(Le Floridien) – La tension monte au sein de la communauté haïtienne de Floride. Deux organisations majeures, le Réseau National des Élus Haïtiano-Américains (NHAEON) et le Mouvement d’Action Familiale (FANM), pressent le Président Biden de retirer son soutien à la mission de maintien de la paix dirigée par le Kenya en Haïti. Leur préoccupation principale? Cette mission conforterait le pouvoir en place d’Ariel Henry, Premier ministre et, de facto, président par intérim d’Haïti. Venir en aide à Haïti en ce moment serait salvateur pour la population haïtienne certes, mais aussi et surtout pour Ariel Henry, qui verrait là une occasion en or pour se maintenir au pouvoir indéfiniment, à l’instar de ses prédécesseurs qui sont rares à vouloir quitter leur poste par la voie des urnes.
Le message de la communauté haïtienne de Floride est clair : un soutien militaire américain à ce gouvernement serait une bénédiction pour un régime corrompu et répressif. Selon les organisations NHAEON et FANM, cette intervention ne ferait qu’enfoncer Haïti dans une crise politique encore plus profonde, tout en causant des dommages collatéraux importants parmi la population civile.
Depuis l’assassinat de l’ancien Président Jovenel Moïse en 2021, la situation en Haïti n’a fait qu’empirer. Ariel Henry, qui a pris les rênes du pays, fait l’objet de critiques de la part de plusieurs groupes de la société civile haïtienne et haïtiano-américaine. Le gouvernement actuel est accusé de complicité avec les gangs violents et de nourrir un climat d’instabilité pour se maintenir au pouvoir.
En dépit de ces inquiétudes, l’administration Biden semble hésitante à prendre des mesures drastiques. Le porte-parole du Département d’État américain insiste sur le fait qu’Ariel Henry doit faire partie de toute solution de transition. Cette posture américaine est perçue par certains comme un obstacle à la création d’un gouvernement de transition véritablement inclusif en Haïti.
L’histoire récente d’Haïti est empreinte d’interventions militaires, certaines ayant eu des conséquences désastreuses. N’oublions pas la crise du choléra déclenchée par les Casques bleus de l’ONU, une histoire qui alimente encore la méfiance à l’égard de toute intervention étrangère. Cependant, des voix au sein de la communauté haïtienne de Floride se demandent s’il est temps pour le géant américain de repenser sa politique envers la première république noire du monde.
Ce qui est sûr, c’est que la communauté haïtienne de Floride semble s’aligner sur les demandes des organisations NHAEON et FANM pour exhorter les États-Unis à cesser leur soutien à Ariel Henry. Au-delà de la politique, c’est aussi un appel à la responsabilité et à l’éthique qui est posé ici, notamment concernant le trafic d’armes en provenance des États-Unis qui alimente la violence en Haïti. Le débat est ouvert, et les regards sont tournés vers Washington, attendant une réponse qui pourrait réorienter le cours de la crise haïtienne actuelle.