La dernière passation de pouvoir entre le maire sortant Smith Joseph et son successeur Philippe Bien-Aimé n’a pas cessé de faire parler d’elle. Pour rappel, M. Joseph n’avait pas daigné se présenter à la cérémonie qui avait lieu le 28 mai dernier à l’auditorium de North Miami Senior High School. Une absence remarquée qui a provoqué stupeur et incompréhension parmi les convives présents sur place. Le journal Le Floridien, fidèle à sa ligne de conduite impartiale, a rapporté les faits constatés en disant tout haut ce que tout le monde pensait tout bas. Une franchise qui semble-t-il n’a pas été du goût de tout le monde, puisque de mauvaises langues ont blâmé le journal en l’accusant de favoritisme envers le nouveau maire au détriment du maire sortant. Pourtant, les nombreux appels téléphoniques reçus de nos chers lecteurs nous confortent dans l’idée que Le Floridien a eu raison de désapprouver le geste inapproprié de M. Joseph. C’est donc nous faire un faux procès que de dire que notre dernier éditorial a été inéquitable dans sa manière de couvrir l’événement. La majorité des personnes présentes sur place cet après-midi-là ont par ailleurs été unanimes pour désavouer l’ex-maire de North Miami. Tous ont réprouvé une non-présence qui fut considérée comme un manque flagrant de fairplay politique. Il n’en fallait pas plus pour que quelques affidés de M. Joseph répliquent en incriminant Le Floridien en lui reprochant de dire… la vérité ! Le journal est ainsi devenu le bouc émissaire idéal pour une frange déloyale qui cherche à accentuer les dissensions par tous les moyens.

Pour répondre à ces critiques gratuites et sans fondement, une mise au point s’impose. Tout d’abord, il est bon de rappeler que depuis sa création, notre journal a fait le choix d’avoir une ligne éditoriale qui soit transparente, neutre et impartiale. Notre philosophie est de ne jamais privilégier un courant politique au détriment d’un autre. Après presque deux décennies d’existence, on peut dire que Le Floridien est arrivé à maturité en tant qu’organe de presse dédié à la communauté haïtienne établie en Floride. Notre objectif principal reste d’informer nos lecteurs de manière objective en couvrant tous les sujets qui les préoccupent, sans tabou ni langue de bois. À ce titre, on peut affirmer en toute modestie que la fidélité et la considération de nos lecteurs ne sont pas le fruit du hasard, mais plutôt le résultat d’un contrat de confiance qui nous lie à eux. Et cette confiance placée en nous n’a pas de prix et n’est pas à vendre. Renoncer à cette règle serait non seulement contraire à la déontologie, mais surtout incompatible avec nos valeurs et notre vision du journalisme. Notre meilleure récompense reste la reconnaissance de nos lecteurs, sachant que ce bimensuel est aussi le leur. Les marques de soutien que nous recevons au quotidien et l’appui indéfectible des inconditionnels du journal ne font que renforcer notre détermination à ne pas céder face aux pressions extérieures. Le Floridien entend donc garder jalousement son indépendance et ne jamais renier ses principes de base. Il en va de sa crédibilité.

Pour revenir aux dénigrements de certains à la suite de la publication de notre dernier éditorial, rappelons pour ceux qui ont la mémoire courte que Le Floridien n’a épargné aucun responsable politique ayant pris des décisions qui allaient à l’encontre des intérêts de la communauté haïtienne de Floride. Nos archives faisant foi, on n’a ainsi pas hésité à critiquer l’attitude anti-haïtienne du maire entrant Philippe Bien-Aimé (Councilman du district 3 d’alors) lorsqu’il a préféré appuyer la candidature d’un afro-américain (l’actuel manager de la ville Larry M. Spring, Jr) contre une compatriote (Marie Paule Woodson) pourtant compétente et qui avait toutes les qualités requises pour le poste de City Manager. Venir aujourd’hui dire que Le Floridien est sous l’influence du nouveau maire Bien-Aimé est une pure contrevérité qui n’a pas lieu d’être.

Tresser les lauriers de nos responsables locaux et faire du journal leur vitrine de propagande n’est pas la marque de fabrique de la maison. Et c’est sans doute pour cette raison que certains de ces responsables – pas tous heureusement! – ont pris en grippe Le Floridien qui met souvent le doigt là où ça fait mal. Il n’est pas rare d’ailleurs qu’ils aient recours à des méthodes peu orthodoxes venues d’un autre âge pour essayer de faire taire le journal, comme lorsqu’ils ont fait disparaître le stock de la publication – l’édition du 1er 2016 dans laquelle est publié l’article dénnonçant l’attitude anti-haitienne des conseillers municipaux Philippe Bien-Aimé et Alix Desulme – placé à l’entrée de la mairie afin que personne ne puisse la lire. Ce qu’ils préfèrent avant tout, c’est d’avoir sous la main des médias dociles qui leur chantent des louanges et mettent en sourdine toute critique ou remarque.

Nous ne sommes pourtant pas là pour porter des jugements sans fondement sur tel ou tel, mais pour rapporter des faits authentiques préalablement passés au crible. Nous mettons un point d’honneur à toujours vérifier la véracité et l’exactitude de nos informations en recoupant les témoignages de différentes sources. Il faut avouer que la tâche est loin d’être toujours aisée, surtout lorsque des vérités dérangeantes viennent heurter la sensibilité de certaines personnalités publiques. Si on prend le cas de M. Joseph durant ses deux mandats, on peut dire qu’il a fait de bons choix dans certains domaines, et de mauvais choix dans d’autres. Notre rôle à nous n’est pas de le dénigrer gratuitement, mais plutôt de l’aider dans sa tâche en faisant avancer le débat et en relayant les doléances de nos concitoyens. Lorsque l’ex-maire Dr. Smith Joseph ne se rend pas à la cérémonie de passation de pouvoir, cela constitue une sérieuse ‘’anomalie protocolaire’’ qui ne peut être passée sous silence. S’il a des arguments valables pour justifier son absence, il dispose de plusieurs canaux de communication pour les mettre en avant. Le journal Le Floridien lui offre même s’il le désire la possibilité de publier un droit de réponse afin qu’il puisse expliquer l’inexplicable !

Quant au nouveau maire Philippe Bien-Aimé, il est prévenu et sait désormais que la population va scruter sa gestion de la chose publique à la loupe et le jugera sur pièces. Nous lui souhaitons tout de même bonne chance et espérons qu’il ne commettra pas les mêmes erreurs que ses prédécesseurs. Vivement aussi que nos responsables comprennent une bonne fois pour toutes que les médias en général et la presse écrite en particulier doivent garder leur indépendance pour qu’ils puissent jouer pleinement leur rôle de contre-pouvoir. C’est la seule façon d’éviter certaines dérives qui continuent malheureusement à pourrir la vie politique locale. Le Floridien a, depuis sa première parution, pris le pari risqué financièrement mais courageux éthiquement de ne pas céder aux influences extérieures, quelles qu’elles soient. Au vu de sa popularité et de la fidélité de ses lecteurs après 19 ans d’existence, on peut dire que le pari est réussi. Et ça, c’est notre meilleure récompense.

Dessalines FERDINAND

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