LITTLE HAITI (Le Floridien) — Sous le patronage du ministère de la Culture et de la Communication (MCC), des artistes haïtiens ont pu exposer leurs œuvres à ‘Little Haiti Cultural Center’ du 5 au 9 décembre. Peinture, sculpture, mode, artisanat, et graffiti et musique étaient à l’honneur lors de cette 5ème édition de l’Art Beat un événement qui vise à promouvoir la culture haïtienne en marge de du festival Art Basel. Le ministre de la culture et de la Communication du gouvernement Moïse-Ceant, Jean Michel LAPIN, a spécialement fait le déplacement pour venir apporter son soutien et s’enquérir en personne du déroulement de cette manifestation qui permet à la riche culture haïtienne de rayonner sur le plan international.

La culture haïtienne se fait une place grâce au “festival Art Beat Miami”

Art Basel Miami Beach est la version américaine de la Foire de Bâle d’art contemporain d’où elle tire son nom (Basel en Anglais). En marge de cette manifestation culturelle se déroule l’Art Beat Miami, une foire annuelle qui présente des artistes émergents et de renommée venant d’Haïti, mais aussi du monde entier. Se déroulant au cœur de Little Haiti (Petite Haïti), Art Beat est organisé par Little Haiti Optimist Foundation et Northeast Second Avenue Partnership (NE2P), avec le concours du photojournaliste et lauréat du prix Pulitzer Carl Juste qui officie en tant que commissaire d’exposition.

Cette année encore, le programme fut riche et varié avec au menu la présentation de peintures murales, la mise en place du ‘Free Art Fair’ qui a permis d’exposer les œuvres de plus de 30 artistes locaux, nationaux et internationaux, ainsi que l’organisation de séances d’échanges entre les visiteurs et les artistes. Des événements culinaires comme le Spice ir Up ! Miami et le Chefs of the Caribbean Celebrity Brunch ont permis de mettre en avant la gastronomie caribéenne et haïtienne grâce à la contribution de certains chefs cuisiniers talentueux comme le chef Creole, Danny, Duprat, Jenny Risonne, Irie, Rose et Dominique. La poésie avait également son mot à dire dans cet agenda culturel intense avec le ‘Poetic Lakay’ qui a permis à des poètes en herbe de se produire sur une scène d’expression ouverte à tous. Ce genre de représentations en créole haïtien aident d’ailleurs à maintenir fonctionnel le cordon ombilical entre la diaspora haïtienne et son pays d’origine.

Le ministre de la Culture Jean Michel Lapin accompagne le rayonnement culturel haïtien

Cette année, un haut responsable du gouvernement haïtien, en la personne du ministre de la Culture et de la Communication, Jean Michel Lapin, a fait le déplacement pour assister au festival Art Beat Miami. C’est d’ailleurs son ministère de tutelle qui a sponsorisé cette année la venue d’un groupe de cinq artistes haïtiens venus exposer les richesses culturelles de leur pays. Un total de 7 artistes qui ont fait le voyage spécialement d’Haïti ont ainsi pu présenter leurs œuvres, notamment les stylistes Felixia Dell de “Vèvè Collection” et Gaetanne Charlotin de “Kouzin Ayiti”, les artistes peintres Valérie Noisette, Teeyah et Françoise Hazel, le graffeur Jerry Moise ainsi que le sculpteur Josué Blanchard. C’est la deuxième fois que le MCC s’allie au ‘Art Beat’ pour permettre aux artistes nationaux de présenter leurs œuvres et d’élargir leurs horizons. Ce genre d’événement permet également aux artistes de la diaspora et d’Haïti de se retrouver pour échanger, découvrir les dernières tendances et mettre à jour leur bagage culturel.

Malgré un agenda chargé, le nouveau ministre a tenu à faire le déplacement lors de la journée de clôture afin de partager sa vision sur le rôle de la culture dans le rayonnement de son pays. Il a surtout annoncé certains projets qui scelleront des partenariats bipartites entre les artistes locaux et ceux de la diaspora qui exercent en dehors du territoire national, notamment aux États-Unis. Depuis sa nomination à la tête du Ministère de la Culture et de la Communication (MCC) le 18 septembre dernier, Jean Michel Lapin semble très bien endosser son nouveau costume de défenseur de la culture haïtienne. Fort de 30 ans d’expérience dans l’administration publique, il entend redonner un nouveau départ à un département à bout de souffle qui a toujours été négligé par les différents gouvernements successifs. Le chantier est immense et nécessitera beaucoup de temps, d’énergie et de moyens. Le nouveau ministre semble conscient des défis qui l’attendent puisqu’il n’a pas perdu de temps pour s’atteler à la tâche.

A-t-on enfin compris qu’un pays sans culture n’a pas d’âme ?

La culture est comme une plante, il faut continuellement l’arroser et en prendre soin pour pas qu’elle dépérisse. Rien n’est jamais acquis dans la vie. Et cela vaut également pour la culture. Que ça soit à travers les monuments historiques, la musique, la peinture, l’artisanat, la gastronomie ou encore la littérature, il est primordial de veiller sur nos racines et de transmettre nos valeurs et notre héritage aux générations futures. Dans un monde soumis au rouleau compresseur qu’est devenue la mondialisation, il est plus que jamais nécessaire de consolider notre arbre culturel pour que ses racines puissent s’ancrer encore plus solidement au sol et nous préserver contre toute “érosion”. Tout le monde sait que la culture occidentale en général, et Américaine en particulier, grignote inexorablement du terrain face aux autres cultures souvent considérées injustement comme secondaires. Cette domination culturelle rampante, que certains estiment comme une nouvelle forme de colonialisme, peut nous donner un sentiment d’impuissance et nous laisser croire que la tâche de protéger et de préserver notre patrimoine pour la postérité est insurmontable. Mais il n’en est rien. Nous avons la possibilité, voire le devoir de conserver notre richesse culturelle, qu’elle soit matérielle (musées, monuments, archives, livres…) ou immatérielle (folklore, histoire orale, musique, langue), pour peu qu’on s’en donne la peine.

Malheureusement, lorsqu’un pays traverse une crise politique majeure accompagnée d’une crise économique et sociale comme c’est le cas pour Haïti depuis quelques années déjà, la culture devient le parent pauvre des politiques. Avec un budget famélique et des moyens dérisoires, il devient presque impossible de sauvegarder tous nos monuments historiques et nos musées. Certains sont d’ailleurs dans un état déplorable et donnent de la peine à voir. Heureusement, des organismes internationaux comme l’UNESCO nous permettent de sortir un peu la tête de l’eau en restaurant des monuments de premier plan comme la citadelle la Ferrière. Cette dernière dispose d’une impressionnante collection de canons qui a failli disparaître à la fin des années 70. Le musée national quant à lui a réussi à survivre au puissant séisme qui a dévasté Haïti en 2010 grâce à sa configuration semi-enterrée. Des circonstances heureuses dont le pays a bien besoin et qu’on aimerait qu’elles se renouvellent plus souvent. Comme disait le roi Christophe qui s’était donné pour emblème le phénix : «je renais de mes cendres».

DF/LE FLORIDIEN

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