduit à des tentatives d’agression à son encontre, illustrant l’impact de son franc-parler dans le milieu artistique.
Le parcours de Jean-Ralph Delly a basculé en 2002 lorsqu’il a été frappé par une méningite, une maladie qui lui a coûté une grande partie de son ouïe, le rendant presque sourd. Malgré cette épreuve accablante, Delly a mené un combat acharné contre cette maladie durant plus de deux décennies. Son calvaire s’est aggravé en mai dernier à Prospect Park, Brooklyn, New York, lorsqu’il a été violemment heurté par un conducteur de scooter, aggravant une situation déjà difficile. Gravement blessé à la tête et victime d’une fracture du pied, il a dû subir une opération chirurgicale complexe avant d’être plongé dans le coma pendant près de trois mois. À son réveil, bien qu’animé par une volonté farouche de se rétablir, il a été contraint de rejoindre un centre de réhabilitation pour entamer une thérapie intensive, un passage obligé sur le long chemin de la guérison. Le conducteur du scooter, quant à lui, a pris la fuite après l’arrivée de l’ambulance, sans attendre les autorités qui n’ont, à ce jour, toujours pas retrouvé sa trace, malgré les efforts du FBI.
Le Journaliste culturel a été de nouveau hospitalisé pour des complications liées à sa condition, et cette fois-ci, le combat était trop lourd. Il s’est éteint, laissant derrière lui un vide immense dans l’univers du divertissement haïtien. Sa contribution au rayonnement de la culture haïtienne, à travers ses nombreuses plateformes, continuera de résonner auprès des générations futures. Sa disparition est une perte inestimable non seulement pour le monde artistique et médiatique haïtien, mais aussi pour toute une communauté qui l’a vu évoluer et qu’il a servie avec passion.
Jean-Ralph Delly laisse dans le deuil ses deux enfants adultes, Melkichar et Arielle Delly. Il est également survécu par son ex-épouse Guyline Mesidor; ses frères : Carlo Delly, Frantz Delly, Patrick Delly; sa sœur Rose Allaine Doremy et son beau-frère Rickter Mesadieu.
La veillée funèbre en hommage au journaliste culturel se tiendra le vendredi 18 octobre, de 17h à 21h, à la chapelle de McManus Funeral Home, située au 4601 Avenue N, Brooklyn, NY 11234. Les obsèques auront lieu le lendemain, samedi 19 octobre, à l’église Our Lady of Miracles, à Brooklyn.
Ralph Delly restera à jamais gravé dans la mémoire collective comme un défenseur infatigable de la culture haïtienne, un homme de conviction dont l’impact sur le monde médiatique et artistique ne saurait être oublié.
Que son âme repose en paix.