Par Harold Bastien
En Haïti, la justice reste de nos jours impuissante à juger, impuissante à condamner. Les portes de la justice restent ouvertes aux pressions politiques, situation qui altère le bon fonctionnement de notre système judiciaire. Lorsque dans un pays la justice est sans force et que la police n’a pas les moyens adéquats pour contrecarrer les délinquants, , ce pays est appelé à aller de crise en crise,, de trouble en trouble, d’agitations en agitations.
Le système judiciaire haïtien exige une réforme effective. Cette réforme doit envisager le renforcement de l’autorité des juges . Faire de la police et de la justice les gardiennes de la sécurité de tous..La justice haïtienne doit rechercher l’équilibre de notre société, reconnaitre à chacun son droit, protéger l’individu contre la pression collective et défendre notre société contre le bon plaisir de l’individu.
Dans toute société civilisée, il n’y a personne qui soit au-dessus de la loi , personne n’est à l’abri du contrôle de la justice et personne ne doit chercher à interférer dans son action.. On doit cesser d’attaquer la justice . Les attaques contre la justice, qu’elles soient fondées ou non, peuvent contribuer à réduire la justice à l’impuissance et abîmer durablement sa crédibilité.
En Haïti, la justice doit servir à rétablir l’équilibre social. Pour y arriver, il faut éviter le moune-partisme, l’intérêt politique et le parti-pris . Il faut une justice indépendante pour freiner le déchainement des passions et des violences. La justice que nous voulons doit être capable de punir les criminels qui troublent la paix sociale et conduisent notre société à l’insécurité et au chaos. Les décisions de justice ne doivent pas être rendues sous la pression de la rue ni sous la pression de personne, mais selon les textes de loi. Le climat d’insécurité qui ronge le tissu social du pays est un phénomène révélateur d’une situation très grave. Il faut apporter à ce malaise des réponses par l’action et non par des discours stériles. La police et la justice sont donc en première ligne pour apporter cette action corrective.
La police et la justice ne doivent pas être des institutions tombées en faillite. Auquel cas, les individus vont continuer à se faire justice eux-mêmes, et dans ce cas on va assister jour après jour à des scènes de règlements de compte, des actes de kidnapping et de banditisme.. La police doit avoir la détermination d’arrêter les criminels et la justice le courage de les punir pour permettre à notre société de fonctionner dans la tranquilité.
En Haïti, l’insécurité engendre la peur et le découragement . Pas un jour sans pleurs, pas un jour sans douleur, pas un jour sans soupirs d’exaspération. Nous vivons dans une société de souffrance et de chagrin. Il est bien temps pour notre justice d’inspirer confiance en collaboration étroite avec la police afin de mettre hors d’état de nuire les malfaiteurs qui ne cessent d’importuner les gens bien.
Dans les réformes à envisager, il faudra également porter une grande attention sur le respect des droits humains, sur la dignité humaine dans les prisons. Le condamné doit rester un homme ayant sa chance de redevenir encore un citoyen après avoir purgé sa peine. L’État doit être exemplaire dans la punition, mais aussi dans le respect des droits humains.
L’application des sanctions et de la punition fait obligation. Il faut rendre à la sanction son efficacité si l’on veut assurer la paix publique , si l’on veut mettre fin au trouble social causé par les différents groupes de bandits. Une société troublée comme la nôtre doit retrouver dans le règne de la justice et l’efficacité de l’action de la police sa force et son équilibre. Notre justice et la police doivent quelque chose à notre société. Ce qu’elles lui doivent c’est un peu de crédit, un peu de confiance.