La bataille de Vertières, le jour où les haïtiens mirent en déroute les français

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Le 18 novembre prochain, les Haïtiens vont célébrer un anniversaire particulier, celui qui a permis à nos glorieux ancêtres de se libérer du colonisateur français, alors que celui-ci était supérieur sur le plan militaire et économique. En effet, sous le commandement de Jean Jacques Dessalines, les troupes haïtiennes allaient participer à la mère de toutes les batailles : la bataille de Vertières. En 1803, le grand Napoléon était décidé à reprendre le contrôle de cette île rebelle qui ne voulait pas se soumettre à ses ordres. Sauf que les Haïtiens avaient un autre plan pour l’Empereur français et n’allaient pas tarder à le lui faire savoir.

Les balbutiements d’un nouvel État indépendant

Si les Haïtiens connaissent généralement bien l’histoire de leur pays, ce n’est malheureusement pas toujours le cas chez les jeunes d’aujourd’hui. C’est encore plus vrai pour les Haïtiens de la diaspora faisant partie de la génération milléniale et qui ne savent que des bribes de l’histoire de leurs ancêtres. Et pourtant, celle-ci ne devrait pas être oubliée, car c’est grâce au combat et au courage de nos aïeux que nous pouvons jouir de notre liberté en 2021.

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Faisons donc un petit retour en arrière, et plus précisément en 1791. S’inspirant de la Révolution française, Toussaint Louverture se retrouve à la tête d’une rébellion d’esclaves bien décidés à éjecter l’occupant français pour reprendre le contrôle de leur destinée. Bien sûr, le pouvoir français ne l’entend pas de cette oreille et envoie aussitôt des troupes pour mater la nouvelle révolte. Entre temps, l’abolition est entérinée en métropole ainsi que dans toutes les colonies françaises. Mais cela ne change rien à la volonté des Haïtiens de recouvrir totalement leur indépendance et gérer leur destin comme ils l’entendent. Dans cette quête de liberté, Louverture ne tardera pas à être capturé et expédié en France où il mourut le 7 avril 1803 en captivité, probablement à la suite d’une tuberculose foudroyante. Le malheureux a dû subir le froid d’un hiver particulièrement rude cette année-là, en plus des multiples humiliations dont il fut victime durant son incarcération.

Et c’est à ce moment-là qu’entre en scène Jean-Jacques Dessalines, un général qui va en faire voir aux Français des vertes et des pas mûres. Déjà que les troupes de Napoléon vont avoir beaucoup de mal à gérer le climat local, avec pas moins de 50 000 soldats décimés par la fièvre jaune, les ‘survivants’ allaient se retrouver face à des troupes aguerries, motivées et admirablement bien gérées par le trio que sont Dessalines, Pétion et Christophe.

La Bataille de Vertières, le jour où Dessalines avait rendez-vous avec l’Histoire

Si Louverture mourut en martyr dans les geôles de la métropole, de l’autre côté de l’Atlantique, ses frères d’armes étaient décidés à ce que son combat ne soit pas vain. Le général Dessalines, qui avait déjà vaincu les troupes françaises à de multiples reprises, cherchait cette fois-ci à leur porter le coup de grâce. La nuit du 17 au 18 novembre, Dessalines organise donc une attaque éclaire contre les troupes françaises. Et cette fois, il ne laisse rien au hasard. En nombre déjà, le général haïtien mobilise pas moins de 27 000 combattants, contre 2000 soldats français. Les colonisateurs sont moins nombreux certes, mais beaucoup mieux équipés. Ils représentent donc un danger potentiel qu’il ne faut surtout pas négliger. D’où l’extrême prudence de Dessalines qui n’est pas du genre à sous-estimer l’adversaire, quel qu’il soit. Et le déroulement de la bataille allait lui donner raison.

Le 18 novembre donc, les troupes haïtiennes placent le Fort de Vertières dans leur viseur en l’encerclant. Le Fort de Vertières est une sorte de citadelle défensive construite sur une colline qui surplombe Cap-français, ville qui prendra plus tard le nom de Cap-haïtien. La première attaque est menée par François Capois, alias Capois-la-mort. Ce dernier est connu et respecté par tous pour son courage hors norme. Et il va le montrer une fois de plus lors de cette bataille. En effet, pendant la première tentative d’incursion, ses hommes sont en grande partie massacrés par les canons français qui font de gros dégâts. Capois survit, et retourne chercher de nouveaux renforts pour lancer une deuxième, puis une troisième et une quatrième attaque, montant ainsi sa combativité et sa hardiesse.

D’ailleurs, en plein combat, le cheval de Capois fut gravement touché par des projectiles. Ne pouvant plus continuer, il finit par tomber avec son célèbre cavalier. Capois, à terre, se relève, brandit son épée et crie à ses troupes ‘’En avant! En avant!’’. Une légende est née!

Première république noire moderne au monde

L’exploit héroïque de Capois force l’admiration des soldats haïtiens qui y voient un exemple à suivre. Et pas seulement. Même les Français sont subjugués par la bravoure et la combativité de Capois. De sorte que le général français Rochambeau chargé de défendre le Fort de Vertrières envoie un messager pour exprimer tout son respect et son émerveillement devant le courage affiché par Capois. Il va même jusqu’à le surnommer ‘l’Achille noir’.

Entre-temps, le cerveau de la bataille, Dessalines, continue à accroître de manière progressive la pression sur les Français. Il ne tarde pas à envoyer un nouveau renfort dirigé par les généraux Gabart, Clerveaux et Daut pour donner le coup de grâce aux colons. Le soir même, 60% des combattants français sont mis hors d’état de nuire. Les 40% restants sont fatigués, démoralisés et sentent bien que la fin est proche.

Au lever du jour, les Français ne peuvent que constater les dégâts. Ils décident alors de rendre les armes pour éviter que l’ensemble du bataillon ne soit décimé. Un messager est alors envoyé pour négocier la reddition. Mieux, un cheval est offert à Capois pour le dédommager, mais surtout pour montrer toute l’admiration et le respect dont il jouit auprès des militaires français qui ont été subjugués par son courage hors-norme.

Grands seigneurs, les Haïtiens ne vont pas s’acharner sur les Français, et ce malgré toute la cruauté et le mal que ces derniers leur ont fait subir durant des décennies. Dessalines accordera ainsi un délai de 10 jours aux troupes françaises pour ramasser leurs affaires et déguerpir. Le 1er janvier 1804, soit un peu plus de 40 jours après le dénouement de cette célèbre bataille, Haïti proclamait son indépendance, devenant par la même occasion la première république noire au monde.

Dessalines Ferdinand / Le Flordien
15 novembre 2021

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