En ce début de Jeux olympiques de Paris 2024, l’enthousiasme et l’espoir sont palpables parmi nos 7 sportifs qui ont émerveillé le monde par leurs tenues chatoyantes lors de la cérémonie d’ouverture. Alors notre pays participe pour la 14e fois aux Jeux olympiques d’été, il n’a pas encore réussi à décrocher une médaille d’or. En fait, la dernière médaille remportée remonte à 1928 aux JO d’Amsterdam, soit presque un siècle. À l’époque, Silvio Cator avait remporté la médaille d’argent au saut en longueur. 4 années auparavant, soit en 1924 aux Jeux olympiques de Paris, l’équipe de tir avait réussi à remporter une médaille de bronze. La terre parisienne nous ayant porté chance, on espère que nos athlètes pourront rééditer l’exploit cette année et ramener au pays une nouvelle médaille, quelle que soit sa couleur.
Alors que notre pays traverse une crise sans fin, il est plus que jamais primordial de ne pas négliger l’importance du sport. Car au-delà du football qui reste le sport roi dans notre pays, il existe d’autres disciplines où Haïti pourrait exceller, à l’instar des Cubains en boxe, des Jamaïcains en sprint, ou des Kenyans aux courses de fond. Voilà des nations qui n’ont pas forcément les mêmes moyens que les Américains ou les Européens, et qui réussissent pourtant à rafler des médailles par dizaines, mettant leur pays au-devant de la scène. Car oui, le sport est aussi une diplomatie qui donne une certaine visibilité à l’échelle internationale. Ce n’est pas la taille qui fait la grandeur d’un pays, mais la qualité de ses citoyens.
Notre valeureuse délégation pour les JO de Paris 2024 est composée de 7 jeunes athlètes prometteurs, talentueux, mais surtout, déterminés à faire honneur à leur pays. Ces jeunes ont été sélectionnés non seulement pour leur performance sportive, mais aussi pour leur résilience et leur détermination. Si on reste loin du chiffre de 13 athlètes qui ont représenté notre pays aux JO de Montréal 1976, ou encore des 10 athlètes aux jeux de Rio 2016, la cuvée 2024 reste dans la moyenne des 8 dernières éditions.
Nos chances de médailles se focalisaient principalement sur le montréalais Cedrick Belony-Duliepre qui représentait notre pays au poids moyen hommes en Boxe. Malheureusement, et après un bon début de parcours, il a été terrassé par le brésilien Pereira 5-0 en 8e de finale, rejoignant Alexandre Grand’Pierre en natation 100m brasse, Lynnzee Brown en gymnastique artistique, et Metellus en judo chez les -73kg. Ces deux derniers sont par ailleurs aussi les porte-drapeau de notre pays. À l’issue de sa défaite face au Taiwanais Masayuki, Metellus a préféré retenir le côté positif, à savoir défendre les couleurs du pays, mais surtout, la présence et le soutien de supporters haïtiens qui lui ont fait chaud au cœur.
Les espoirs de remporter une médaille reposent dorénavant sur Borzor en athlétisme (100m), Chatfield toujours en athlétisme (100m haies), et Chouloute en natation (50m libre). Autant dire que les chances de réussite sont extrêmement minces tant la compétition est rude dans ces disciplines, avec des records mondiaux stratosphériques.
Il faut dire qu’historiquement, nos athlètes se distinguent principalement en athlétisme et en boxe. Inspirés par les succès de nos voisins cubains, nos boxeurs ont compris que la clé du succès, c’est le travail. Ils se sont donc mis à se préparer avec une rigueur quasi militaire, où le hasard n’a plus sa place.
Pour qu’Haïti espère remporter des médailles aux futures compétitions internationales, il est impératif de mettre en place une stratégie sportive nationale cohérente et durable. En premier lieu, il faut investir dans des infrastructures modernes et accessibles. La construction de centres sportifs polyvalents à travers le pays permettra aux jeunes athlètes de s’entraîner dans des conditions optimales et de développer leur potentiel.
Ensuite, la formation des entraîneurs doit être une priorité. Des partenariats avec des pays ayant une tradition sportive solide peuvent offrir des opportunités de formation avancée. Ces entraîneurs formés pourront ensuite transmettre leur savoir et leurs techniques aux jeunes athlètes haïtiens, créant ainsi un cycle vertueux de compétence et d’excellence.
Le soutien financier aux athlètes est également crucial. Des bourses sportives et des subventions peuvent aider nos athlètes à se concentrer sur leur entraînement sans se soucier des contraintes financières. De même, il faut miser sur des programmes de détection de talents dans les écoles et les communautés locales afin de repérer et de soutenir les jeunes prometteurs dès leur plus jeune âge. Combien de jeunes talentueux sont passés sous le radar, alors qu’ils auraient pu nous rapporter plusieurs médailles.
Il faudrait aussi que le futur gouvernement se penche sur la création d’une fédération sportive nationale bien structurée, capable de coordonner les efforts et de garantir la continuité des programmes sportifs. Cette fédération doit travailler en étroite collaboration avec tous les intervenants potentiels pour mobiliser les ressources nécessaires.
Il est également important de promouvoir une culture sportive au sein de notre population. Aujourd’hui, les jeunes sont plus attirés par le gain facile proposé par les gangs. Or, les médias, les campagnes de sensibilisation gouvernementales et les événements sportifs locaux peuvent encourager les jeunes à s’engager dans le sport et à rêver de représenter leur pays sur la scène internationale. Et pourquoi pas, Haïti aura aussi son Usain Bolt aux prochains JO.
Stéphane Boudin
