Delmas, Haïti (Le Floridien) – L’insécurité en Haïti ne cesse de croître, et les policiers sont de plus en plus pris pour cible par des groupes armés. La mort de deux policiers dans le club “Kay Lymborbe“ situé à Delmas 40B a accentué l’inquiétude des habitants de la capitale, déjà éprouvés par une violence omniprésente. Ce drame révèle également les tensions internes qui minent la Police nationale d’Haïti (PNH).
Contrairement à certaines informations relayées sur les réseaux sociaux, la mort de ces policiers n’est pas liée à une attaque criminelle, mais à une altercation causée par la jalousie. L’un des policiers tués serait à l’origine du conflit qui a dégénéré en un épisode tragique.
Une altercation fatale
Stanley Denizé, un jeune agent de 24 ans plein d’avenir et membre de l’Unité de Sécurité Générale du Palais National (USGPN), devait prendre son service vers minuit. Avant de s’y rendre, il avait pris rendez-vous avec quelques collègues vers 20 heures pour partager un moment de détente autour de quelques bières, profitant de l’ambiance festive d’un vendredi 14 février, jour de la Saint-Valentin.
Arrivé sur les lieux, Denizé, habitué du club et connu pour sa galanterie et sa générosité, a orné sa table de boissons, attirant inévitablement l’attention, comme c’est souvent le cas en Haïti. Cette attitude de “grand dépenseur” a semblé irriter Grégory Pierre Michel, un policier issu de la 20ème promotion de la PNH, affecté au commissariat de Port-au-Prince.

Un témoin de la scène raconte que Pierre Michel a commencé par une altercation verbale avec Denizé avant de pointer son arme sur lui. Plusieurs personnes sont intervenues pour calmer la situation, chacun réagissant à sa manière. On reprochait surtout à Pierre Michel son attitude jalouse et son manque de fair-play, rappelant que Denizé était un frère d’arme.
Pour apaiser les tensions, les responsables de l’établissement ont déplacé Denizé et son groupe dans une section VIP. Cependant, cette attention particulière n’a fait qu’exacerber la colère de Pierre Michel, qui semblait mal supporter le traitement préférentiel accordé à son collègue.
Un dénouement tragique
Alors que la situation semblait sous contrôle, la rancœur de Pierre Michel à l’égard de Denizé ne s’était pas dissipée. Lorsque Denizé s’apprêtait à quitter le club pour rejoindre son poste au Palais National, Pierre Michel l’a froidement abattu d’une balle dans la tête. Face à cette exécution brutale, les collègues de Denizé ont réagi immédiatement et ont abattu Pierre Michel sur place.
Une institution en crise
Ce drame souligne les tensions internes qui gangrènent la PNH, ainsi que la fragilité psychologique de certains de ses membres dans un contexte d’insécurité généralisée. L’absence de mécanismes de régulation des conflits internes et le climat de désillusion qui gagne les forces de l’ordre aggravent une situation où les policiers, censés protéger la population, deviennent eux-mêmes victimes de violences intra-corporelles.
Ce drame met en lumière l’urgence de renforcer la formation et l’encadrement des policiers haïtiens afin de prévenir de tels incidents à l’avenir. Dans un pays en proie à une insécurité croissante, la professionnalisation et la stabilisation de la police apparaissent comme des enjeux cruciaux pour restaurer un climat de confiance et de sécurité au sein de la société haïtienne.