Son nom ne vous évoque peut-être rien, mais pas pour la police haïtienne qui l’a placé sur la liste des personnes recherchées. Arnel Bélizaire était sous le coup d’un mandat d’arrêt pour complot contre la sûreté de l’État. L’ex-député de Delmas-Tabarre est ainsi accusé d’avoir proféré des menaces contre la représentation diplomatique américaine en Haïti, contre un établissement scolaire américain ainsi que contre une brasserie qui met en bouteille la célèbre boisson gazeuse Coca-Cola (Brasserie la Couronne). Personnage aussi sulfureux qu’impétueux, il n’est pas avare de déclarations chocs. Arnel peut être classé dans la catégorie de têtes brûlées du monde politique dont il s’est exclu lui-même de par ses actes.
En juillet dernier déjà, il avait été convoqué par le juge d’instruction Chavannes Étienne en tant que témoin pour s’expliquer sur ses liens avec des personnes impliquées dans le massacre de La Saline. Rappelons que le carnage qui a eu lieu à La Saline a fait 80 victimes, dont beaucoup ont été brûlées ou violées. La barbarie et la brutalité de ces crimes ont fait réagir différentes organisations nationales et internationales, dont les Nation-Unies. Elles ont unanimement condamné ces actes inqualifiables et demandé à ce que les responsables soient arrêtés et traduits devant la justice.
L’arrestation d’Arnel Bélizaire intervient après plusieurs tentatives infructueuses. Il y’a quelques jours de cela, le 29 novembre plus précisément, l’activiste politique avait déjà réussi à glisser entre les mains de la police qui était venue le cueillir au moment où il comptait donner une conférence de presse à Saint-Marc. Cette fois-ci, les forces de l’ordre n’ont pas laissé passer leur chance. C’est à l’entrée de Jacmel que la cavale de Bélizaire a pris fin. Samedi à l’aube, ce dernier se trouvait dans un convoi de 3 véhicules tout-terrain. À leur bord, des camarades de l’ex-parlementaire, mais surtout une quantité impressionnante d’armes à feu et de munitions, selon la Police. C’est presque un miracle que l’arrestation se soit déroulée sans dégâts humains ou matériels. Les médias locaux ont rapporté que Bélizaire et ses 7 affidés transportaient avec eux des armes légères de type pistolets ou fusils, des grenades, des chargeurs, des munitions et un équipement de communication. Ce petit monde ne comptait sans doute pas chasser des pigeons avec un tel arsenal.
Aussitôt, le commissaire du gouvernement Jacques Lafontant s’est félicité de cette arrestation et a demandé à ce que le prévenu soit transféré au plus vite vers la capitale. Ce fut chose faite après qu’un hélicoptère eut été réquisitionné pour l’occasion. Une unité d’élite, la SWAT Team, s’est chargée de raccompagner l’ex-élu de Delmas/Tabarre jusqu’à ce qu’il arrive à bon port. Une perquisition menée concomitamment dans un hôtel appartenant au principal accusé a eu lieu à Lakou New York (Jacmel) pour recueillir des éléments pouvant aider la justice dans son enquête. Après cette arrestation réussie, plusieurs questions restent en suspend et devront être éclaircies au cours du procès qui attend Bélizaire. Ce dernier devra notamment s’expliquer sur les armes trouvées en sa possession et l’usage qu’il comptait en faire. À un moment où la violence décime parfois des familles entières, il est plus que temps que notre justice applique avec la plus grande sévérité les sanctions à l’encontre des personnes qui mettent en danger la sécurité de notre pays.
Le Floridien