L’idée d’une opération de maintien de la paix en Haïti prend forme

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WASHINGTON — Les États-Unis envisagent sérieusement la mise en place d’une opération de maintien de la paix des Nations Unies en Haïti, en réponse à l’escalade de la violence des gangs dans le pays. Selon Brian A. Nichols, secrétaire adjoint américain aux affaires de l’hémisphère occidental, cette initiative viserait à renforcer la mission déjà dirigée par le Kenya, actuellement en place, qui manque cruellement de financement et de personnel.

Nichols a souligné que bien qu’une mission onusienne de maintien de la paix ne soit qu’une des options sur la table, elle permettrait de combler le déficit de ressources de la mission en cours. Le Conseil de sécurité des Nations Unies devra toutefois statuer sur cette proposition, une étape qui pourrait s’avérer délicate compte tenu des réticences exprimées par certains Haïtiens, encore marqués par les incidents liés à l’introduction du choléra et aux accusations d’abus sexuels lors des précédentes interventions de l’ONU.

À ce jour, environ 400 policiers kényans ont été déployés en Haïti, mais le plan global prévoit la mobilisation de 2 500 agents, issus de divers pays, pour un coût annuel estimé à 600 millions de dollars. Or, seulement 68 millions de dollars ont été reçus, bien en deçà des promesses de financement initiales.

Alors que la violence continue de paralyser Port-au-Prince, où 80 % de la capitale est contrôlée par des gangs, Antony Blinken, secrétaire d’État américain, est attendu ce jeudi 5 septembre en Haïti. Il y rencontrera le Premier ministre Garry Conille et le conseil présidentiel de transition, afin de promouvoir la tenue d’élections, bloquées depuis 2016 à cause de l’instabilité politique et des violences.

Depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021, Haïti s’enfonce dans une crise sécuritaire sans précédent. Les gangs ont multiplié les attaques contre des infrastructures stratégiques et des postes de police, laissant plus de 3 200 morts entre janvier et mai, et provoquant le déplacement de plus d’un demi-million de personnes. L’ancien Premier ministre Ariel Henry, alors en mission au Kenya, n’a pu revenir en Haïti, et sa démission en avril a conduit à la nomination de Garry Conille dans le cadre d’une transition politique fragile.

Toutefois, la situation reste tendue, avec de récentes accusations de corruption touchant trois membres du conseil de transition, exacerbant une instabilité politique déjà critique. Parallèlement, la République dominicaine, voisin immédiat d’Haïti, a renforcé ses mesures de contrôle à la frontière et interdit l’entrée des Haïtiens par voie aérienne, une décision que les États-Unis espèrent voir évoluer, malgré la souveraineté de chaque nation.

Cette intervention, bien que cruciale pour stabiliser Haïti, repose sur l’engagement de la communauté internationale à fournir des financements significatifs, condition indispensable à sa réussite.

Le Floridien avec AP

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