Depuis quelques années déjà, le tourisme en Haïti est au point mort. Après les séismes successifs qui ont détruit les infrastructures et établissements hôteliers, la violence liée aux gangs est venue donner le coup de grâce à une activité déjà moribonde. De sorte qu’il est très rare de voir des touristes étrangers débarquer pour visiter notre pays et y déambuler comme dans le bon vieux temps. En effet, qui oserait s’aventurer dans un pays où vous risquez d’être kidnappé à tout moment, transformant vos vacances en cauchemar pour vous et votre famille? La sécurité en Haïti n’offre pas les garanties nécessaires pour les touristes, et encore moins pour les investisseurs désireux de reconstruire ou bâtir de nouvelles unités hôtelières.

Que faire alors? Se tourner vers le gouvernement? Celui-ci ne semble pas être en mesure de faire quoi que ce soit, étant complètement débordé par le désordre régnant sur place. Reste la diaspora, qui une fois encore, peut jouer le rôle de catalyseur pour relancer une industrie totalement détruite par des années d’insécurité et d’instabilité politique.

Un groupe d’Haïtiens vivant en Floride a ainsi pris une belle initiative en organisant un pic-nic en Haïti le temps d’un week-end. Le but étant de remettre Haïti sur la map-monde comme on dit, et d’en faire une destination atypique pour les touristes à la recherche de nouvelles sensations.

Les invités, élégamment vêtus en blanc, seront conviés à un lieu tenu secret à Cap-Haïtien. Ils doivent se rencontrer le temps d’un dîner organisé sous le thème ‘réimaginer Haïti’. Environ un millier d’invités sont attendus. Ce chiffre reste bien entendu bien loin des 1,3 millions de touristes reçus en 2018, mais c’est un premier pas.

Car, il faut dire qu’en plus des violences et des enlèvements dans notre pays, le Covid-19 n’a pas amélioré les choses. En effet, durant 2 longues années, le tourisme mondial a connu une période de crise inédite. Même les grands pays touristiques comme la France ou l’Italie ont souffert. Haïti n’a malheureusement pas échappé à cette crise mondiale. Le tourisme, qui était déjà mal en point, s’est alors complètement effondré.

Mais si le gouvernement veut véritablement que les touristes reviennent à nouveau dans notre pays, il faudra impérativement trouver une solution au problème de l’insécurité. La région côtière des Arcadins, qui était jadis un lieu de villégiature pour les visiteurs désireux de profiter des belles plages, n’est plus que l’ombre d’elle-même. Les hôtels restent désespérément vides, malgré les appels incessants des propriétaires qui réclament des mesures concrètes de la part des différents gouvernements pour assurer un minimum de sécurité.

En effet, les violences à la sortie nord de la capitale dissuadent les touristes à se rendre vers cette côte paradisiaque. La zone sud du pays n’est pas mieux lotie, puisque les touristes qui veulent s’y rendre doivent passer par Martissant, un quartier coupe-gorge où même la police ne s’ose plus s’aventurer.

Pour ainsi dire, lorsqu’un touriste débarque à l’aéroport international de Port-au-Prince, il lui est très difficile de quitter la capitale par route sous peine d’être malmené par des gangs qui risquent de lui faire découvrir un autre type de ‘tourisme’.

Face au manque de perspectives, les hôtels ferment les uns après les autres. Le phénomène est particulièrement visible dans les endroits autrefois connus pour leurs activités foisonnantes, comme Labadie au Cap-Haïtien.

Malgré cet environnement compliqué, la communauté haïtienne vivant en Floride ne cesse d’essayer de trouver des solutions pour relancer le secteur touristique. Certains rassemblent leurs économies pour ouvrir une maison d’hôte, d’autres organisent des événements socio-culturels pour refaire découvrir la destination et ne pas la laisser plonger dans l’oubli.

Les atouts socio-culturels et géographiques que possède Haïti rendraient jalouses de nombreuses nations dans le monde. Pourtant, nous n’en profitons pas. Et c’est bien dommage.

Le 12 août dernier, Cap-Haïtien a célébré son 352è anniversaire. Occasion pour organiser des activités culturelles et artistiques qui ont attiré de nombreux fêtards. La rue principale a connu une grande affluence qui voulait profiter de l’animation offerte. Les artisans et les vendeurs se sont joints à la fête pour relancer le commerce local. Une telle ferveur fait plaisir à voir et laisse espérer un futur plus radieux pour notre pays. Cela montre une fois de plus que malgré les difficultés, le peuple haïtien peut compter sur sa résilience pour se relancer. Et il peut aussi compter sur la communauté haïtienne installée à l’étranger qui n’a qu’une seule ambition, redonner le sourire à ses frères et sœurs restés au pays.

Stéphane Boudin

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