Dans un monde où le football est bien plus qu’un simple jeu, la performance de l’équipe nationale féminine de football d’Haïti, les Grenadières, lors de la Coupe du Monde 2023, est devenue une source d’inspiration. Leur parcours héroïque en Nouvelle-Zélande et en Australie n’est pas seulement un exploit sportif ; il est un symbole de résilience, de détermination et d’espoir pour toute une nation.
L’histoire des Grenadières est marquée par des défis immenses. Et dire qu’avant même le coup d’envoi, notre football venait à peine de se relever du scandale qui avait secoué la Fédération Haïtienne de Football (FHF) avec des allégations d’agressions sexuelles de ses dirigeants, dont l’ex-Président Yves Jean-Bart, alias Dadou. Malgré ces circonstances troublantes et de nombreux manquements managériaux, l’équipe haïtienne s’est qualifiée de manière héroïque et a fait preuve d’une tenue remarquable.
Face à des géants tels que la Chine, l’Angleterre, championne d’Europe en titre, ou le Danemark, les Grenadières ont tenu tête. Leur courage et leur esprit combatif les ont vus perdre seulement par de petits écarts, souvent sur penalty. N’eut été le manque de réalisme devant les buts et l’inexpérience des grandes compétitions, elles pouvaient même aspirer de faire partie du carré d’as.
Le succès des Grenadières n’est pas simplement une victoire sur le terrain. Il résonne comme un appel pour le peuple haïtien. Il démontre la possibilité de pouvoir surmonter les adversités, de briser les barrières et de créer une histoire inspirante malgré les obstacles. Leur parcours inspire confiance dans la possibilité de reconstruire et revitaliser un pays qui a tant souffert.
Mais ce n’est que le début. Il faut maintenant capitaliser sur la vague de succès et dupliquer la réussite des Grenadières dans d’autres domaines avant que l’euphorie post-Coupe du Monde ne retombe. Il y a là une opportunité en or pour galvaniser un mouvement national de progrès et de changement.
Le courage, la détermination et l’unité affichés par les Grenadières doivent devenir le modèle pour le reste du pays. Leur histoire doit être un catalyseur pour l’éducation, la santé, l’économie, et toutes les sphères de la vie haïtienne. Le temps est venu d’embrasser cet esprit héroïque et d’utiliser le football comme un véhicule pour un développement national plus large.
Le parcours des Grenadières a montré au monde ce que le peuple haïtien est capable d’accomplir. À travers l’amour du football, elles ont réveillé un sentiment de fierté et une foi renouvelée dans l’avenir. Leur histoire n’est pas simplement celle d’une équipe qui a surpassé les attentes ; c’est le récit d’une nation qui trouve l’inspiration pour se reconstruire.
Pour revenir au scandale qui a secoué la FHF, cet épisode a été un moment sombre, un moment qui a nécessité une intervention de l’extérieur. La FIFA, instance dirigeante du football mondial basée à Zurich, a joué un rôle clé dans la résolution de cette crise, et ce, avec le soutien et la contribution de Michaelle Jean, membre de la diaspora haïtienne, qui a bien voulu superviser la délicate phase de transition. Leur intervention conjointe dans cette affaire reflète une leçon cruciale pour Haïti.
Le renouveau de la FHF n’est pas seulement une métaphore, mais un modèle concret de ce qui doit se passer à travers Haïti aujourd’hui. Le pays, dans son état actuel, nécessite une aide internationale, une intervention extérieure conjuguée à l’engagement et à l’amour de la diaspora pour Haïti.
La contribution de Michaelle Jean dans le règlement du scandale est un exemple concret de la façon dont les talents de la diaspora haïtienne peuvent être mobilisés. Politiciens, économistes, médecins, journalistes, hommes d’affaires, artistes, et autres, tous ont un rôle à jouer dans le rétablissement d’Haïti. Ils peuvent aider le pays à se relever, à combattre la corruption et les gangs, et à bâtir la nation sur des bases saines et solides.
Haïti a toujours eu une relation complexe et riche avec sa diaspora. Les talents et les compétences de ceux qui vivent à l’étranger sont une ressource inestimable qui doit être cultivée et utilisée pour le bien du pays. L’engagement de la diaspora n’est pas seulement une nécessité ; c’est une opportunité.
L’exemple du football haïtien, du rôle de la FIFA, et de la contribution de la diaspora dans le règlement du scandale de la FHF sont une feuille de route pour le futur. Ils montrent que les problèmes d’Haïti ne peuvent être résolus uniquement de l’intérieur. Une collaboration efficace et significative avec la communauté internationale, et l’exploitation des ressources et des talents de la diaspora, peuvent faire la différence.
Certes, la reconstruction d’Haïti ne sera pas une tâche facile. Elle exigera du temps, de l’effort, de la détermination et une volonté de travailler ensemble. Le parcours héroïque des Grenadières doit être un rappel constant que l’impossible peut devenir possible.
Le moment est venu pour Haïti de rassembler toutes ses forces, à l’intérieur comme à l’extérieur, pour créer un avenir plus prometteur. La contribution de chacun, qu’il soit sur le sol haïtien ou dans la diaspora, sera primordiale au grand chantier de reconstruction. Comme les Grenadières l’ont montré sur le terrain, le jeu n’est jamais fini tant que la volonté de gagner demeure. Il en va de même pour la nation haïtienne. Le match continue, et l’avenir est entre les mains de celles et ceux qui choisissent d’entrer sur le terrain pour gagner, et non pour faire semblant.
Stéphane Boudin