Il y’a quelques semaines de cela, on apprenait avec consternation la disparition soudaine du Dr Paul Farmer, un grand ami d’Haïti qui a décidé sa vie à aider les citoyens les plus vulnérables, en leur permettant notamment d’accéder plus facilement à des soins de qualité. Le départ prématuré du Dr Farmer a surtout mis en lumière le vide abyssal qui prédomine dans notre système de santé. Aujourd’hui, au lieu de soigner les patients, nos hôpitaux sont devenus de véritables mouroirs.

La santé, un secteur négligé depuis toujours pas nos gouvernements
Aussi longtemps qu’on se souvienne, la santé n’a jamais été une priorité pour nos dirigeants. La plupart d’entre eux se sont attelés à monter des milices pour mater la population, à mettre sur pied un système de corruption sophistiqué pour détourner l’argent de l’État et s’enrichir, ou encore à mentir aux électeurs pour se faire élire avant de mettre leurs belles promesses à la poubelle. À aucun moment ils ne se sont préoccupés de la santé de leurs concitoyens. Résultat des courses, Haïti se retrouve aujourd’hui avec un système de santé défaillant qui n’est plus que l’ombre de lui-même.

Face à cela, l’hôpital n’est pas d’une grande aide. Souvent sous-équipé et avec un personnel peu motivé, l’hôpital haïtien n’arrive pas à assurer ce pour quoi il a été créé, à savoir soigner les gens. La principale cause à cela est une désorganisation structurelle qui affecte notre pays et qui empêche le secteur de la santé d’avoir les ressources nécessaires pour fonctionner correctement. En d’autres termes, en Haïti, si vous voulez vivre, il vaut mieux ne pas tomber malade. Aujourd’hui, l’espérance de vie est de 63 ans, soit la plus faible du continent américain. À titre de comparaison, nos voisins dominicains ont une espérance de vie de 70 ans. Une différence énorme qui explique que beaucoup d’Haïtiens choisissent de franchir la frontière pour se faire soigner dans de bonnes conditions au lieu de ‘risquer leur vie’ en allant à l’hôpital haïtien.

Femmes et enfants sont les premières victimes de notre système de santé

En temps de crise, c’est toujours les plus faibles qui trinquent en premier. En Haïti, face à l’effondrement de notre système de santé, les femmes et les enfants se retrouvent particulièrement affectés. Normal, diriez-vous, alors que notre pays compte seulement 23 médecins pour 100 000 habitants, là où Cuba en compte 830. Si la situation est difficile en ville, que dire de la campagne où la population est livrée à elle-même. Une femme qui accouche dans le monde rural a un risque de mortalité particulièrement élevé. Sur l’ensemble du pays, le taux de mortalité maternelle atteint des chiffres stratosphériques avec 359 décès pour 100 000 naissances. Ce chiffre classe Haïti à la 151ème position dans le monde, juste derrière Madagascar et devant le Togo.

Mal accompagnée par les structures de l’État, la femme haïtienne ne peut compter que sur ses proches et sur des sages-femmes formées sur le tas pour accoucher. En cas de complications, il est souvent trop tard pour acheminer la maman vers un centre de soin. Et même là, il n’est pas sûr que les choses se passent dans de bonnes conditions tant les moyens dont disposent nos hôpitaux sont dérisoires. Selon l’Organisation mondiale de la santé, l’OMS, seulement la moitié de la population a accès aux soins.

Pour remédier à ce problème, notre gouvernement a trouvé la solution. Au lieu de construire des hôpitaux et des dispensaires, il a préféré jouer avec les chiffres. Ainsi, lorsque toutes les organisations mondiales (ONU, MSF), estiment à 359 décès pour 100 000 naissances, le gouvernement rabaisse lui ce chiffre à 157, sans apporter aucune preuve ou rapport d’enquête pour soutenir ces statistiques. Contacté à plusieurs reprises par différents médias pour s’expliquer sur l’écart entre les chiffres haïtiens et ceux des organisations internationales, le ministère de la Santé publique et de la population (MSPP) n’a pas de réponse convaincante à apporter.

L’aide internationale, le dernier espoir pour les Haïtiens

Si nos politiciens semblent peu pressés de réformer le secteur de la santé, c’est principalement parce qu’ils ne se sentent pas concernés par la chose sur le plan individuel. En effet, lorsqu’un ministre ou un de ses proches tombent malades, il s’empresse d’acheter le premier billet d’avion pour se faire soigner dans les meilleurs hôpitaux de la sous-région : Cuba, République dominicaine, Colombie, ou encore la Floride pour les plus fortunés. Simple exemple. Lorsque l’ancien Président Jean-Bertrand Aristide a attrapé le Covid-19 l’été dernier, il a été immédiatement transféré à Cuba pour y recevoir des soins. Et le moins que l’o

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Contact Us

error: