Où va Haïti ?

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Rien ne va dans notre pays en ce moment ! L’économie est à terre, les infrastructures de base inexistantes, le système d’éducation tout comme celui de la santé sont défaillants, la corruption est partout et l’insécurité ne cesse de s’aggraver de jour en jour. Cela fait des mois qu’on n’a plus de gouvernement légitime pour nous représenter et défendre nos intérêts. Autant dire que nous naviguons à l’aveuglette. Même notre équipe nationale de football, qui un temps faisait oublier aux Haïtiens leur quotidien difficile, est en crise. Aujourd’hui, Haïti est un pays sous perfusion !

Trump disait dans son dernier discours aux Nations-Unies que l’avenir appartient aux patriotes. En Haïti, plus qu’ailleurs, on a besoin de super-patriotes. De dirigeants qui aiment jalousement leur pays et le servent en le défendant corps et âme. Jovenel, Lapin et consorts ne font pas partie de cette trempe. Ils l’ont prouvé par leur inaction criminelle combinée à leur incompétence manifeste. D’ailleurs, c’est toute la classe politique actuelle qui brille par sa nullité. La population est sous la tutelle d’un système mafieux qui a fait du clientélisme et de l’affairisme son credo. Nous évoluons dans une hypocrisie politique généralisée où les promesses fusent de toutes parts, alors que sur le terrain, le manque d’action, de courage et d’initiatives est flagrant. La corruption a depuis longtemps quitté la sphère anecdotique pour devenir un véritable enjeu économique. Le rififi observé récemment au Sénat montre le niveau de médiocrité de nos élus. Nos institutions se sont transformées en une usine à gaz incapable de produire une classe dirigeante digne de ce pays.

Les Haïtiens se posent aujourd’hui tous les mêmes questions : où allons-nous ? Combien de temps encore tout ce cirque va-t-il perdurer ? Quelle alternative pour remplacer ces parasites opportunistes qui ont fait main basse sur les richesses de notre pays et on condamné l’avenir de nos enfants ? Haïti a plus que jamais besoin d’un électrochoc institutionnel. La crise politique que nous vivons actuellement montre que notre modèle de gouvernance a atteint ses limites et doit être revu de fond en comble. Il n’est nullement utile d’avoir une boule de cristal pour deviner que nous irons droit au mur si nous continuons sur la même voie. La population a perdu confiance dans sa classe politique, toutes tendances confondues. Or, comme chacun sait, la confiance ne se donne pas, elle se mérite.

L’homme haïtien a depuis toujours été digne et fier. Il l’a montré par le passé et continue à le prouver encore aujourd’hui. L’homme haïtien n’est pas du genre à mendier pour avoir son pain, et il n’entend certainement pas quémander les droits qui lui sont dus. Les criminels, ce ne sont pas ceux qui dressent les barricades dans les rues pour se faire entendre, mais plutôt les décideurs qui laissent tout un pays mourir de faim sans bouger le petit doigt. L’ascenseur social est en panne et les inégalités se creusent de plus en plus. Une poignée de privilégiés regarde le reste de la population croupir dans la misère sans manifester la moindre empathie. Aujourd’hui, avoir du talent et être bardé de diplômes ne vous garantit pas un emploi. C’est le favoritisme avec ses réseaux de copinages qui priment. Vous avez beau avoir un CV aussi long que le fleuve de l’Artibonite, ‘le fils de’ passera toujours avant vous pour décrocher le poste.

Tout le monde parle de réformes, mais personne ne s’avance pour donner un plan d’action précis avec des objectifs quantifiables. La classe politique dans son ensemble a perdu toute crédibilité et ne semble avoir aucune légitimité auprès du peuple. L’assaut du Sénat par les manifestants, même s’il a été orchestré par l’opposition, est un signal fort qui montre que les Haïtiens veulent se réapproprier leur pays et ne plus le laisser entre les mains de voyous en costume-cravate. Nous sommes à l’aube d’une prise de conscience collective sur la nécessité de changements radicaux, notamment au niveau des hautes sphères de l’État. Le temps où les candidats aux élections faisaient dans la surenchère de promesses est fini. Jovenel est en train d’en faire l’amère expérience, lui qui s’était engagé à donner à manger et de l’argent à tous les Haïtiens. Après 2 ans et demi à la tête du pays, la situation a même empiré. Quoi de plus normal dès lors que de voir le peuple sortir dans la rue pour exiger sa démission ?

Ce qui est sûr, c’est que les jours de l’actuel Président sont comptés puisque le jeu de dupes s’est inversé. Au mieux, il finira son mandat dans une cohabitation stérile, au pire, la pression de la rue sera telle qu’il n’aura d’autre choix que de fuir le palais dans lequel il s’est réfugié depuis le début de la crise. L’opposition a aussi du souci à se faire, car la population la loge dans la même enseigne et ne lui accorde aucune confiance. Le peuple haïtien avait le choix entre la révolte et la soumission. Or, comme le grand Napoléon l’a appris à ses dépens, l’homme haïtien ne se soumet jamais !

Dessalines Ferdinand /LE FLORIDIEN

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