On est tous frères, mais dans la réalité, c’est chacun pour soi !

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“Radio Kamoken”, une émission radiophonique très écoutée par la diaspora haïtienne en Floride du Sud, célébrait le mois dernier son 33ème anniversaire. Autant dire que toute une génération d’Haïtiens a grandi avec ses programmes politiques passionnants, qui sont devenus au fil du temps des incontournables dans le paysage médiatique de la communauté.

Pour marquer cette date symbolique, l’animateur principal Erole Emmanuel et son staff, ont organisé une soirée dansante qu’ils voulaient festive. L’événement a eu lieu à Kasa Champet dans la ville de Pembroke Pines le vendredi 29 septembre dernier. À l’affiche, deux formations locales, en l’occurrence le groupe PNP (plezi’i Nap Pran) et l’orchestre ‘Kamo Danfan’.

Une fois arrivés à Kasa Champet, établissement de type restaurant & lounge connu pour ses soirées animées autant que pour sa gastronomie raffinée, on était en droit de s’attendre à une présence massive des fidèles auditeurs de la célèbre émission radiophonique. Mais force est de constater que le public était maigre et que la majorité des invités sont des fans inconditionnels de PNP, un groupe qui rassemblait d’anciennes légendes de la musique compas haïtienne qui n’ont rien perdu de leur dynamisme mythique. Étaient notamment présents le maestro guitariste Eddy Alciné (ex-Shleu-Shleu), le saxophoniste Louber Chancy, le chanteur Zouzoul (ex-Skah-Shah), ainsi que le percussionniste Zagallo (ex-D-Zine). En tout, l’affiche a réuni quelque 120 convives.

Ce n’est pas un hasard si PNP a été invité à cette soirée anniversaire, puisque sa seule présence dans ce genre d’événements attire au bas mot une centaine de personnes. Les organisateurs voulaient sans doute éviter le fiasco de l’année passée où un autre groupe compas n’a pu sauver les meubles, ce qui a donné lieu à une soirée insipide qui a vite été engloutie par les méandres de l’oubli. Cette fois-ci, les promoteurs de cette fête d’anniversaire ont voulu mettre toutes les chances de leur côté pour ne pas subir un 2ème échec de suite. Ils ont donc mis les petits plats dans les grands en faisant appel à deux groupes qui garantissent la présence d’un nombre d’invités raisonnable. Malheureusement les auditeurs de la célèbre émission étaient aux abonnés absents ce soir-là. Est-ce la faute à un manque de communication dans la promotion de l’événement ? Est-ce la conséquence d’une défaillance marketing comme on en voit souvent dans le milieu ces derniers temps ? Est-ce le prix élevé à la porte d’entrée ($40.00) qui a rebuté les fans de l’émission ? Sans doute un peu de tout cela. Mais le constat est là. Les nombreux auditeurs, qui sont pourtant toujours prêts à intervenir au cours de ce programme radiophonique pour donner leurs opinions sur le sujet du jour, n’ont pas éprouvé le besoin de venir continuer une autre forme de “débat” sous le signe de la joie et de la bonne humeur.

Il faut reconnaître aussi que l’animateur principal de l’émission est un personnage haut en couleur qui ne laisse personne indifférent. On aime ou on n’aime pas. Son style controversé avec son franc-parler légendaire, combinés à ses critiques acerbes contre des personnalités publiques de la communauté, ne lui ont pas valu que des amis. Mais c’est sans doute cela aussi qui a permis à l’émission de survivre pendant plus de 3 décennies. Une éternité lorsque l’on sait que le monde des médias – et de la radio en particulier – évolue de plus en plus vite.

Mais ce qui est encore plus navrant, c’est de constater l’absence de personnalités du microcosme médiatique haïtien en Floride du Sud. Mis à part Aubry Blague, animateur de l’émission “Lunch Time Compas” sur la fréquence 1320 AM et qui est un habitué des lieux, Dr. Flore Lindor, Christophe Siméon, les autres confrères de la Communauté ont brillé par leur absence. Où sont donc passés les membres de la presse haïtienne locale ? Où est cette solidarité tant souhaitée par une corporation chimérique ?

Nous pensons que les animateurs de la radio et de la télévision, ainsi que les journalistes de la presse écrite en général, doivent entretenir entre eux des rapports de bonne confraternité. Tous sont des confrères et consœurs qui ont choisi un noble métier, celui d’informer, mais aussi de divertir et de socialiser leur public. Étant des personnalités exposées de par leur profession, elles se doivent d’être exemplaires dans leurs discours, mais aussi dans leurs actions. Une bonne occasion a été manquée de montrer l’exemple à la communauté haïtienne. La solidarité, c’est rester soudés dans les bons et les mauvais moments. C’est célébrer le succès d’un confrère lorsqu’il est en haut, et lui prêter main-forte lorsqu’il est en bas. Espérons que ce message ne restera pas un vain mot et que son écho trouvera des oreilles réceptives. Malgré nos différences, c’est dans l’entraide et l’assistance mutuelle que notre communauté s’épanouira le mieux. Alors parlons moins et agissons plus, il en va de notre intérêt, mais surtout de celui de nos enfants qui s’inspirent et se nourrissent au quotidien de nos actes.

Dessalines FERDINAND

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