(Le Floridien) Miami – Lavarice Gaudin, l’une des figures emblématiques de la mouvance lavalas à Miami pendant la période d’exil de l’ancien président Jean Bertrand Aristide, est décédé ce jeudi 10 novembre dernier, à Saint-Louis du nord, Haïti.

L’ancien membre influent de l’organisation pro-lavalas « Véyé Yo », qui avait son quartier général à la 54è rue au cœur de Little Haiti, était connu pour ses prises de position radicales contre les anciens hauts dirigeants responsables de la défunte armée d’Haïti (FAD’H). Il avait également développé une rancune profonde envers des pays soi-disant amis qui s’immisçaient dans les affaires haïtiennes en suivant une doctrine impérialiste.

Cela a conduit selon lui au sanglant coup d’état de septembre 1991 qui avait renversé l’ancien leader charismatique des pauvres en Haïti.

Ami fidèle de feu Père Gérard Jean Juste (une autre figure de proue du mouvement lavalas), Lavarice forma un trio de choc avec ses camarades activistes Samedi Florvil et Tony Jean Thenor sur les ondes de la station de radio WKAT 1360 AM. On se souvient tous de leur célèbre émission baptisée « Véyé Yo », très écoutée à l’époque et qui a marqué les esprits de toute une génération, positivement ou négativement selon le prisme de lecture des auditeurs.

Si Jean Thenor savait modérer ses discours et mettre de l’eau dans son vin quand il le fallait pour ne pas froisser ceux qui ne partageaient pas ses opinions, le désormais défunt Lavarice était tout son contraire. Considéré comme un front tireur au verbe acéré, il n’hésitait pas à cogner férocement tous ceux qui allaient à l’encontre de l’idéologie lavalassienne, se basant sur une idéologie inspirée de l’anarchisme pur et dur.

Ce trio a progressivement disparu des ondes au retour d’exil du président Jean Bertrand Aristide en octobre 1994. Lavarice fit dès lors des va-et-vient entre Haïti et la Floride jusqu’en février 2004, lorsque l’ex-prêtre de la paroisse Saint-Jean Bosco à La Saline, dans des circonstances peu claires, fut contraint à la démission pour s’enfuir à la Jamaïque, puis en Centrafrique avant de s’installer en Afrique du Sud.

De retour en Floride, le défunt tenta vainement de réactiver le mouvement lavalas avec ses anciens collègues du milieu. Son nom réapparut dans le milieu politique haïtien lors des élections présidentielles de 2010. Sa candidature pour ces élections ayant été rejetée, c’est le chanteur populaire Michel Martelly alias Sweet Micky, qui fut élu 42è chef d’état de la première république noire du nouveau monde.

Après cet échec électoral où il n’a même pas pu livrer bataille, le défunt a fait une croix sur le monde politique, préférant s’impliquer davantage dans l’éducation et le social en Haïti, plus précisément dans les régions un peu reculées, grâce à un partenariat scellé entre ‘Father Jeri School’ (œuvre de feu Père Gerard Jean Juste) et de nombreuses organisations internationales dont Buddhist Global Relief et Haiti Justice Alliance basée à Northfield, Minnesota. Le travail associatif de Lavarice Gaudin avait particulièrement pour vocation de donner accès à l’éducation aux enfants pauvres du pays.

Le décès de l’activiste Lavarice Gaudin constitue un coup dur pour la mouvance lavalas en Floride du sud qui était déjà en panne de leadership depuis la mort du célèbre activiste Père Gerard Jean Juste le 27 mai 2009 à Miami. Si Tony Jean Thenor est bien actif dans le quotidien haïtien à Miami, tel n’est pas le cas pour son ancien collaborateur à la radio Samedi Florvil. Ce dernier a en effet disparu des radars depuis qu’il fait face à des ennuis de santé. Reste à savoir si la mouvance Lavalas survivra à la disparition progressive de ses ténors. L’avenir nous le dira.

DF / Le Floridien

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