Washington (Le Floridien) – La Cour suprême des États-Unis a confirmé, vendredi 17 janvier 2025, à l’unanimité une loi imposant à TikTok de se séparer de sa société mère chinoise, ByteDance, avant le 19 janvier sous peine d’interdiction sur le sol américain. Cette décision, qui marque un tournant majeur dans la bataille entre Washington et Pékin sur le contrôle des données numériques, repose sur des considérations de sécurité nationale.
Les autorités américaines redoutent que le gouvernement chinois puisse exploiter TikTok pour collecter des données sensibles sur des millions d’utilisateurs ou manipuler les contenus diffusés sur la plateforme. La validation de cette législation par la plus haute juridiction du pays intervient alors que ByteDance se trouve à quelques heures de la date butoir imposée par le Congrès pour céder sa filiale.
Face à cette menace d’interdiction, TikTok a immédiatement riposté en saisissant la justice, dénonçant une atteinte à la liberté d’expression garantie par le Premier Amendement. L’entreprise, qui revendique quelque 170 millions d’utilisateurs aux États-Unis, estime que cette mesure pénalise injustement une plateforme devenue un pilier du paysage numérique américain.
Si la Cour suprême a tranché, l’application effective de cette interdiction demeure incertaine. Le président sortant Joe Biden, qui a soutenu la loi, a choisi de ne pas en précipiter la mise en œuvre, laissant ainsi la responsabilité de son exécution à son successeur. Le président élu Donald Trump, qui prendra ses fonctions le 20 janvier, n’a pas encore clarifié sa position. Bien qu’il ait mené une croisade contre TikTok lors de son premier mandat, l’ancien président semble désormais plus hésitant quant à une interdiction totale de l’application.
L’avenir de TikTok aux États-Unis repose désormais entre les mains de la nouvelle administration, qui devra trancher entre la fermeté affichée par le Congrès et les conséquences économiques et politiques d’un bannissement du réseau social.
TikTok possède une audience plus large en dehors des États-Unis — l’application compte entre 1,2 milliard et 1,8 milliard d’utilisateurs mensuels dans le monde, avec l’Indonésie et le Brésil parmi ses plus grands marchés — mais ses utilisateurs américains sont les plus précieux, selon les analystes.
Que se passe-t-il le 19 janvier ?
Un avocat représentant TikTok a déclaré aux juges de la Cour suprême la semaine dernière que l’application “s’assombrira” (go dark) le 19 janvier si la loi n’est pas annulée.
Ce que cela signifie concrètement reste encore incertain. Toutefois, la législation interdit aux magasins d’applications exploités par Apple, Google et d’autres plateformes de proposer TikTok à partir de dimanche. Les services d’hébergement Internet seront également interdits d’héberger l’application.
Les utilisateurs qui ont déjà TikTok installé sur leur téléphone devraient pouvoir continuer à y accéder. Cependant, l’application disparaîtra des magasins Apple et Google, empêchant ainsi les nouveaux utilisateurs de la télécharger.
Cela signifie que TikTok ne pourra plus envoyer de mises à jour, de correctifs de sécurité et de corrections de bugs à ses utilisateurs, ce qui dégradera progressivement la qualité de l’application et entraînera probablement des problèmes de sécurité. À terme, l’application deviendra inutilisable.
À l’instar de l’application, David Choffnes, directeur exécutif du Cybersecurity and Privacy Institute à l’Université Northeastern de Boston, affirme que le site web de TikTok devrait continuer à fonctionner même après l’entrée en vigueur de l’interdiction.
La loi interdirait aux fournisseurs d’hébergement internet basés aux États-Unis d’héberger la plateforme, explique Choffnes, mais des entreprises pourraient théoriquement utiliser des serveurs situés en dehors du pays. Cela entraînerait probablement un ralentissement du chargement du contenu sur la plateforme, dégradant ainsi les performances de l’application et du site web de TikTok, ajoute-t-il.