D’importants rendez-vous électoraux attendent les Haïtiens cette année pour renouveler leur parlement et élire un nouveau Président de la République. En prélude à ces élections, en tant que garant de la bonne marche des institutions, le chef de l’État Jovenel Moise a jugé nécessaire et important de consulter la population haïtienne par le biais d’un référendum constitutionnel qui aura lieu le 27 juin prochain. Ces derniers jours, les regards commencent à se tourner vers le référendum qui devrait permettre la promulgation d’une nouvelle Constitution. Dans le contexte actuel, cette consultation citoyenne revêt une importance capitale non seulement pour l’harmonie et la cohésion sociale mais aussi pour permettre aux haïtiens et haïtiennes de pouvoir mieux s’approprier du contenu de ce grand projet national. Malheureusement, beaucoup ont déjà un avis tranché sur la question sans connaître forcément les améliorations proposées par le nouveau texte. Et c’est justement pour aider la communauté haïtienne vivant en Floride à se faire une idée plus précise sur les avantages de la nouvelle Constitution que le Consul Général d’Haïti à Miami, M. Stéphane Gilles, a eu l’amabilité d’accorder un entretien exclusif au journal Le Floridien.

Réunir tous les Haïtiens autour d’un projet commun

Le projet d’une nouvelle Constitution pour sortir Haïti de la crise politique suscite des débats passionnés, parfois au-delà de la raison. Paradoxalement, tous les Haïtiens sont d’accord pour dire que la vie politique dans notre pays nécessite de profondes réformes. Il est en effet primordial de restreindre la paralysie qui affecte nos institutions chaque fois qu’un nouveau cabinet arrive au pouvoir. Pour beaucoup, la Constitution haïtienne datant de 1987 est désuète et n’est plus adaptée aux réalités politiques, sociétales et économiques du pays. Comme nous l’a si bien rappelé le Consul Gilles, la nouvelle Constitution entend remédier à ces dysfonctionnements en renforçant l’efficacité des pouvoirs de l’État en matière de gouvernance. L’objectif étant de favoriser l’émergence d’un véritable renouveau démocratique et de réconcilier les Haïtiens avec la politique.

Concrètement, la nouvelle Constitution prévoit la suppression du Sénat ainsi que le poste de Premier ministre. À la place, la tête de l’exécutif sera constituée d’un duo formé par un Président et un Vice-Président, un peu à l’image des grandes démocraties. Cette réorganisation au sommet de l’État permettra une plus grande efficience dans la prise de décision, notamment lorsqu’il s’agit de voter des lois ou ratifier des traités ou des nominations. Autre fait marquant, le renforcement de l’indépendance du pouvoir judiciaire qui sera chapeauté par la Cour de cassation. Là aussi, souligne M. Stéphane Gilles, ce changement répond aux attentes des Haïtiens qui sont nombreux à exiger une indépendance totale des magistrats qui doivent exercer leurs prérogatives sans interférence du pouvoir exécutif.IMG_6688

La nouvelle Constitution se veut également plus inclusive, puisqu’elle entend impliquer davantage tous les fils et filles d’Haïti, qu’ils vivent à l’intérieur ou à l’extérieur du pays. La diaspora haïtienne trouvera donc son compte dans la nouvelle mouture de la constitution, elle qui s’est longtemps sentie marginalisée alors qu’elle participe activement au développement économique du pays. Ce projet vise à résoudre une fois pour toute les questions de double nationalité et celles liées à l’implication et à la participation effective de la diaspora dans la vie administrative et politique nationale.

Rendre justice aux jeunes

Haïti est un pays jeune, puisque la moitié de sa population a moins de 21 ans, et que 22% de la population a entre 15 et 24 ans. Or, la sous-représentativité de la jeunesse constitue une “anomalie” inquiétante qui devrait nous interpeller. En ce sens, la nouvelle Constitution permet une meilleure intégration de notre jeunesse au sein de notre société. Pour ce faire, il est envisagé d’abaisser l’âge d’accès aux fonctions électives à 25 ans. Nos jeunes seront ainsi mieux intégrés dans nos administrations, que ce soit au niveau central ou communal. Selon les précisions apportées par le Consul Général d’Haïti à Miami, les jeunes formés et/ou détenteurs de diplôme universitaire pourront briguer des postes impliquant de plus grandes responsabilités. Cela leur permettra de laisser exprimer leur potentiel et de s’épanouir, chose qui ne peut être que bénéfique pour notre pays qui a besoin de toutes ses forces vives pour aller de l’avant.

Favoriser la parité hommes – femmes

Dans un souci d’équité, la nouvelle Constitution permettra, si elle est adoptée lors du prochain référendum, de donner aux femmes les mêmes droits, opportunités et ressources que les hommes, et ce quel que soit le domaine. Il est en effet inconcevable qu’en 2021, les femmes qui représentent un peu plus que la moitié de la population haïtienne soient encore victimes de discriminations à l’emploi. Certes, au cours des dix dernières années, une certaine amélioration a été constatée avec une présence accrue de femmes dans les administrations. Malheureusement, les postes auxquels elles peuvent prétendre sont dans la grande majorité des cas à des niveaux subalternes. En effet, peu de femmes arrivent à décrocher des fonctions à haute responsabilité. Là encore, la réforme constitutionnelle vise à corriger cette injustice en établissant un quota d’au moins 35% de femmes à tous les niveaux de la vie nationale, notamment dans les services publics qui se doivent de donner l’exemple.

La diaspora aura enfin son mot à dire!

La communauté haïtienne vivant à l’étranger est fortement attachée à la terre de ses aïeux. Si beaucoup de nos compatriotes de la diaspora ont été contraints de quitter le pays pour diverses raisons, cela ne les a pas empêchés pour autant de continuer à vouer un attachement inconditionnel à leur alma mater. Pour preuve, les transferts des Haïtiens de la diaspora vers Haïti représentent actuellement presque 30% du PIB; ce qui est énorme. Malheureusement, les Haïtiens de la diaspora ont l’impression, à juste titre, qu’ils ne reçoivent pas la considération qu’ils mériteraient en retour. Or, mis à part la reconnaissance de la double nationalité, la Constitution de 1987 n’offre pas grand-chose aux émigrés haïtiens qui désirent s’impliquer encore plus dans la vie publique de leur pays d’origine.

La réforme constitutionnelle portée par le président Jovenel Moïse entend réparer cette injustice qui n’a que trop duré. Comme nous l’a confirmé le Consul Stéphane Gilles, il est prévu d’ouvrir les portes de l’administration et du gouvernement à nos compatriotes de la diaspora. Le nouveau texte permettra de faire profiter le pays des expériences accumulées par ses enfants vivant à l’étranger, et ce dans différents domaines. Il est en effet dommage de priver notre mère patrie de tous ces talents haïtiens qui pullulent aux États-Unis, au Canada, en France et ailleurs dans le monde.

Et le Consul Général Stéphane Gilles de souligner que tous ces changements prometteurs ne pourront être réalisés que si les Haïtiens en âge de voter participent au référendum qui sera organisé le 27 juin prochain. Il est temps de surmonter nos divergences et d’unir nos forces pour construire Haïti de demain. Comme disait le philosophe Sénèque : «Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles paraissent difficiles». C’est le moment de prendre notre destin en main et de dépasser cette période difficile que nous vivons actuellement.

‘‘Si nous aspirons à plus d’équité, d’ouverture et de justice dans notre pays, alors VOTONS pour la réforme de la Constitution ! Le 27 juin, nous avons un rendez-vous important avec l’histoire et avec notre avenir en tant qu’Haïtiens,’ conclut le Consul Général d’Haïti à Miami.

Tous ensemble, Fils et Filles d’Haïti, faisons progresser notre pays!

D. Ferdinand/LE FLORIDIEN

 

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Contact Us

error: