Quand théâtre et musique font bon ménage

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NORTH MIAMI – Kenol Joachim, mieux connu sous le nom de “Coach Kenol”, était à l’initiative d’une belle soirée musico-théâtrale organisée le dimanche 25 décembre (jour de Noël) à l’auditorium de l’école secondaire North Miami Senior High, à North Miami. Cet événement qui a vaincu un peu la monotonie était assuré par plusieurs artistes solistes, les membres de “Ariol Music School” et les acteurs de la troupe de theâtre “Zafè PaNou”, lesquels ont joué leur nouvelle pièce intitulée “Rann Sèvis Mennen Chagrin “.

Si tous les sièges de l’auditorium n’étaient pas remplis, cependant un public raisonnable avait fait le déplacement pour assister à l’événement. Sous la houlette d’un Maître de Cérémonie impeccable dans son rôle, le comédien Ricardo Lefèvre, mieux connu sous le nom de “Piwouli”, la soirée débutée peu après 8hr s’est poursuivie jusqu’à 10hr 45 du soir.

En ouverture, la jeune chanteuse Johanna Jean Baptiste a séduit l’assistance par son talent dans deux superbes interprétations de chansons américaines. Les cinq membres du groupe “Ariol Music School” ont ensuite apporté leur merveilleuse contribution à la soirée. D’une voix angélique, la fillette Yannie Devardine Forest (au piano et au chant ) a superbement interprété un pot-pourri d’airs de Noël chaleureusement applaudi par les spectateurs.

Puis, ce fut le tour de la sœur Philomène qui, dans l’espace d’une quinzaine de minutes, a animé l’assistance avec deux pièces évangéliques, tout en dialoguant avec le public, rappelant au passage ses origines vodouesques. L’artiste née de nouveau, s’est montrée reconnaissante pour chanter ce soir là les bienfaits de Dieu en sa faveur, invitant du même coup les membres de l’assistance encore dans le ‘noir’ à se placer sur le chemin de la repentance.

8hr 15, vint le tour du populaire chanteur Jean Claude Guillaume, très connu dans le milieu pour ses pièces à succès. Vêtu élégamment dans un costume noir, le public a eu droit à une belle prestation de ce chanteur qui a interprété deux belles chansons de son répertoire. Guillaume a professionnellement délivré sa marchandise, avouons-le.

Puis, 20 minutes plus tard, arrivait sur scène l’artiste évangélique Josué Innocent (non figuré au départ dans le lineup). Deux belles interprétations de ce chanteur suffisaient pour marquer sa présence à cet événement. “Combien faut-il de temps pour bâtir un amour”, une adaptation signée Alain Morisod et Sweet People, et “Mwen pa pè”, tirée de son répertoire, ont plu au public qui l’a chaudement ovationné en finale.

Il faut dire que l’événement n’est pas déroulé sans faille. Le chanteur évangélique Julien Janvier, pourtant annoncé comme une des têtes d’affiche, a malheureusement raté sa prestation. Devant un public plus exigeant, sa performance aurait été vécue comme la plus pire de la soirée. Un peu chanceux, le public bon enfant l’accompagnait dans la cacophonie totale qu’il a créée dans la salle, l’air tout de même un peu embarassé à un certain moment. Janvier a fait preuve d’un manque de professionnalisme évident en tentant de sélectionner sur le vif un morceau à interpréter en playback. Il était entré en collision pendant de longues minutes avec l’opérateur chargé de faire tourner le morceau en question. Janvier est sorti par la petite porte.

Un artiste du nom de scène “Tchen Tchen” a clôturé vers 9hr 05 la partie musicale avec une interprétation du légendaire Joe Jacques. Cet invité de dernière minute a tout de même surpris l’assistance. Sa courte performance a récolté une belle ovation. Un peu fier de sa victoire face à ses détracteurs, l’artiste n’abandonna pas la scène sans lancer une “flèche” aux membres de l’équipe organisatrice qui, semble-t-il, se montraient un peu réticents à sa participation. “Sa se pou mounn ki di Tchen Tchen pa konn chante yo !” a-t-il lancé à sa sortie de la grande scène.

Composée entre autres de Smith Cassamajor, Marie Alma Joseph [Maguerite], Donald Jean [Felicier], Wilson Edouard [Nan Ranyon ] président de la troupe, Josue Francois [ Jonfèy ], Serge Patrick Joseph [Mèt Kay], Ezeline Joseph [ Ti Magguy ] et Ti Joe, c’est vers 21h15 que les acteurs de la troupe Zafè Panou arrivent sur scène.

L’histoire

Rann Sèvis Mennen Chagrin [à vouloir faire le bien, on fait souvent le mal]. Le couple Marguerite et Félicier cherche l’aide d’un ami pour assurer l’éducation de leurs deux enfants, Ti Magguy et Ti Joe. Josue Francois alias Jonfèy, un acteur de petite taille à qui le couple avait confié ses projénitures dans un premier temps, a été remercié. Jonfèy a été surpris par les parents en train de donner une de leçon de dévergondée danse aux enfants. Plus tard, Marguerite et Félicier ont fait appel à un autre ami de la famille. Il s’agit de Wilson Edouard [alias Nan Ranyon ]. Celui-ci ne plaisante pas. Il promet d’agir avec fermeté contre Ti Magguy et Ti Joe.

Les deux enfants qui avaient pris goût des premiers exercises de danse de Jonfèy, invitèrent trois de leurs petits amis à venir se déhancher chez eux en l’absence de leur superviseur. De retour sur les lieux, mécontent du comportement des enfants, Nan Ranyon a réagi avec violence contre ces derniers, particulièrement Ti Joe. Dans une course poursuite contre le petit garçon qui s’est précipité vers la sortie, l’enfant s’est heurté la tête contre un mur. Ti Joe s’est blessé, et s’est ouvert le front sur quelques centimètres. Ayant pris connaissance de cette blessure, les responsables de son établissement scolaire ont alerté la police qui avait fini par appréhender Nan Rayon après plusieurs jours en cavale.

Conclusion

Nan Ranyon qui voulait aider le couple Maguerite et Félicier à assurer la bonne éducation de leurs enfants (Ti Magguy et Ti Joe) a été incarcéré pendant plusieurs mois [pour violence contre un mineur]. Nan Rayon a été lui-même victime des actes de violence pendant son incarcération dans une prison de Miami-Dade où il s’est fait arraché une oreille par d’autres prisonniers.

Rann Sèvis Mennen Chagrin est une pièce qui met en relief les risques que courent les parents haïtiens qui mettent en application les méthodes dures uti-lisées habituellement en terre natale pour tenter de corriger leurs enfants ici aux Etats-Unis. Ce théâtre-réalité confronte les parents haïtiens aux nouvelles coutumes auxquelles ils doivent s’adapter sur cette terre d’adoption. À travers cette pièce qui renoue avec les origines du théâtre, c’est un ensemble de codes et de nouvelles coutumes adaptées qui apparaissent pour faire réfléchir le spectateur sur les différences existantes entre la terre natale (Haiti) et cette terre d’accueil (USA) de la perception comment élever ses enfants sans les frapper.

Coach Kenol, qui prend les rênes du management de la troupe de theâtre Zafè PaNou depuis quelques mois dans le but de la donner plus de visibilité, se dit fier d’avoir organisé une affiche sortant de l’ordinaire. Cette soirée de convivialité fut un vrai bonheur pour les fans de la bonne musique et de l’art theâtral. Pour ceux qui n’ont pas eu la chance de faire le déplacement cette soirée du dimanche 25 décembre, Kénol Joachim, principal responsable de la société Coach Kénol Productions, organisatrice de l’événement, annonce déjà pour bientôt d’autres prestations de la troupe Zafè Panou à travers le comté de Miami-Dade.

DF/Le Floridien

Mis à jour le 26 décembre 2011

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