Joe Biden, le 46ème Président des États-Unis, n’a pas attendu longtemps avant de s’attaquer aux choix politiques les plus controversés Donald Trump. Biden a en effet signé pas moins de 12 décrets qui annulent des décisions de son prédécesseur, que ce soit sur le plan économique, migratoire ou sanitaire. Le nouveau locataire de la Maison-Blanche semble pressé de remettre son pays sur le droit chemin après 4 ans d’errements chaotiques. Un chiffre qui montre cette envie de ne pas perdre de temps, Biden a signé 34 décrets en seulement une semaine, ce qui constitue un record en la matière. Durant sa campagne, Biden avait également promis de satisfaire les attentes de la communauté haïtienne sur un certain nombre de sujets. Bien que le délai soit assez court pour tirer des conclusions, quelques signaux positifs montrent déjà à quoi les Haïtiens peuvent s’attendre durant les 4 prochaines années.

Sur le plan migratoire tout d’abord, Biden n’a pas tardé à mettre fin à une des politiques les plus controversées de Trump, à savoir l’expulsion de manière quasi systématique de tous les Haïtiens sans-papiers, bien que leur pays d’origine connaisse des troubles sociopolitiques majeurs. Pire, Trump avait en ligne de mire la TPS qu’il voulait également abroger. L’arrivée de Biden change complètement la donne pour les migrants qui commencent enfin à voir le bout du tunnel. Ainsi, un moratoire de 100 jours a été annoncé pour faire cesser les expulsions, notamment celle des Haïtiens. Aussi, l’administration Biden a clairement défini une feuille de route pour permettre aux bénéficiaires de la TPS de pouvoir décrocher dans un avenir proche la Green Card qui les sortira de l’incertitude dans laquelle ils vivent depuis des années. Mieux, les migrants qui sont arrivés aux États-Unis alors qu’ils étaient mineurs, ceux qu’on appelle communément les Dreamers, pourront rester 4 ans de plus sur le sol américain grâce à un nouveau décret signé par Biden, le temps que le Congrès vote une nouvelle loi pour leur accorder la nationalité américaine.

Sur le plan économique, alors que la communauté haïtienne, notamment celle vivant en Floride, est frappée de plein fouet par la crise engendrée par la Covid-19, Biden avait là aussi promis qu’il allait tout faire pour favoriser la création d’emplois, mais aussi d’améliorer le pouvoir d’achat de la population. Pour ce faire, Biden a déjà mandaté son équipe à commencer les tractations avec les républicains pour doubler le salaire minimum qui devrait passer de 7,25$ à 15$. Une augmentation qui est considérée par beaucoup comme une réelle révolution sociale puisqu’elle permettrait de sortir une large frange de la population de la précarité. Le patronat lui n’est pas de cet avis et se montre plutôt sceptique, car il juge que cette proposition va faire augmenter les coûts et les rendra moins compétitifs. Un argument que les démocrates balaient d’un revers de la main puisqu’ils pensent au contraire que de meilleurs salaires vont relancer la consommation des ménages, et donc la croissance de l’économie.

L’autre sujet brûlant qui préoccupe particulièrement la communauté haïtienne concerne la situation sociopolitique dans leur pays d’origine. L’administration Trump était clairement en faveur de Jovenel. Elle l’a laissé faire et a fermé les yeux face à ses dérives autoritaires. La dernière en date n’est autre que l’organisation d’un référendum sur la nouvelle constitution, un passage en force qui lui permettrait d’éliminer le poste de Premier ministre, mais aussi de se débarrasser du Sénat qu’il juge inutile. Soyons honnêtes et ne jetons pas le bébé avec l’eau de bain. Il y a des choses intéressantes dans ce nouveau texte, personne ne dit le contraire. Ce qui dérange, c’est la méthode utilisée pour le faire passer.

Concernant la politique extérieure de Biden, et étant donné que les démocrates contrôlent désormais les deux chambres, ils ont dorénavant les coudées franches pour exercer une pression supplémentaire sur Jovenel afin qu’il mette un terme à ses dérives autoritaires. Certains élus comme celui du Michigan, Andy Levin, ne cachent plus leur désir de remplacer Jovenel par un gouvernement de transition qui organiserait de nouvelles élections libres et transparentes. Là encore, même si l’intention est noble, cela s’apparente à de l’ingérence dans les affaires d’un pays souverain. Même les Haïtiens de Floride qui ne sont pas d’accord avec la politique de Jovenel ne veulent pas que la solution soit ‘imposée’ de l’extérieure comme par le passé. Car l’époque où le grand Oncle Sam faisait et défaisait les régimes à sa guise est révolue.

Une semaine à peine après avoir prêté serment, Biden semble donc sur la bonne voie pour respecter ses engagements envers la communauté haïtienne. Mieux, la majorité voit d’un bon œil le rythme accéléré avec lequel il met en place les réformes les plus urgentes. Car les élections de mi-mandat pourraient rebattre les cartes au niveau du Congrès et du Sénat avec un éventuel retour des républicains. Or on sait que ce genre de cohabitation empêche le Président élu de mettre en place son programme politique. D’ailleurs, un certain Barak Obama en avait fait l’amère expérience.

Stéphane Boudin

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