Les événements majeurs qui ont marqué les Haïtiens en 2020

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L’année 2020 restera longtemps dans nos mémoires comme l’année du Covid-19. Cette pandémie a tellement traumatisé le monde et impacté le quotidien de millions de familles qu’elle a fini par éclipser le reste de l’actualité. Le Floridien a agrégé pour vous l’ensemble des événements qui ont touché de près ou de loin la communauté haïtienne de Floride durant cette longue année qui prend fin en pleines incertitudes.

Janvier

Pour les Haïtiens, l’année 2020 a commencé de la même manière que la précédente s’est terminée, à savoir avec une recrudescence de la criminalité et des enlèvements, l’aggravation de la crise économique et sociale, et un blocage institutionnel général qui empêche le pays d’avancer. Du côté de la Floride, la communauté haïtienne a eu droit au premier événement culturel majeur de l’année, la PHMA (Prestigious Haitian Music Awards), un rendez-vous qui n’a malheureusement pas tenu toutes ses promesses malgré un potentiel énorme et de grandes attentes de la part du public. Toujours en ce mois de janvier, un grand poète haïtien nous a quittés à l’âge de 83 ans, Georges Castera, connu pour ses vers écrits en français, en créole et en espagnol.

Février

En Haïti, le mois de février rime avec Carnaval. C’est aussi un des rares moments où les Haïtiens peuvent oublier le marasme économique et les conditions difficiles dans lesquelles ils vivent au quotidien. Mais vu la situation critique dans lequel se trouve notre pays, surtout sur le plan sécuritaire, il a été décidé au dernier moment l’annulation du Carnaval. Signe de la grande tension qui prévaut en Haïti, quelques stands érigés pour l’occasion ont été brûlés par des saccageurs armés. Quant aux Haïtiens, ils ont eu droit à un autre genre de Carnaval, celui d’affrontements entre des policiers dissidents qui réclament une revalorisation salariale, et des soldats de l’armée dépêchés pour protéger un régime vacillant. Février, qui était censé être un mois de joie et de fête, s’est transformé en un mois empli d’amertume et de désolation.

Mars

Sur le plan politique, on assiste à la nomination du 5ème Premier ministre sous l’ère Jovenel Moïse, un record! Après avoir vidé le parlement, Jovenel commence à tisser petit à petit sa toile d’araignée en espérant régner en maître sur le pays. Le 1er mars correspond également à la date où les deux premiers cas de Covid-19 ont officiellement été détectés en Floride. À l’époque, on était encore loin d’imager tous les dégâts que cette pandémie allait causer sur le plan humain et économique, surtout que Miami-Dade, comté où est concentrée la plus grande communauté haïtienne, sera le plus durement frappé. En Haïti, les deux premiers cas ont été détectés quelques jours plus tard, plus précisément le 19 mars. Dans le domaine artistique enfin, on déplore la perte d’un talentueux humoriste, Eric Laguerre, surnommé Tom Malè, animateur vedette de Matin Caraïbes, une émission radiophonique très suivie par la diaspora.

Avril

On enregistre le premier décès du covid-19 sur le territoire haïtien. Le 5 avril, un patient qui avait des comorbidités (diabète et hypertension) a succombé à la maladie. D’autres décès suivront le même mois, laissant craindre le pire. Surtout que le système de santé haïtien, qui est dans un état de délabrement avancé, n’est pas prêt pour faire face à une avalanche de cas. Quelques organisations internationales comme MSF (Médecins sans Frontières) ont bien installé des hôpitaux mobiles, mais les experts craignaient que cela ne soit pas suffisant. Heureusement, et pour une fois, notre pays a été l’un des plus chanceux… au monde avec très peu de cas répertoriés. En Floride par contre, la situation est totalement différente. La communauté haïtienne est frappée de plein fouet par la pandémie. Beaucoup de ménages se retrouvent du jour au lendemain sans ressources. Sur le plan sanitaire, l’explosion des contaminations et des décès liés au Covid inquiète les observateurs. Toujours en ce mois d’avril, précisément le 13 avril, le magistrat Georges Moïse, homme respectable et respecté qui était ancien vice-président de la Cour de cassation, s’éteignait paisiblement à Boston suite à une longue maladie.

Mai

2 mois après son apparition, le Covid-19 est toujours moins virulent que prévu en Haïti. Cela dit, toutes les vies épargnées par le Covid-19 sont fauchées par la violence des gangs armés qui sévissent dans le pays. C’est aussi durant ce mois que l’un des plus grands scandales du football haïtien éclate. Suite à un article à charge publié par le quotidien britannique Le Guardian, on apprend que le président de la Férédation Haïtienne de Football (FHF), Yves Jean-Bart, profitait de sa position pour abuser sexuellement de nombreuses joueuses issues d’un centre de formation de la FIFA, certaines d’entre elles étant même mineures. Yves Jean-Bart sera dès lors temporairement démis de ses fonctions, avant d’être suspendu à vie lorsque l’enquête de la FIFA conclura à sa culpabilité. Ironie du sort, la justice haïtienne, qui est censée protéger les jeunes victimes, disculpe Yves Jean-Bart “faute de preuves”. Durant la même période, mais États-Unis cette fois-ci, la mort de George Floyd indigne le monde et provoque des émeutes dans de nombreuses villes américaines. Le Président Trump, au lieu de calmer le jeu, va jusqu’à mettre de l’huile sur le feu à travers des déclarations irresponsables.

Juin

Le 23 juin, “Toto” Constant est renvoyé chez lui en Haïti. L’ancien chef paramilitaire est expulsé par vol charter avec 23 autres migrants haïtiens sans papiers. Ce cadeau empoisonné, les autorités haïtiennes ne savent pas trop quoi en faire vu le passé trouble et la grande influence qu’avait Toto Constant. Cette déportation est d’ailleurs critiquée par les défenseurs des droits de l’homme et certains politiciens démocrates qui jugent que la situation actuelle en Haïti ne permet pas d’expulser qui que ce soit dans de bonnes conditions. Toujours en ce mois de juin, la communauté littéraire était en deuil après l’assassinat lâche de la poétesse Farah-Martine Lherisson, de son mari ingénieur Lamothe Lavoisier et de leur fils dans leur domicile à Peguy-Ville. Ce crime crapuleux vient une fois de plus montrer le degré de violence que notre pays a atteint ces derniers temps.

Juillet

L’Église haïtienne est en ébullition depuis que le Président Jovenel a décidé d’amender le Code pénal. Pour les religieux, les nouveaux textes encouragent implicitement la débauche, l’homosexualité, la pédophilie, voire l’inceste. Fidèle à son habitude, Jovenel a une fois de plus pris une décision qui touche l’ensemble des Haïtiens sans concertations. Face au tollé général provoqué, le Chef de l’État a été obligé d’envoyer son Premier ministre au front pour éteindre l’incendie. Ce dernier a donc dû rétropédaler en promettant la réécriture de plusieurs articles afin d’éviter tout amalgame ou fausse interprétation. Comme dirait un juriste, un Code pénal mal compris est un Code pénal mal écrit, et le gouvernement a montré un grand amateurisme en provoquant une telle confusion (sauf si c’était prémédité pour des raisons que seuls nos gouvernants connaissent).

Août

C’est avec une grande satisfaction que la communauté haïtienne a accueilli la nomination d’une des leurs en tant que cheffe de cabinet de Kamala Harris, la colistière et future Vice-présidente des États-Unis. Karine Jean-Pierre, âgée de 43 ans, peut se prévaloir de faire partie des artisans de la victoire historique de Biden contre Trump. Femme énergique et talentueuse, c’est encore elle qui a été choisie pour le futur poste de Porte-parole de la Maison-Blanche. Une consécration pour cette diplômée de l’université Columbia qui a baigné assez tôt dans l’activisme politique. Durant ce même mois, le football haïtien a perdu un de ses joueurs emblématiques ayant participé à l’épopée du mondial allemand en 1974. Ernst Jean-Joseph, AKA Tinès, fut un grand joueur qui eut malheureusement la carrière brisée par des soupçons de dopage. Enfin, ce mois fut également marqué par une tragédie qui mit en émoi l’ensemble des Haïtiens. En effet, le 28 août, le bâtonnier Monferrier Dorval fut assassiné dans sa résidence privée, une première dans l’histoire de ce barreau en 161 ans d’existence.

Septembre

Naomie Osaka, la fierté du tennis haïtien, a remporté son 2ème US Open de manière héroïque. Malgré une ambiance générale assez terne due à l’absence de public, la jeune Naomie a réussi à battre la Biélorusse Azarenka dans une finale époustouflante riche en suspense. Le 25 septembre, Kanye West effectuait également une visite surprise en Haïti, avec le Président Jovenel en guise de guide touristique, à défaut d’être un bon rabatteur économique puisque Kanye West n’a pour l’instant pas donné suite aux investissements tant espérés.

Octobre

Le 5 Octobre, voyant que les sondages commençaient à tanguer en sa défaveur en Floride, Biden s’est enfin décidé à aller à la rencontre de la communauté haïtienne qui lui semblait acquise. En compagnie de sa femme, il s’est rendu à Little Haïti pour expliquer son programme en faveur de la communauté haïtienne, mais également la façon dont il comptait aider Haïti pour sortir de sa crise actuelle.

Le mois d’octobre a aussi vu la perte d’un monument de la musique haïtienne en la personne de Julio Racine, flûtiste, compositeur et chef d’orchestre de l’Orchestre Philharmonique de Sainte-Trinité.

Novembre

La violence qui gangrène Haïti depuis des années a dorénavant un visage, celui d’Evelyne Sincère, jeune écolière de 22 ans qui a été kidnappée, violée et torturée par des sauvages avant que son corps ne soit jeté au beau milieu des ordures. Un crime odieux qui a bouleversé l’ensemble des Haïtiens, qu’ils soient en Haïti ou à l’étranger. Ce drame macabre montre le degré de barbarie atteint par les malfaiteurs qui ne reculent devant rien pour grappiller quelques Gourdes. Le mois de novembre, c’est aussi l’élection de Joe Biden en tant que 46ème Président des États-Unis, mettant ainsi fin à 4 années tumultueuses sous Trump, ce dernier ne reconnaissant toujours pas sa défaite puisqu’il continue d’arguer sans preuve que les élections sont truquées.

Décembre

Le mois de décembre voit une légère réouverture de l’espace aérien national après des mois de paralysie due au Covid-19. Ainsi, Air Caraïbes et Spirit Airlines ont repris progressivement leurs vols vers Port-au-Prince, Fort Lauderdale et Cap-Haïtien. Sur le plan sécuritaire, les mois se suivent et se ressemblent, avec une attaque osée de gangs contre des éléments du SWAT. En réponse à cette énième provocation, les forces de l’ordre ont décidé d’investir en représailles Village de Dieu qui s’est transformé en quelques jours en un véritable champ de bataille. En cette fin d’année, Jovenel a été particulièrement actif, même si ce n’est pas forcément dans le bon sens. Il a ainsi créé une nouvelle Agence Nationale d’Intelligence dont les prorogatives restent encore floues. Officiellement, cette nouvelle structure servira à protéger le pays contre des menaces extérieures comme le terrorisme. Mais officieusement, tout le monde sait que le régime veut en faire un outil pour museler encore plus toute opposition politique ou d’opinion. Sur le plan sanitaire enfin, les Haïtiens de Floride commencent à entrevoir le bout du tunnel avec l’arrivée de vaccins anti-covid. Une chose est sûre, tout le monde n’a qu’un souhait pour l’année 2021, celui de retrouver enfin une vie normale!

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