Un capitaine ne quitte jamais son navire, Moise doit terminer son mandat

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Les émeutes qui ont secoué le pays au mois de juillet dernier suite à l’annonce par le gouvernement de la hausse des prix du carburant continuent de laisser des traces. Il ne se passe pas une semaine sans que des voix s’élèvent pour demander la démission du Président de la République et de l’ensemble de son gouvernement. Ces revendications sont exacerbées par quelques leaders de l’opposition qui surfent sur la vague de mécontentement populaire pour assouvir leurs propres ambitions politiques. À l’image de Jean-Charles Moïse qui a défrayé récemment la chronique en allant jusqu’à profaner le drapeau national au Cap-Haïtien.

En ce moment, la gronde monte un peu partout dans le pays. Des manifestations sont ainsi annoncées dans plusieurs villes d’Haïti, notamment dans la capitale Port-au-Prince à l’occasion de la commémoration de la bataille de Verrières ce dimanche 18 novembre. Les protestataires veulent réclamer la poursuite devant la justice de tous les individus qui ont gaspillé les fonds PetroCaribe. Il faut dire que l’enquête diligentée par le gouvernement n’avance pas assez rapidement, et certains commencent déjà à s’impatienter. La société civile, désormais consciente du pouvoir coercitif qu’elle peut avoir sur les dirigeants de ce pays, compte bien maintenir la pression jusqu’à ce que ses revendications légitimes soient entendues et exécutées. Tant que toute la lumière ne sera pas faite sur les scandales de corruption qui ont secoué Haïti dernièrement, sa voix continuera à se faire entendre.

Mais le peuple doit rester vigilant, car des leaders de l’opposition sans scrupules comptent bien profiter de la situation pour faire de la récupération politique. En plus de Moise Jean-Charles, certains membres du parti «Fanmi Lavalas» de l’ancien président Aristide, notamment le Dr. Shiller Louidor et l’avocat Michel André, sont déjà dans les starting-blocks pour combler une éventuelle vacance du pouvoir. Tels des vautours volant autour de leur proie, ils attendent qu’elle soit à l’agonie pour la dévorer plus facilement.

Ce genre de comportements doit être dénoncé et combattu. Jovenel Moïse a été élu par le peuple. Et le choix du peuple haïtien est sacré et ne peut être remis en question. Même si on est en désaccord avec l’actuel Chef de l’État, même si on ne partage pas ses orientations politiques ou ses choix économiques, on se doit de respecter la fonction de Président de la République. C’est là une des règles de base de la démocratie que beaucoup de nos dirigeants politiques semblent oublier, un principe sur lequel repose la stabilité des institutions de notre pays.

Le fait que la société civile manifeste son mécontentement dans la rue ou sur les réseaux sociaux montre que les Haïtiens sont plus matures que les leaders politiques de l’opposition qui n’ont que le mot “démission” à la bouche. Laissons Jovenel Moïse faire son travail et terminer le quinquennat pour lequel il a été élu, et le peuple décidera par la voie des urnes s’il est satisfait de sa présidence pour continuer à faire confiance à l’équipe du Pati Haïtien Tet Kale (PHTK) ou pas. Les législatives prévues pour octobre 2019 donneront un aperçu du degré de satisfaction de la population quant à la politique menée par l’actuel Président. Un revers électoral du PHTK pourrait être perçu comme une mise en garde avant les élections présidentielles. Une défaite électorale du parti au pouvoir permettrait de déboucher sur une cohabitation politique pacifique, et où les adversaires du parti au pouvoir pourront proposer une nouvelle voie politique, sans effusion de sang ni chaos.

Malheureusement, les partis d’opposition actuels n’ont pas encore intégré cette notion de transition démocratique respectant les règles de l’art. Ils n’ont pas compris que le maître des horloges, ce n’est pas Moïse Jean-Charles et ses affidés, ni le clan Aristide, mais bien le peuple haïtien dans son ensemble. D’ailleurs, lorsque l’on gratte un peu la surface et qu’on scrute de plus près le programme de ces mêmes opposants, on se rend compte assez vite qu’il n’offre aucune alternative nouvelle. D’autres n’ont pas de projets du tout pour le pays et leur agenda politique se limite à leurs propres ambitions personnelles.

Cela dit, on est en droit aussi de se demander si l’action irresponsable de certains dirigeants de l’opposition n’est pas téléguidée en sous-main par des puissances étrangères qui cherchent à garder le contrôle sur le pays. Le choix du Président de la République ne sera dès lors pas imposé par les urnes, mais décidé par des capitales occidentales qui voudront défendre leurs intérêts en maintenant leurs zones d’influence. Pour ne pas en arriver là, il est primordial de mettre fin dès maintenant aux discours qui divisent notre nation et placer des garde-fous contre les esprits machiavéliques qui ne cherchent qu’à créer des dissensions pour accéder plus facilement au pouvoir.

Ce 18 novembre donc, Haïti célèbrera la bataille de Vertières. Le général Dessalines avait montré la voie en faisant front face à la puissante armée française de l’époque. Soyons nous aussi dignes de son action courageuse et de son sacrifice pour le pays et perpétuons ses valeurs. Faisons de cette journée une fête de la démocratie et prouvons aux ennemies de la nation que le peuple haïtien compte plus que jamais prendre son destin en main.

D. Ferdinand / LE FLORIDIEN, 13 Novembre 2018

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