République dominicaine : un ex-président s’oppose aux expulsions d’Haïtiens, mais divise l’opinion

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Santo-Domingo (Le Floridien) — Dans un tournant sans précédent en République dominicaine, l’ancien président Hipólito Mejía a ouvertement critiqué les expulsions massives d’Haïtiens, les qualifiant d’inhumaines. Cette prise de position marque une première dans l’histoire politique de la république voisine, où les dirigeants ont généralement soutenu des politiques migratoires strictes envers les ressortissants haïtiens.

Mejía a souligné l’importance cruciale des travailleurs haïtiens dans les secteurs agricoles et de la construction, affirmant que « l’agriculture ne peut pas exister sans les Haïtiens », tout en appelant à une réglementation plus claire pour leur embauche. Il a également rejeté l’idée selon laquelle les Haïtiens cesseraient d’arriver ou qu’une régularisation ne serait pas mise en œuvre, estimant ces hypothèses irréalistes.

Cette déclaration est d’autant plus significative qu’elle vient d’un ancien chef d’État, rompant avec le discours dominant en République dominicaine, où la question migratoire haïtienne est souvent source de tensions politiques et sociales. Jusqu’à présent, aucun ex-président n’avait pris une position aussi tranchée en faveur des travailleurs haïtiens.

Mejía a ainsi mis en garde contre une persécution généralisée, estimant qu’elle ne serait ni correcte ni humaine. Sa déclaration interpelle aussi bien le gouvernement que le secteur privé, les appelant à définir un cadre légal pour encadrer l’emploi des Haïtiens plutôt que d’adopter des mesures d’expulsion de masse.

Une prise de position qui divise

Cependant, plusieurs voix se sont élevées pour questionner la sortie de l’ancien président en faveur des Haïtiens. Certains y voient une défense intéressée des intérêts économiques de Mejía, qui est également un entrepreneur agricole. « C’est un homme d’affaires, ils vont expulser ses esclaves/sa main-d’œuvre bon marché », a réagi un internaute, mettant en doute la sincérité de son plaidoyer.

D’autres estiment que Mejía instrumentalise ce débat pour des raisons politiques, notamment pour renforcer la visibilité de sa fille Carolina Mejía, pressentie comme candidate potentielle à la présidence. « Il cherche juste à promouvoir les ambitions présidentielles de sa fille, et tout sujet qui génère de la publicité lui convient », a commenté un observateur sceptique.

Certains opposants ont réagi avec virulence, qualifiant l’ancien président de “traître à la nation” et appelant même à lui retirer son visa américain. « Hipólito = une rata antinacional, un traidor a sueldo… Ils devraient lui enlever son visa américain », a écrit un critique farouche, illustrant la forte polarisation du débat autour de la question migratoire haïtienne.

Si la prise de position de Mejía constitue une rupture avec la rhétorique traditionnelle, les réactions montrent à quel point la migration haïtienne reste un sujet hautement sensible en République dominicaine. Alors que le gouvernement maintient sa politique d’expulsions massives, la sortie de l’ancien président pourrait-elle inciter d’autres figures politiques à reconsidérer l’approche actuelle ?

Reste à savoir si cet appel au pragmatisme sera entendu ou s’il restera une parenthèse isolée dans un climat de plus en plus hostile aux migrants haïtiens.

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