LITTLE HAITI – Les Haïtiens du sud de la Floride ont commémoré dans la douleur et la tristesse le 2e anniversaire du “12 JANVIER 2010”, date à laquelle un puissant tremblement de terre de magnitude 7.2 sur l’échelle de Richter avait détruit une bonne partie de la capitale haïtienne Port-au-Prince, fait plus de 200,000 morts et laissé plus d’un million de sans-abri.

Un ensemble d’activités, dont veillée de prière, groupes de discussion et messes commémoratives, ont été organisés à travers les comtés de Miami-Dade, Broward et Palm Beach, où les Haïtens résident en très grand nombre, pour marquer ces 37 secondes d’horreur de l’après-midi noir du mardi 12 janvier 2010.

Une veillée de prière en souvenir des victimes du séisme, suivie de la cérémonie d’inauguration d’une section de la 54 e rue rebaptisée officiellement “Father Gérard Jean-Juste Boulevard”, du nom d’un activiste communautaire très proche de l’ancien régime lavalas et fondateur du Centre des Réfugiés Haïtiens, décédé en mai 2009.

La veillée déroulée au coin de la 54e rue et North Miami Avenue a rassemblé plusieurs dizaines de personnes, dont un important nombre d’élus haitiano-américains. La veillée, parrainée par “Fanm Ayisyen Nan Miami “, un centre communautaire et d’autres organisations locales, a démarré peu après 5h30.

“Nous sommes réunis ici pour nous recueillir en mémoire des victimes du tremblement de terre, réitérer les appels et reddition de comptes en Haïti, et réclamer le traitement équitable pour nos frères et sœurs ici présents aux Etats-Unis”, a déclaré l’activiste Marleine Bastien, directrice du centre.

Après la coupure du ruban symbolique pour officialiser “Father Gérard Jean-Juste Boulevard “, bon nombre de participants ont ensuite fait un petit trajet à pied – de la 54 e rue pour arriver au pied du statut de Toussaint Louverture au coin de la 62e rue – où paradoxalement seulement quelques dizaines de personnes étaient au rendez-vous. Au nombre des politiciens et activistes présents, citons entre autres : le représentant du district 2 du comté de Miami-Dade, Jean Monestime, le maire André Pierre et les conseillers municipaux Jean Rodrigue Marcellus et Marie Erlande Stérile de la ville de North Miami ; les councilmen Philippe Derose et Frantz Pierre de North Miami Beach, les activistes Hans Mardy, Jean Robert Lafortune et Lucie Tondreau. Audrey M. Edmonson, représentante du district 3 du comté de Miami-Dade et la commissaire du district 5 de la ville de Miami, Michelle Spence-Jones, deux amies de longue date de la communauté haïtienne, prenaient également part à ces activités.

Dans la soirée, une messe commémorative concélébrée par le père Réginald Jean-Mary et six autres prêtes a lieu à l’église catholique Notre Dame d’Haïti, angle de la 2e Avenue nord-est et la 62 e rue toujours dans le quartier de Little Haiti.

Ce fut l’occasion pour le père Jean-Mary de souligner le symbolisme de cette date.

“Si nous commémorons chaque 1er janvier l’anniversaire de l’indépendance de notre pays Haïti, la date du 12 janvier doit nous rappeler que nous devons assumer notre responsabilité, en prenant en charge, de manière résolue notre présent en tant que citoyen pour assurer un avenir meilleur à nos enfants comme nos ancêtres qui avaient défendu des valeurs de liberté et de dignité pour nous léguer un pays libre. C’est pas possible qu’après 208 ans d’indépendance en tant que Première République Noire qu’une population vit dans des conditions aussi infra-inhumaines “, s’est indigné le prête.

Père Jean-Mary a aussi mis à l’index les responsables politiques du pays qui se sont enrichis, tout en se versant dans la mendicité et d’assistanat, sans se soucier des intêrets de la majorité.

” Cette tragédie doit nous conduire à nous interroger sur nos responsabilités historique envers cette terre qui nous a vue naître. Nous devons nous inspirer de la tragédie du 12 janvier pour rebâtir une autre société fondée sur le partage et le respect mutuel “, a-t-il ajouté.

Plus loin, le célébrant principal a ouvertement critiqué le comportement des leaders de la communauté haïtienne qui, à chaque occasion historique, ont préféré d’organiser chacun son “petit événement” au lieu de s’unir pour mettre sur pied un seul capable de rassembler une grande foule issue de tous les secteurs.

L’activiste chanteuse Farah Juste a galvanisé l’assistance avec sa chanson “Halleuyiah Pou Haïti” qui avait connu un grand succès à sa sortie en 1986. Une dizaine de jeunes (filles et garçons) ont ensuite interprété une belle chanson de circonstance pour récolter une chaude ovation de l’assistance. La chorale de l’église Notre Dame d’Haiti au grand complet, qui compte pas moins d’une trentaine de choristes, a d’un seul choeur animé aussi la messe commémorative.

Dans l’assistance, on notait la présence de nombreuses personnalités politiques parmi lesquelles le commissaire du district 2 du comté de Miami-Dade Jean Monestime, le maire Andre Pierre et le chef de police Marc Elias Jr. de North Miami, et plusieurs membres de la nouvelle équipe dirigeante du consulat d’Haïti à Miami.

Plusieurs participants aux cérémonies commémoratives ont exprimé leur frustration. Pour eux, les promesses de la reconstruction et d’accompagnement des victimes logés encore sous des tentes tardent à se concrétiser.

“Aucune avancée significative au niveau de la reconstruction n’a été observée jusqu’à présent. Des emplois n’ont pas été créés et aucun développement économique et social n’a été enregistré depuis deux ans. Les jeunes surtout sont impatients de trouver des emplois pour subvenir à leurs besoins “, a déploré Claudia Vital, une participante à la messe.

D’un autre côté, une table ronde a été organisée à Florida International University (FIU), à l’initiative de “The International Rescue Committee”, où un moment de silence a été observé dans la matinée. Le musicien-comédien Jencarlos Canelas, le nouvel ambassadeur d’Haïti aux Bahamas et ancien consul général d’Haïti à Miami, Ralph Latortue, étaient au nombre des intervenants.

Signalons que dans l’après-midi du vendredi 13 janvier, le sénateur démocrate de l’Etat de Floride Bill Nelson et sa collégue députée Frederica Wilson étaient les invités spéciaux à une autre table ronde organisée à ” Miami Edison Middle School “, Little Haiti, sur le processus de reconstruction, deux ans après le séisme. Etaient aussi présents comme panélistes : l’actuel ambassadeur américain en Haïti, Kenneth Merten, le coordonnateur spécial pour Haïti au département d’Etat américain, Thomas Adams, et l’administratrice-adjointe de l’USAID, l’ambassadrice Liliana Ayalde.

DF/Le Floridien

Mis à jour le 16 janvier 2012

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