Plusieurs policiers haïtiens ont été tués vendredi 12 mars à Port-au-Prince au cours d’une opération menée contre les gangs qui contrôlent plusieurs quartiers pauvres de la capitale. Suite à un conseil des ministres au Palais national, deux jours auparavant, (mercredi 10 mars) des décisions ont été prises pour que la paix et la sérénité reviennent dans les foyers et dans certains quartiers.

L’opération contre les gangs s’est déroulée à Village de Dieu (zone du Bicentenaire), le fief du chef de gang Izo, de ‘Baz 5 segonn’. Des rafales de tirs d’armes automatiques ont résonné toute la matinée dans ce bidonville situé en bord de mer au cœur de la capitale haïtienne.

C’est une zone stratégique pour la lutte contre les enlèvements crapuleux, a rappelé le directeur général de la police Léon Charles lors de sa très brève prise de parole samedi midi : « L’opération d’hier était une phase décisive dans l’action que nous avons déjà menée contre ce phénomène parce que c’est l’un des endroits où ils gardent la majorité des gens qu’ils kidnappent. Dans cette opération, nous avons perdu quatre policiers. Huit autres sont blessés : cinq sont déjà sortis de l’hôpital, les trois autres sont dans un état stable. »

Sur les ondes des radios locales, les familles des agents tués ont imploré aussi bien les autorités, la police que les chefs de gangs de leur remettre les dépouilles de leurs proches pour qu’ils puissent les enterrer.

Dans sa brève déclaration, le numéro 1 de l’institution policière en a profité pour exprimer sa sympathie aux familles des victimes ainsi qu’à « toute la population qui soutient les efforts de la PNH et qui est estomaquée par la publicité faite avec les corps de policiers qui sont morts ».

M. Charles faisait notamment référence à une terrible vidéo, filmée et diffusée vendredi sur les réseaux sociaux, montrant les corps sans vie de deux policiers d’unités spécialisées ‘SWAT TEAM’ traînés au sol et frappés par des individus non identifiés.

La police n’a pas récupéré les corps de ces policiers tués dans le quartier pauvre de Village de Dieu, aux mains des gangs. Le DG de la PNH Léon Charles n’a pas précisé si les forces de l’ordre ont procédé à une seule arrestation.

Sur d’autres images synonymes d’humiliation pour la police, on voit plusieurs véhicules endommagés de la police haïtienne, dont un véhicule blindé, abandonnés dans ce quartier situé en bord de mer, au cœur de la capitale haïtienne. Des armes automatiques de gros calibre et des équipements de sécurité de la PNH auraient également été récupérés par les criminels.

« Nous avons du matériel qui est resté sur le théâtre des opérations », a reconnu Léon Charles sans fournir de détails.
« Aujourd’hui 12 mars, il s’est passé quelque chose de grave dans Port-au-Prince. La police lutte avec ses maigres moyens pour mettre la population en sécurité, pour la libérer des griffes des bandits. Malheureusement, nous avons nos frères policiers, mes petits frères, qui sont tombés dans cette opération », a déclaré vendredi Jovenel Moïse, au début d’une allocution qui avait été annoncée depuis la veille.

La mainmise des gangs sur le territoire haïtien s’est considérablement accrue ces dernières années. Ces réseaux criminels ont le contrôle total de plusieurs quartiers pauvres et densément peuplés de la capitale, des zones de non-droit qu’ils utilisent comme lieu de détention des personnes qu’ils séquestrent.

Depuis l’automne, Haïti enregistre une recrudescence des enlèvements contre rançon qui touchent indistinctement les habitants les plus riches, et la majorité vivant sous le seuil de pauvreté.
Le bureau des Nations Unies en Haïti a affirmé, dans un communiqué diffusé samedi, qu’il était « impératif que les circonstances entourant les évènements tragiques du 12 mars soient éclaircies, et que les auteurs de cette tuerie soient arrêtés, poursuivis, et traduits devant la justice ».

LE FLORIDIEN

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