Paris, France (Le Floridien) — Le monde du compas pleure l’un de ses plus illustres ambassadeurs. Laurent Ciceron, bassiste d’exception et figure incontournable de la musique haïtienne, s’est éteint à Paris, tôt dans la matinée du lundi 3 mars 2025. Celui qui, des décennies durant, a enrichi la section rythmique du Magnum Band, laisse derrière lui un héritage artistique impérissable.
La nouvelle de son décès a été confirmée par Alix Timer, promoteur haïtien de renom qui a marqué l’industrie du divertissement en Floride du Sud. Attristé, il évoque la disparition d’un musicien hors pair, dont l’empreinte indélébile sur la musique haïtienne continuera d’inspirer les générations futures.
Né en 1951, Laurent Ciceron était l’aîné d’une fratrie de six frères, tous musiciens. Il a grandi dans le quartier de Portail Léogâne, à Port-au-Prince, aux côtés d’Alix Timer, avant que ce dernier ne s’installe à Bas-Peu-de-Chose. Très jeune, son talent pour la basse s’impose comme une évidence, le propulsant rapidement sur le devant de la scène musicale haïtienne.
Sa carrière florissante le verra collaborer avec plusieurs groupes emblématiques, notamment Les Loups-Noirs, Webert Sicot, Troubadou Wowoli, Odyse One, Les Frères Ciceron, Magnum Band et Zatrap en France. Mais c’est au sein du Magnum Band, la légendaire formation des frères Pasquet, qu’il consacrera quinze années de sa vie, forgeant un son inimitable et contribuant à la richesse harmonique du groupe.
Laurent Ciceron n’était pas un bassiste ordinaire. Son style singulier, marqué par une posture reconnaissable entre toutes — tenant son instrument haut, presque au niveau de la poitrine — ajoutait une dimension visuelle à son jeu, autant qu’elle soulignait sa maîtrise technique. Son groove précis et son sens du rythme affûté ont inspiré une génération de musiciens, faisant de lui un modèle pour de nombreux jeunes bassistes aspirant à exceller dans le compas.
Alix Timer, qui a grandi avec lui en Haïti avant de le retrouver à Miami, se dit profondément attristé par cette disparition soudaine. Il y a quelques années, le défunt musicien avait fait un Accident Vasculaire Cérébral (AVC), cependant, le promoteur n’était pas en mesure de préciser la cause exacte de son décès. Il confie que quatre mois seulement avant sa mort, il était en contact avec Laurent Ciceron et trois de ses frères pour organiser deux soirées nostalgiques réunissant le groupe Les Frères Ciceron. Ces retrouvailles musicales devaient se tenir à Port Saint-Lucie et au restaurant Kasa Champèt, à Pembroke Pines, en Floride.
Le destin en aura décidé autrement.
Avec le départ de Laurent Ciceron, la musique haïtienne perd l’un de ses plus grands artisans. Son nom restera gravé dans l’histoire du compas, non seulement pour son talent hors du commun, mais aussi pour l’inspiration qu’il a insufflée à tant d’autres.
Repose en paix, Maestro.
