Par Dessalines Ferdinand
Dans le monde du football, chaque parcours est une aventure, et celui des Grenadières d’Haïti à la Coupe du Monde 2023 n’y fait pas exception. En dépit d’un groupe difficile avec l’Angleterre, la Chine et le Danemark, nos héroïnes ont montré un courage exemplaire. Les 3 rencontres face à l’Angleterre, la Chine et le Danemark se sont soldées par des défaites douloureuses et étriquées (1-0, 1-0, 2-0). Tous les observateurs du ballon rond disent que le niveau affiché par les Grenadières aurait pu leur permettre de continuer l’aventure jusqu’aux huitièmes de finale, voire au-delà. Malheureusement, c’est le manque d’expérience dans ce genre de compétitions qui fait souvent la différence. Mais ce n’est que partie remise.
Premier test réussi face à l’Angleterre malgré la défaite
La scène est à Brisbane, en Australie, où les Grenadières d’Haïti font leurs débuts remarqués à la Coupe du Monde de la FIFA. Face à elles, les Lionesses anglaises, championnes d’Europe en titre. Mais malgré cette redoutable opposition, les héroïnes haïtiennes ont démontré une résilience et un esprit de combat qui ont marqué les esprits.
L’Angleterre s’est imposée grâce à un penalty retaken par Georgia Stanway, suite à une intervention du VAR qui a jugé que notre gardienne Kerly Theus avait quitté sa ligne trop tôt lors de sa première tentative. Mais la performance des Lionesses était loin d’être impressionnante, ressemblant beaucoup à leur prestation lors du match d’ouverture de l’Euro 2022 contre l’Autriche, où elles avaient semblé manquer de créativité et de tranchant.
Malgré un classement FIFA qui les place au 53ème rang mondial, nos Grenadières ont brillé par leur dangerosité en attaque, avec une mention spéciale pour l’extraordinaire Melchie Dumornay. Cette jeune prodige de 19 ans a été la plus performante sur le terrain, impliquée dans la majorité des grandes occasions haïtiennes. L’Angleterre a été fortement mise à l’épreuve en défense, avec leur capitaine Millie Bright éprouvant quelques difficultés face à notre attaque.
Nos grenadières ont été magnifiquement soutenues par Theus qui a réussi plusieurs parades exceptionnelles, notamment face à l’attaquante anglaise Russo. Mary Earps, la gardienne anglaise, a également dû réaliser une magnifique parade pour détourner le tir à bout portant de notre Roseline Eloissaint.
Les Lionesses, pourtant sur une série de 33 matchs avec une seule défaite, ont eu du mal à prendre le dessus sur notre équipe. Malgré l’absence d’occasion de creuser l’écart lors de la seconde mi-temps, elles ont eu du mal à contenir nos Grenadières, qui ont continué à poser une menace constante.
Le premier acte de ce match a été ponctué de plusieurs interventions du VAR. Un premier penalty anglais a été annulé après une faute de Russo, avant qu’un autre ne soit accordé pour une main de notre défenseuse Batcheba Louis. Notre Dayana Pierre-Louis peut s’estimer chanceuse de ne pas avoir été expulsée après un tacle rude sur Chloe Kelly.
Mais en dépit de ces péripéties, les Grenadières ont montré une capacité incroyable à tenir tête à une équipe classée bien au-dessus d’elles dans le classement mondial. Leur bravoure et leur résilience ont illuminé cette rencontre, transformant cette défaite en une source d’inspiration pour tout un peuple.
Une grande occasion gâchée face à la Chine
Dans leur deuxième match de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA, les Grenadières d’Haïti ont été confrontées à un défi de taille en affrontant la Chine. Malgré un avantage numérique pendant plus d’une heure de jeu, suite à l’expulsion de la milieu de terrain chinoise Zhang Rui, Haïti n’a pas réussi à capitaliser sur cette opportunité et a subi une défaite serrée 1-0.
La partie a pourtant commencé calmement, les deux équipes prenant le temps de se jauger, et donc à ne pas s’exposer. Mais le match a soudainement pris une tournure dramatique à la 28ème minute lorsque Zhang Rui a été expulsée suite à une intervention brutale sur Sherly Jeudy. L’arbitre avait initialement sorti un carton jaune, mais après révision du VAR, la décision a été transformée en un carton rouge direct. Les “Roses de l’acier” chinoises ont donc dû jouer à dix contre onze pendant presque la majeure partie du match, du pain béni pour les haïtiennes qui voyaient la chance enfin tourner en leur faveur. Mais allaient-elles en profiter? Pas vraiment.
Certes, la supériorité numérique face à la Chine a permis à nos Grenadières de prendre le dessus, surtout après l’entrée de Melchie “Corventina” Dumornay au début de la seconde mi-temps. Malheureusement, la domination haïtienne allait rester stérile. Corventina a failli ouvrir le score à la 53ème minute, mais sa frappe du pied droit a été déviée en corner par la gardienne chinoise Zhu Yu.
Pire, l’espoir de victoire a été douché à la 74ème minute, lorsque la Chine a bénéficié d’un penalty suite à une faute sur Zhang Linyan dans la surface de réparation. Le VAR est une nouvelle fois intervenu, annulant une décision de hors-jeu initiale et accordant le penalty. La remplaçante Wang Shuang a trompé notre gardienne Kerly Théus pour inscrire l’unique but de la rencontre.
La fin de match a réservé une autre surprise lorsque les Grenadières ont cru obtenir un penalty dans le temps additionnel. Mais le VAR, omniprésent lors de cette partie, a encore une fois modifié la donne en annulant cette décision. Cette défaite face à une équipe largement à la portée des Grenadières a fortement affecté le moral des joueuses qui y ont cru jusqu’au bout. Au vu de la physionomie du match, Haïti aurait du gagner au moins par 2 buts. Il faut dire que les choix tactiques du coach français lors de ce match ont été fortement critiqués par les observateurs qui ne comprennent pas pourquoi il n’a pas opté pour une stratégie plus offensive après l’expulsion de la joueuse chinoise. Et ce d’autant plus que notre équipe bénéficie de joueuses athlétiques qui sont arrivées à vite étouffer les chinoises qui à un moment donné semblaient perdues sur le terrain. D’ailleurs, les chinoises elles-mêmes n’y croyaient pas leurs yeux lorsqu’elles ont réussi à marquer un but, tant cela semblait être mission impossible vu la physionomie du match.
Le Danemark met fin au rêve des Grenadières qui n’ont pas démérité
Le dernier match de groupe des Grenadières ressemble étrangement aux deux premiers, à savoir des opportunités ratées, et une équipe adverse qui n’arrive à ouvrir le score qu’avec un pénalty. On peut dire que cette cruelle réalité du penalty a laissé son empreinte amère sur chacun des trois matchs joués par Haïti.
Malgré la défaite, le parcours de l’équipe haïtienne a été marqué par une bravoure et une détermination sans précédent. Néanmoins, la douleur de la défaite est amplifiée par le fait qu’elle empêche les Grenadières de progresser vers les huitièmes de finale, ce qui était largement à leur portée au vu de la qualité du jeu qu’elles ont offert.
De leur côté, les Danoises ont fait preuve d’une efficacité redoutable. Grâce à des buts de Pernille Harder (21e sur penalty) et Sanne Troelsgaard (90e+10), elles ont su mettre fin à une longue série d’échecs prématurés. En effet, la dernière fois que le Danemark a atteint cette phase de la Coupe du Monde remonte à 1995. Les danoises devront toutefois affronter un gros calibre, à savoir l’Australie qui jouera devant son public, pour espérer passer aux quarts.
Quant à l’haïtienne, son sort ne doit pas être obscurci par la défaite. Pour une première participation à une Coupe du Monde, le parcours de l’équipe nationale est un exploit en soi. L’équipe haïtienne a prouvé qu’elle avait sa place avec les grandes nations du football, et bien que la défaite soit dure à avaler, cette aventure n’est qu’un tremplin pour des victoires futures. Mais avant ça, il faut travailler sur les choses qui n’ont pas fonctionné lors de ce mondial, notamment au niveau de la défense et du mental.
En effet, la répétition des pénaltys concédés par Haïti au cours de cette compétition est un signe clair que l’équipe a encore du chemin à parcourir en termes de discipline et de stratégie. D’ailleurs, le coach français de l’équipe porte sa part de responsabilité, puisqu’il n’a pas su corriger les erreurs défensives après 2 matchs, alors que c’était largement dans ses cordes. Mais, chaque défi rencontré sur le terrain n’est qu’une leçon à emporter pour les prochains tournois. À la fédération maintenant de tirer les conclusions et de prendre les décisions qui s’imposent pour garder la même dynamique positive.
Le football haïtien a marqué sa présence sur la scène mondiale, et il devient clair que cette équipe a le potentiel de faire encore mieux et d’atteindre de nouveaux sommets dans les années à venir. Cette défaite n’est qu’un point de départ, un tremplin vers de plus grandes victoires et de plus grands exploits. L’élimination d’aujourd’hui est le prélude à la gloire de demain. Et cette équipe des Grenadières version 2023 restera à jamais dans l’histoire comme étant la première à avoir participé à une Coupe du Monde de football.
