Washington, D.C. (Le Floridien) — Un revers majeur pour la communauté haïtienne aux États-Unis. Ce jeudi 20 février 2025, la Secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, a annoncé une diminution de la durée du Statut de Protection Temporaire (TPS) pour les Haïtiens, ramenant celle-ci de 18 à 12 mois. Cette mesure annule l’extension accordée par l’administration Biden en juillet 2024, qui devait garantir cette protection jusqu’en février 2026. Désormais, près de 520 000 Haïtiens risquent de perdre leur statut légal dès le 3 août 2025, les exposant à un risque accru d’expulsion.
Pourtant, en juillet 2024, l’ancien Secrétaire à la Sécurité intérieure, Alejandro N. Mayorkas, avait prolongé et redésigné Haïti pour le TPS pour une durée de 18 mois, couvrant ainsi la période du 4 août 2024 au 3 février 2026. Cette décision visait à offrir une protection aux ressortissants haïtiens, compte tenu de la crise humanitaire persistante dans leur pays.
Bien que cette annonce ait été publiée de manière non officielle sur le site de l’U.S. Citizenship and Immigration Services (USCIS) ce jeudi 20 février 2025, elle ne deviendra officielle que le 24 février 2025. Cette distinction signifie que les bénéficiaires du TPS et les organisations de défense des migrants devront attendre son entrée en vigueur formelle avant d’entreprendre toute action ou démarche juridique.
Cette réduction du TPS constitue un net revirement par rapport à la politique migratoire adoptée sous Biden et marque un retour aux restrictions sévères imposées sous l’ère Trump. Dès son premier mandat, Donald Trump avait tenté de supprimer le TPS pour plusieurs pays, dont Haïti, arguant que la situation dans ces nations ne justifiait plus une protection spéciale. Toutefois, cette initiative avait été bloquée par les tribunaux, permettant aux bénéficiaires de conserver leur statut jusqu’à l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche en 2021.
Un porte-parole du Département de la Sécurité intérieure (DHS) a justifié cette décision en affirmant que Biden et Mayorkas avaient “tenté de lier les mains” de Trump avec une extension jugée “excessive et non nécessaire”. Cette position reflète la ligne dure de l’administration Trump, qui cherche à réduire les protections migratoires et restreindre les dispositifs humanitaires.
Des conséquences désastreuses pour la communauté haïtienne
La décision de réduire la durée du TPS plonge des centaines de milliers d’Haïtiens dans l’incertitude et menace leur stabilité économique et sociale. Parmi les principales répercussions :
520 000 Haïtiens risquent de perdre leur statut et de faire face à l’expulsion dès août 2025, une situation qui pourrait provoquer des séparations familiales et des drames humains.
Un impact économique majeur : les bénéficiaires du TPS occupent des emplois clés dans la santé, la construction et l’hôtellerie. La suppression de leur statut pourrait fragiliser ces secteurs et entraîner des pénuries de main-d’œuvre.
Un retour en Haïti impossible : le pays est en proie à une crise sécuritaire et politique sans précédent. L’ONU et plusieurs ONG alertent sur la violence des gangs, l’effondrement des institutions et l’insécurité alimentaire croissante, rendant tout renvoi forcé inhumain et irresponsable.
Vers une nouvelle bataille judiciaire ?
La réduction de l’extension du TPS pour Haïti pourrait faire l’objet de recours en justice, comme ce fut le cas sous le premier mandat de Trump.
Des organisations de défense des droits des immigrés, telles que Haitian Bridge Alliance et American Immigration Council, ont déjà dénoncé cette décision et appelé à une mobilisation immédiate pour protéger les bénéficiaires du TPS.
Lors de son premier mandat, Trump avait déjà tenté d’éliminer le TPS, mais une bataille judiciaire avait permis de retarder son application. Reste à savoir si les défenseurs des droits des immigrés parviendront à bloquer cette nouvelle restriction ou si l’administration Trump imposera sa vision restrictive du programme.
En supprimant l’extension de six mois accordée par Biden, l’administration Trump ramène de facto le TPS haïtien à 12 mois, créant une situation de précarité extrême pour des milliers de familles.
Si aucune action politique ou juridique n’intervient, les bénéficiaires devront se préparer à l’expiration de leur statut le 3 août 2025. Cette échéance pose une question cruciale : les États-Unis continueront-ils à abandonner la communauté haïtienne en pleine crise humanitaire, ou une mobilisation politique et juridique parviendra-t-elle à inverser la tendance ?