( LE FLORIDIEN ) — Retenez bien son nom! Presnel Kimpembe. Ce jeune joueur d’à peine 22 ans est devenu en peu de temps un titulaire indiscutable cette saison au sein du Paris-Saint-Germain (PSG). Il forme avec Thiago Silva et Marquinhos la charnière centrale de la défense parisienne, une des meilleures en Europe en ce moment. Tout le monde garde en mémoire son impressionnant volume de jeu et sa prestation de haute volée lors de l’inoubliable victoire 4-0 face au grand Barça de Messi et consorts au Parc des Princes. Kimpembe, c’est aussi l’un des 23 membres de cette nouvelle génération dorée des bleus qui vient d’offrir à la France sa deuxième coupe du monde de son histoire lors de l’édition 2018 organisée en Russie.

Natif de Beaumont-sur-Oise au Val-d’Oise, Presnel Kimpembe est né de père Congolais (RDC) et de mère Haïtienne. Grâce à lui, de nombreux amateurs de football haïtiens ont pu eux aussi gouter à la joie de célébrer une victoire en coupe du monde puisqu’un enfant du pays a pu gravir la dernière marche du podium. Même s’il n’a joué qu’un seul match lors de ce tournoi (durant la phase de groupe contre le Danemark), il est considéré par beaucoup d’observateurs comme un élément clé dans le maintien d’une bonne cohésion du groupe France, aussi bien sur le terrain que dans les vestiaires. Beaucoup apprécient sa bonne humeur, sa disponibilité et ses qualités d’ambianceur qui permettent, lors de matchs décisifs, de faire relâcher la pression accumulée sur les épaules de ses partenaires. Dans l’une des vidéos qu’il a d’ailleurs postée sur les réseaux sociaux, on le voit initier les autres joueurs à la musique Compas, en l’occurrence sur le morceau Bang Bang de la défunte formation Carimi. Cela montre une fois de plus qu’il n’a pas oublié ses racines haïtiennes, malgré sa récente notoriété, et qu’il représente son pays d’origine de la plus belle des manières en étant un de ses meilleurs ambassadeurs aussi bien sur le plan sportif… qu’artistique. De quoi mettre du baume au cœur de ses compatriotes insulaires.

Dans pareilles circonstances, on doit également, nous Haïtiens, nous remettre en question pour comprendre pourquoi nos enfants réussissent mieux dans leur nouveau pays d’accueil plutôt qu’en Haïti. En plus de Presnel Kimpembe (il tient son prénom de son grand-père maternel), la liste d’émigrés haïtiens (ou fils d’immigrés) de première ou de deuxième génération ayant percé dans leurs domaines respectifs sont légion : Samuel Dalembert (NBA) – Pierre Garçon (NFL) – Bruny Surin (Médaille d’or aux JO 1996 pour le Canada) – Joachim Alcine (champion du monde poids super-welters boxe) – Jennifer Abel (plongeon) pour ne citer que ceux-là. Alors, comment expliquer un tel contraste dans les résultats entre nos enfants restés au pays et ceux de la diaspora? La réponse est simple. Haïti ne dispose pas de structures de base pour accompagner les jeunes talents, et encore moins pour les détecter précocement. Prenez l’exemple de la France qui vient de montrer une fois de plus qu’on ne devient pas champions du monde d’une discipline sportive par hasard. La Fédération française de football (FFF) a depuis longtemps effectué un véritable travail de fond en installant un peu partout sur son territoire des centres de formation de haut niveau pour accompagner les jeunes talents, les encadrer et les faire progresser jusqu’à ce qu’ils intègrent le milieu professionnel. Cet investissement en amont est indispensable et nécessite à la fois des moyens matériels et humains conséquents. L’effort consenti par l’État français a fini par payer puisqu’en plus du football, l’hexagone a vu l’éclosion de jeunes talents qui se sont imposés ces dernières années dans plusieurs disciplines au niveau mondial comme le handball, le judo, la natation ou encore l’escrime.

D’ailleurs, cette politique d’encadrement peut être calquée et appliquée à d’autres domaines tels que la musique, la danse, la peinture, la gastronomie, le cinéma, le théâtre, etc… Les pouvoirs publics en Haïti semblent oublier que notre jeunesse constitue notre principale richesse. Nos garçons et nos filles sont eux aussi pétris de qualités, de génie et d’imagination qui ne demandent qu’à s’exprimer. Les Français n’ont pas plus de talent que les Haïtiens, mais il est certain qu’eux au moins, ils savent l’exploiter.

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