MIAMI – Pendant près de 48 heures, les Haïtiens ont vécu l’incertitude, la consternation et l’affolement. Une rumeur persistante donnait le président Michel Joseph Martelly pour mort la nuit du dimanche 15 avril 2012. Elle a connu une propagation exponentielle la matinée du lundi 16 et a atteint son apogée dans la soirée.

Le téléphone mobile a fonctionné comme il ne l’avait été jusque-là depuis son entrée en Haïti. Tout comme Internet ou encore le bouche à oreille dans la diaspora. Tous les moyens de communication avaient été mis à contribution pour vérifier cette rumeur.

Tout était parti d’une première rumeur faisant état de l’évacuation en urgence du président vers Miami. “Rumeur née des conditions de l’état de santé du premier citoyen de la nation qui s’est dégradé”, dit-on. Certains annonçaient Michel Martelly dans le coma sur une table encore mort des suites d’une “embolie pulmonaire “.

“Il n’y a pas de fumée sans feu ; Un secret se trahit toujours par quelques indices ; Toute rumeur repose sur un fond de vérité”, dit-on. En effet, le Président Martelly a avoué qu’il a effectivement “frôlé la mort”, lors d’un entretien accordé à Alex Saint-Surin, présentateur de l’émission “Carrefour” sur la station Radio Mega, 1700 AM.

Le dirigeant haïtien qui doit boucler ce 14 mai sa première année de présidence, était arrivé à la station de North Miami Beach, en compagnie de son épouse Sophia Saint-Remy Martelly sous une forte escorte de sécurité. Plusieurs membres du personnel de la station ont été contraints par les agents du Secret service à quitter temporairement leur lieu de travail, le temps de la présence du chef de l’Etat dans l’enceinte du bâtiment.

Martelly, a déclaré : “c’est par la grâce de Dieu qu’il est vivant “. “Je suis passé tout près de la mort, mais Dieu m’a épargné ” , a témoigné le successeur de René Preval sur les ondes de Radio Mega l’après-midi du mercredi 25 avril 2012.

M. Martelly qui s’est dit maintenant remis à 99.9 %, a affirmé qu’il regardait la mort en face à un certain moment et qu’il était près à faire le Grand Voyage vers l’Au-delà.

“J’étais à bout de souffle et je ne pouvais pas reprendre ma respiration. Je ne pouvais pas parler, je ne pouvais pas manger, je ne pouvais pas bouger, je ne pouvais plus supporter cette douleur atroce, je ne pouvais rien faire.. Alors là je me suis dit, c’est mieux de m’en aller “, a raconté le président. Et d’ajouter : “J’avais de fortes douleurs à l’estomac… qui était dans un état de compression. C’était comme si trois personnes appuyaient dessus “.

” Frôler la mort aide à comprendre que seul l’amour justifie la vie … “, a commenté un peu plus loin le dirigeant haïtien.

C’était la première apparition publique de Martelly depuis qu’il ait été évacué en urgence vers Miami où il a été immédiatement hospitalisé suite à une complication post-opératoire, après une chirurgie de l’épaule au début du mois.

Bien avant d’être transféré en urgence à l’hôpital de l’Université de Miami (UM Hospital), où il y était admis pendant deux jours, le président avait une équipe de six médecins qui veillait sur lui en sa résidence privée la nuit du dimanche 15 au lundi 16 avril. Martelly a quitté l’hôpital le 18 Avril.

” Nous avions pensé à une “embolie pulmonaire” relevée d’un diagnostic non confirmé en Haïti. Mais en arrivant à Miami, le scanner nous a plutôt indiqué ce que nous appelons “un infarctus pulmonaire”, moins dangereux qui a provoqué les douleurs chez le président”, a précisé pour sa part Dr. Reginald Pereira qui l’a rejoint au cours de cet entretien. Le médecin a confirmé que l’état de santé du président est désormais stable. Toutefois, il attendait des tests supplémentaires avant d’autoriser le chef de l’Etat à retourner en Haïti.

” J’attends seulement les dernières consignes de mon équipe médicale avant de prendre l’avion pour Haïti. Car désormais, je ne peux pas voyager dans n’importe quelles conditions dans la mesure où le problème que j’ai eu, a à voir avec l’altitude “, avait fait savoir M. Martelly, saluant avec beaucoup de fierté au passage toute cette équipe médicale (exclusivement haïtienne) qui l’avait pris en charge en Haïti et à Miami.

Le dirigeant haïtien a admis que le vol était un risque mortel, mais il ne savait pas de quoi il souffrait exactement jusqu’à ce que les médecins lui ont diagnostiqué. Il a aussi affirmé avoir craint une complication sanitaire due à une embolie pulmonaire, ou un caillot de sang dans les poumons.

L’entretien du président de la république accordé à son ami journaliste Alex Saint-Surin sur les ondes de Radio Mega visait à mettre fin aux rumeurs persistantes qui lui donnèrent pour mort à un certain moment et rassurer également la population haïtienne.

” Personne ne sait dans quel hôpital le président se trouve, de quoi il souffre “, avait déclaré le président du Sénat Simon Dieuseul Desras. ” Il existe un vide. Personne ne sait qui dirige le pays “, avait-il soutenu.

Au cours de son intervention, le président Martelly s’est décerné un satisfecit pour son action à la tête du pays durant sa première année de présidence, tout en énumérant ses multiples réalisations.

M. Martelly a salué les membres du gouvernement démissionnaire et le peuple haïtien. Il a indiqué que le pays n’allait pas mourir en raison de son absence. Car, croit-il, : ” Il existe de nombreux citoyens en Haïti qui entendent marcher dans la logique de son rêve pour Haïti, celui du bonheur du peuple haïtien “.

Le premier citoyen de la nation a insisté sur le fait qu’il gardait le contrôle de la situation en Haïti, malgré sa maladie.

Martelly est retourné en Haïti le lundi 30 avril, en compagnie de son épouse Sophia Saint-Remy Martelly et de son Premier ministre désigné, Laurent Lamothe, après ce séjour médical de deux semaines en Floride.

Le chef de l’Etat a été accueilli à son arrivée à l’aéroport international Toussaint Louverture par les membres du gouvernement démissionnaire et plusieurs parlementaires, dont les sénateurs Stevens Benoit et Jocelerme Privert. Martelly a exprimé sa joie de retrouver la terre natale, remercié tous ceux qui lui ont témoigné leur sympathie et appelé à l’unité nationale, lors d’un bref point de presse auquel ont assisté les journalistes sans pouvoir poser de questions.

Entouré notamment de son épouse Sophia Saint-Rémy, des présidents du Sénat, Dieuseul Simon Desras et de la Cour de cassation, Me Anel Alexis Joseph, Martelly a invité le Parlement à mener jusqu’au bout le processus de ratification du choix de Laurent Lamothe, afin d’éviter, dit-il, une ” catastrophe ” qui pourrait être fatale pour tous.

Affirmant qu’il était totalement rétabli de sa maladie, Michel Martelly, à la veille de la journée mondiale de liberté de la presse, le 3 mai (jeudi), a aussi exhorté les médias à jouer pleinement leur partition dans le processus de construction d’une “Haïti nouvelle” à travers l’information, mais aussi la formation et la conscientisation de la population.

Outre les membres du cabinet ministériel, des parlementaires et le président de la Cour de cassation, quelques centaines de partisans du Président étaient venus aussi l’accueillir à l’aéroport au rythme de bandes de rara. Le grand absent sur le tamac de l’aéroport était le Premier ministre démissionnaire, Dr. Garry Conille.

Le Floridien

Mis à jour le 2 mai 2012

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