SPRINGFIELD, Ohio — Autrefois abandonnée en raison de la violence et du délabrement urbain, Springfield, Ohio, vit aujourd’hui un renouveau remarquable. Ce changement est largement dû aux efforts de la communauté haïtienne, souvent marginalisée, mais qui a su redonner vie à cette ville. En achetant et en réhabilitant des maisons abandonnées, les Haïtiens ont non seulement contribué à l’embellissement de la ville, mais ont aussi redynamisé l’économie locale, augmentant ainsi la base fiscale de Springfield.
Fondée en 1801, Springfield se situe dans le comté de Clark, à environ 72 km à l’ouest de Columbus. Avec une superficie de 67 km², cette ville qui fut autrefois un centre industriel important a souffert de la désindustrialisation et de la violence au fil des années. Aujourd’hui encore, des façades de maisons abandonnées rappellent cette période sombre. Cependant, l’installation de la communauté haïtienne a permis la revitalisation de nombreux quartiers, apportant un nouvel espoir à une ville en quête de renouveau.
En plus de restaurer des maisons, la communauté haïtienne joue un rôle central dans l’économie locale à travers des initiatives entrepreneuriales. Un exemple emblématique est un restaurant haïtien du nom de « Rose Goute Creole», fondée par une Haïtienne appelée Rose. Cet établissement accueille sans distinction Américains et Haïtiens, renforçant ainsi les liens culturels et sociaux entre les deux communautés. D’autre part, la radio New Diaspora Live (NDL), une station importante dans la ville, symbolise l’impact croissant des Haïtiens dans les domaines culturels et médiatiques à Springfield.
Un autre exemple de cette contribution économique remarquable est Creative Staffing Group LLC, une agence d’emploi cofondée par Gilbert Fortil et Frankee Valescot. Cette agence recrute plus d’un millier de personnes par an et contribue annuellement plus de 1,5 million de dollars aux revenus fédéraux. Le succès de cette entreprise témoigne de l’importance de la communauté haïtienne dans la transformation socio-économique de Springfield.
Malgré cette contribution incontestable, la communauté haïtienne de Springfield fait face à une nouvelle menace. À l’approche des élections, certains républicains pointent du doigt les Haïtiens, les utilisant comme boucs émissaires pour s’opposer aux programmes humanitaires lancés par l’administration Biden. Ces initiatives démocrates visent à soutenir et à protéger les migrants, mais dans un contexte électoral tendu, elles sont exploitées pour diviser et attiser la peur.
Des rumeurs non fondées circulent, prétendant que les Haïtiens tueraient des oiseaux tels que des canards et des animaux domestiques (chiens, chats) pour se nourrir. Pourtant, ces accusations infondées ont été rejetées par les autorités locales, qui affirment n’avoir reçu aucune plainte en ce sens. Ces attaques rappellent tristement un épisode de discrimination, dans les années 1980, lorsque les Etats-Unis avaient injustement attribué le SIDA à la communauté haïtienne.
Dans ce climat tendu, il est essentiel que la communauté haïtienne de Springfield s’inspire de l’exemple de la Floride, où des figures comme Père Gérard Jean-Juste avaient milité pour les droits des immigrants haïtiens. Pendant près de 30 ans, son travail au sein d’une organisation de défense des droits des migrants a permis à la communauté haïtienne de s’imposer avec dignité et de devenir un pilier économique et social.
À Springfield, les Haïtiens doivent continuer à se comporter avec dignité et à contribuer à la société qui les accueille. Leur présence dépasse largement les aspects économiques, puisqu’ils enrichissent également la ville sur le plan culturel et social. En tant que médecins, ingénieurs, entrepreneurs, et bien d’autres encore, les Haïtiens de Springfield travaillent avec acharnement pour un avenir meilleur.
Dans cette bataille électorale, les Haïtiens de Springfield ne sont pas seuls. Leur contribution au renouveau de la ville est un exemple de résilience, de détermination et d’engagement pour un avenir meilleur.
Cet article est une contribution de notre confrère Jacques Adler JEAN PIERRE
Jeanpierrejacquesadler@gmail.com