Par Dessalines Ferdinand

Le Kompa, musique intemporelle qui fait partie de la vie des Haïtiens, se voit offrir une nouvelle vitrine à travers le film ‘Deux Moi’ écrit et réalisé par le cinéaste français Cédric Klapisch. Cette comédie dramatique, sortie en salle en septembre dernier et aujourd’hui disponible en DVD, raconte l’histoire de deux jeunes trentenaires parisiens du 18ème arrondissement, Rémy (François Civil) et Mélanie (Ana Girardot), qui tentent de briser leur solitude en essayant de faire de nouvelles rencontres. Habitant 2 immeubles mitoyens, ils vont user de tous les moyens, notamment les réseaux sociaux, pour essayer de trouver l’âme sœur. Leurs destins parallèles vont tout de même s’entrecroiser à de multiples reprises, notamment par l’intermédiaire de l’épicier du quartier qui essaie de promouvoir les cours de Konpa donnés par son beau-frère en ayant recours à des formulations captivantes du style : “le Konpa, c’est l’accord des corps”.

Cédric Klapisch, à qui un festival sera consacré en région parisienne en mai prochain, n’est pas un inconnu du monde du 7ème art en France. Il a produit plusieurs longs métrages à succès, comme Un air de famille (César du meilleur scénario original 1997) ou L’Auberge espagnole. Pour son dernier film, le réalisateur était à la recherche d’une danse de couple attrayante et gracieuse. Il avait dans un premier temps pensé à la salsa, au Rock ou à la valse, avant qu’il ne jette son dévolu sur le Konpa. Pour le réalisateur, le Konpa est une danse plus sensuelle, plus simple et plus actuelle. Encore méconnue en Métropole, c’était là une excellente opportunité de faire découvrir aux Français une danse séduisante et leur montrer que les musiques des caraïbes ne se limitent pas au reggae, zouk, Bachata ou salsa. Pour Klapisch, le Konpa lui rappelle le slow qu’il pratiquait durant sa jeunesse. Un genre musical connu à l’époque pour bercer les histoires amoureuses de jeunes couples lors de soirées dansantes. Le Konpa s’inscrit un peu dans la même catégorie, pouvant être considéré à la fois comme une danse sensuelle et de contact sans être pour autant érotique.

Le réalisateur lui-même reconnaît qu’il ne connaissait pas le Konpa avant de le découvrir grâce au documentaire de Miguel Octave, ‘La Martinique, seconde patrie du Konpa?’. Pour jouer le rôle de profs de danse dans le film, le réalisateur fait appel à des professionnels. Il s’agit en l’occurrence de Dady Saint-Thomas (qui garde son nom dans le film) et de sa compagne Emanuelle Ara. Dady est né et a grandi en Haïti avant d’aller s’établir en France il y’a 20 ans de cela. Il y a ouvert une école de danse afin de vulgariser la musique konpa qu’il trouve, à juste titre, aussi belle et riche que les autres musiques des caraïbes. Concernant sa participation au film ‘Deux Moi’ le choix de Dady s’est fait tout naturellement d’après le réalisateur qui a trouvé en lui un véritable ambianceur qui arrive à mettre facilement les gens à l’aise grâce à sa spontanéité et sa bonhomie. Le passage de chorégraphe à acteur s’est donc fait sans accroc, d’autant plus que Klapisch a préféré guider Dady dans son improvisation au lieu de lui donner un texte à réciter. Cela a donné lieu à quelques belles répliques comme ‘si vous savez marcher, vous savez danser’. Côté son, le réalisateur a été séduit par l’immortel Gesner Henry dit Coupé Cloué (10 Mai 1925 – 29 Janvier 1998) dont il a repris le morceau « Mon konpè/Ti Bom » tiré de son Disque D’or Vol. 3 pour accompagner les pérégrinations chorégraphiques des acteurs principaux. Nul doute que ce film va permettre au public français de découvrir un peu plus le Konpa, et pourquoi pas s’initier à ses pas de danse envoutante.

 

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