San Juan, Porto Rico (Le Floridien) – Dans une escalade sans précédent des mesures anti-immigration, l’administration de Donald Trump a intensifié sa politique d’expulsion en déployant des agents de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE) sur le territoire de Porto Rico. Leur mission : traquer, arrêter et expulser les Dominicains en situation irrégulière installés sur l’île américaine, dans une opération rappelant les vagues de déportation massives déjà en cours sur le sol continental des États-Unis.
Porto Rico, longtemps perçu comme une porte d’entrée discrète vers les États-Unis, est désormais au cœur des opérations de contrôle migratoire musclé. L’ICE, renforcé par des unités locales de la police portoricaine, mène des descentes dans les quartiers à forte concentration dominicaine, effectuant des arrestations ciblées et des expulsions accélérées vers la République dominicaine.
Selon des sources proches du dossier, ces opérations s’inscrivent dans la continuité des politiques migratoires ultra-restrictives de l’ère Trump, visant à éliminer les flux migratoires clandestins et à dissuader les nouveaux arrivants de tenter la traversée périlleuse depuis Saint-Domingue ou via d’autres routes maritimes.
Une communauté sous tension et en détresse
Cette offensive a semé la panique au sein de la communauté dominicaine de Porto Rico, où de nombreux migrants vivent depuis des années dans une situation précaire, contribuant à l’économie locale dans des secteurs comme la construction, l’agriculture et les services. Plusieurs organisations de défense des droits des migrants dénoncent une chasse à l’homme brutale, accusant l’administration Trump de criminaliser une population vulnérable au lieu de chercher des solutions humanitaires et légales.
L’opération a eu lieu à Barrio Obrero, à San Juan, une zone clé pour la communauté dominicaine sur l’île, un territoire des États-Unis. Des témoignages poignants font état de séparations familiales déchirantes, de déportations expéditives sans véritable procédure juridique, et d’une intensification des contrôles policiers dans les zones où vivent les travailleurs immigrés dominicains.
Avec le déploiement d’agents de l’ICE à Porto Rico, Washington envoie un message clair : aucun territoire américain n’échappera à l’application stricte des lois migratoires sous l’ère Trump. Ce développement soulève toutefois des questions humanitaires et politiques, alors que Porto Rico, territoire américain sous statut spécial, est lui-même confronté à des défis économiques majeurs et dépend en partie de la main-d’œuvre immigrée pour relancer son économie post-ouragan Maria.
Expulsion massive : 86 Dominicains rapatriés des États-Unis
Pendant que l’ICE intensifie ses opérations à Porto Rico, les autorités américaines poursuivent également les expulsions massives depuis le territoire continental.
Sous haute surveillance, 86 ressortissants dominicains en situation irrégulière aux États-Unis ont été rapatriés ce lundi par les autorités américaines. L’opération, supervisée par l’ICE, s’est déroulée via un vol en provenance de Louisiane, qui a atterri à 11h19 à l’aéroport international Las Américas. Ce nouveau renvoi de migrants s’inscrit dans le cadre des mesures de contrôle renforcées mises en place par Washington pour endiguer l’immigration clandestine.
Dès leur arrivée, les rapatriés ont été pris en charge par la Direction générale des migrations (DGM) et escortés sous haute sécurité vers le Centre de rétention de Haina, à San Cristóbal, pour un processus de vérification et de réintégration. Certains d’entre eux faisaient face à des poursuites judiciaires aux États-Unis, notamment pour infractions aux lois migratoires et crimes fédéraux.
Selon les estimations, entre 250 000 et 300 000 Dominicains auraient traversé clandestinement la frontière américano-mexicaine ces dernières années, traduisant une crise migratoire persistante alimentée par des facteurs économiques, sociaux et politiques. Face au durcissement des contrôles aux États-Unis et même sur le sol portoricain, les autorités dominicaines doivent désormais faire face aux défis de la réinsertion de milliers de rapatriés dans un pays où les opportunités économiques restent limitées.
