MIRAMAR – Le président haïtien, Son Excellence Jovenel Moïse, en route pour regagner Haïti après sa participation au 8e Sommet des Amériques qui s’est déroulé les 13 et 14 avril à Lima, au Pérou, a fait une halte à Miami pour s’adresser à la communauté haïtienne du sud de la Floride.
Une invitation de dernière heure a ainsi été lancée par le Consulat Général d’Haïti à Miami en vue d’organiser une ‘rencontre communautaire’ qui s’est déroulée dimanche soir 15 avril au Miramar Cultural Center. En dépit d’un temps maussade qui touchait la région, plusieurs centaines de personnes ont fait le déplacement pour venir écouter le premier citoyen haïtien. L’événement bénéficiait entre autres d’une large couverture médiatique, les représentants des médias les plus actifs étant en majorité présents.
Les invités qui commençaient à arriver vers 5h30 PM ont dû patienter sur la grande cour jusqu’à 7h15 pour enfin avoir accès à l’amphithéâtre.
Et l’attente ne faisait que commencer puisqu’elle allait durer davantage une fois à l’intérieur, puisqu’il faudra patienter encore quelque 60 minutes supplémentaires avant que l’événement ne commence. Heureusement, le talentueux violoniste Guy Michel, était là pour combler l’impatience de nombreux invités avec des pièces classiques super bien interprétées Contacté par LE FLORIDIEN, un membre du personnel consulaire a expliqué que l’avion transportant le chef de l’État vers Miami avait eu un retard au départ de Lima. En plus, dit-on, le couple présidentiel devait préalablement visiter le Sénateur Nahoom Marcellus, victime d’un ACV le 20 mars dernier en pleine séance, au Jackson Memorial Hospital.
Il est 8hr 17, Daniel Joseph, membre du bureau de Communication de la présidence, monta enfin sur le podium après d’incessants va-et-vient dans la salle pour souhaiter la bienvenue à l’assistance.
Dans une introduction d’une vingtaine de minutes, M. Joseph a insisté sur l’importance de l’événement, tout en soulignant au passage que le président se fait un devoir de rencontrer les membres de la diaspora à chaque fois qu’il est question de transiter dans une ville à forte concentration d’Haïtiens. Apparemment, pour faire passer du temps en attendant l’arrivée du chef de l’État, cette voix autorisée de la présidence a passé en revue les grandes réalisations déjà accomplies par le pouvoir en place depuis son installation.
Et voilà, il est 8hr 37, on fit signe à M. Joseph pour lui annoncer que le président Jovenel Moïse, accompagné entre autres de son épouse, la Première dame Martine Moïse, du ministre des Affaires étrangères et des cultes, Antonio Rodrigue, du secrétaire d’État à la sécurité publique, Ronsard Saint-Cyr, du directeur de son cabinet, Wilson Laleau, et du chef de mission au Consulat Général d’Haïti à Miami, Stephane Gilles, est enfin arrivé. Ils ont tous été reçus par le maire de la ville de Miramar, Wayne M. Messam.
Le président haïtien et son épouse, le maire de Miramar et son épouse, ainsi que le ministre haïtien des Affaires étrangères, ont tous été invités à monter sur le podium pour l’interprétation des hymnes nationaux américain et haïtien par la talentueuse chanteuse haïtiano-américaine Cathleen Jean-Baptiste. Cette dernière a reçu en finale une salve d’applaudissements du public présent.
Par la suite, ce fut au tour du maire Messam de souhaiter officiellement la Bienvenue au couple présidentiel. Le premier citoyen de la ville a rappelé que Miramar est une ville en forte extension, tant sur le plan démographique qu’économique. Elle compte aujourd’hui 140 000 résidents, et de l’avis de M. Messam, les Haïtiens ont contribué énormément au progrès de la ville dans plusieurs secteurs.
“Bien que nous avions reçu l’appel un peu à la dernière minute, toutefois nous avons joint nos forces pour rendre possible l’événement. C’est un honneur pour nous d’accueillir le président Jovenel Moïse et son épouse ici à Miramar. Monsieur le Président, merci d’avoir choisi Miramar pour rencontrer la Communauté haïtienne!,” a dit en substance le maire Messam, tout en soulignant la présence de trois membres du Conseil municipal : Vice-Mayor Yvette Colbourne, Commissioner Winston F. Barnes et Commissioner Darline B. Riggs.
L’objectif du président à travers cette ‘rencontre communautaire’, retransmise en direct en Haïti sur la chaîne de télévision gouvernementale (TNH), était de venir partager avec les membres de la diaspora la vision de sa présidence et les nombreuses réalisations de son gouvernement durant ses premiers quatorze mois à la tête du pays. Un documentaire intitulé ” Yon Lane Pouvwa, Yon Lane Travay “, était ensuite projeté à l’intention de l’audience sur l’écran géant de la Salle de theâtre du Miramar Cultural Center.
Se basant sur les nombreux projets en cours et déjà réalisés, tout porte à croire qu’Haïti est devenu aujourd’hui un véritable chantier à ciel ouvert et que le gouvernement Moïse-Lafontant s’engage définitivement à placer le pays sur la voie du développement. Quelques images à l’appui, l’assistance a pu visionner les résultats positifs partiels de la ” Caravane du Changement ” initiée par le chef de l’État en mai 2017 dans la vallée de l’Artibonite. 144 kilomètres de pistes agricoles ont été réhabilitées et 200 autres ont été améliorées.
Et comme résultat, la production de riz dans la vallée de l’Artibonite a connu une augmentation de 30 000 tonnes. En outre, plusieurs routes et ponts en état de construction avancé ainsi que des dizaines de kilomètres de voies publiques reliant plusieurs communes déjà réalisées ont été certifiés par les invités. À la fin de la projection, c’est presque toute l’assistance qui se mit debout pour ovationner les réalisations du gouvernement et l’encourager de poursuivre dans cette voie.
Les choses à retenir
M. Moïse a fait récupérer à travers le pays plus de 80% des équipements lourds appartenant au Centre national d’équipements (CNE) qui n’étaient pas au service de l’état, mais plutôt affectés à des projets de compagnies privées, précisant au passage qu’il existait au sein même de cette entité étatique plus de cent compagnies privées et dont les propriétaires utilisaient les biens de l’état à leur profit personnel au détriment de la majorité. Armée de courage, l’équipe au pouvoir a fini par tout récupérer, réparant les véhicules en panne ou achetant de nouveaux véhicules neufs quand cela s’avérait nécessaire. Aujourd’hui, chacune des dix directions départementales devient autonome pour produire ses propres routes.
Le pot-de-vin, qui représentait un obstacle majeur dans le développement du pays est combattu avec véhémence, selon Moïse, en restructurant notamment le système corrompu des porteurs et en établissant de nouvelles règles qui permettent de court-circuiter leur action néfaste.
Le président a fait la promesse de doter le pays de 4000 kilomètres de routes d’ici la fin de son quinquennat en février 2022. Il a expliqué en substance : “Il existe dix directions départementales à travers le pays qui sont en compétition entre elles. Chaque direction doit construire 25 kilomètres chaque trois mois, ce qui donne 250 km par trimestre et 1000 kilomètres par année à travers le pays. Ainsi, nous avons besoin d’une période de quatre ans pour atteindre notre objectif. ” Ce simple calcul arithmétique fait par le président a été fortement ovationné et a requinqué l’optimisme de l’audience.
Durant son séjour à Lima pour le Sommet des Amériques, le président s’est entretenu avec le sénateur républicain de la Floride, Marco Antonio Rubio, et le président de la Banque Interaméricaine de Développement (BID), Luis Alberto Moreno. Il a tenu, dit-il, à leur préciser clairement qu’il y’a dorénavant un nouveau leadership en Haïti, et que le pays ne veut plus d’aide, et encore moins quémander. “Qui peut le plus, peut le moins”, rappelle M. Moïse, pour signifier que si son gouvernement a pu travailler sans l’aide internationale durant ces derniers quatorze mois, il pourra toujours continuer à œuvrer sans le support financier de la communauté international. Du 1er janvier 2006 au 31 décembre 2017, Haïti a reçu environ onze milliards de dollars d’aide internationale, et rien n’a été fait dans le pays, selon Moïse.
” J’ai trouvé un pays où il n’y a pas de routes, pas d’écoles, pas d’électricité, pas d’hôpitaux, ” dit le chef de l’État. En raison du taux de croissance rapide de la population, Moïse plaide aussi en faveur de la construction de 15.000 salles de classe, un projet qu’il a déjà entamé.
Sous le gouvernement de Moïse, le recrutement des cadres dans les administrations publiques se fait désormais par voie de concours, ceci afin d’embaucher les plus compétents et de décourager l’exode des jeunes cadres du pays.
Le gouvernement Moïse-Lafontant s’engage également à lutter contre le problème de surfacturation dans les entreprises gouvernementales. Le chef de l’état a fait le parallèle entre le prix d’un kilomètre de route qui coûtait dans le passé à l’état haïtien trois millions de dollars, alors que sous son gouvernement, cela coûte seulement cent mille dollars américains.
Selon Moïse, Haïti fait face à de nombreuses difficultés et les mauvaises habitudes ont la vie dure. Pour parvenir au changement dont nous rêvons tous, il faudra d’abord parvenir à changer nos mentalités, à dialoguer entre nous, et unir nos forces en ce sens. Nous devons prôner la tolérance et pouvoir pardonner son prochain.
Le président a en outre confirmé sa promesse de doter tout le territoire haïtien d’électricité d’ici seize mois. Cinq cents lignes de haute tension seront construites. ‘Kay pam klere’, un programme d’électrification gouvernemental, permettra aux habitants des coins les plus reculés d’avoir accès à l’électricité. Aujourd’hui, pas moins de huit communes, dont Morne Saint-Nicolas, Jean-Rabel, Bombardopolis, Les Irois, Les Anglais, sont déjà électrifiées 24/24 grâce au programme d’électricité micro-réseau. Finie la question de monopole du courant électrique en Haïti, se vante le président. L’État dépensait environ 250 millions de dollars sans que cela empêche des ‘blackouts’ récurrents, s’est-il insurgé.
M. Moïse a ajouté une autre promesse à sa longue liste de réalisations pour préciser que le pays va fêter de façon grandiose le bicentenaire de la construction de la Citadelle du Roi Henry Christophe en 2020. Et ce jour-là, dit-il, les passagers s’y rendront par voie téléphérique. Point besoin de noter combien sont les admirateurs du président qui se sont soulevés de leur siège pour applaudir. Un d’entre eux a même crié ” À vie ! ”
En conclusion, estimant qu’il est temps que l’argent du pays serve aux grands besoins de la population et non pas à enrichir un groupe de personnes, le président a repris ses promesses de doter le pays de 4000 kilomètres de route, d’électrifier tout le pays, de construire des écoles, des centres de santé et douze barrages d’irrigation (des réservoirs de douze millions de gallons d’eau pour arroser les terres en saison sèche). Tous ces engagements, dit-il, sont pris au nom de la lutte contre la corruption.
” Je veux rappeler à tous les fonctionnaires de l’état qu’occuper une fonction dans une boîte publique doit être un sacerdoce, mais non pas un moyen de s’enrichir. Vous êtes là pour servir la population et non pas vos entourages, ” plaide Jovenel Moïse.
Cependant, une “petite promesse” ne fut pas respectée durant cette soirée. En effet, ce qui devait ressembler à une rencontre d’échange avec le chef de l’État s’est plus transformé en un dialogue à sens unique où le principal intéressé a présenté ses réalisations et différents projets pour l’avenir avant de disparaître de la scène.
Personne n’a pu échanger avec le président Moïse, et encore moins lui poser des questions légitimes, comme c’est le cas de Mme. Carline Paul par exemple, connue sous le surnom de “Teacher Carline”, qui était là pour interpeller le gouvernement sur un problème foncier dont elle fait face depuis plusieurs années. Les journalistes et médias présents sur place auraient également voulu interroger le chef de l’État sur certains sujets brulants d’actualité. Malheureusement, le président Moïse a préféré zapper la séance questions/réponses. Agenda surchargé ou simple volonté d’éviter les questions qui fâchent ?
LE FLORIDIEN